Au terme d’une course écrasée par les Norvégiennes, Marit Bjoergen a assis sa domination sur ses Jeux olympiques en s’offrant une troisième couronne olympique à Sochi. Elle devance ses compatriotes Therese Johaug et Kristin Stoermer Steira pour un podium 100 % norvégien.
Ce n’est plus une révérence qu’il conviendrait de faire à Marit Bjoergen mais une haie d’honneur où chacun courberait l’échine au point de finir à genoux dans une déférence et un respect absolu pour celle qui n’est plus une simple skieuse norvégienne mais une reine des neiges, la reine du ski de fond et l’une des très grandes dames de ces Jeux olympiques aux côtés des non moins grandioses Darya Domracheva (3 médailles d’or) et Tina Maze (2 médailles d’or), souveraines en leurs royaumes gelés.
Cette couronne, cette allégeance, Marit Bjoergen est allée les conquérir au bout d’une course fabuleuse de maîtrise et d’intelligence. Isolée depuis de nombreux kilomètres en tête avec ses compatriotes Therese Johaug et Kristin Stoermer Steira, la vice-championne du monde en titre du 30 km libre a attendu la fin du parcours pour faire la décision.
Dans la dernière montée, les trois fondeuses sont côte-à-côte quand Therese Johaug lance l’explication finale. La championne du monde d’Oslo durcit le ton. C’en est fini pour Steira mais il en faut plus pour réduire au silence et tenir en respect Bjoergen. A 33 ans, la fille de Trondheim tient tête à sa cadette (25 ans) et répond avec autorité. Se déportant sur la droite, elle place un contre assassin à l’image de ces champions cyclistes suçant la roue de l’attaquant avant de porter l’estocade quand ce dernier plafonne. L’attaque est sèche, puissante et décisive. Là même où Dario Cologna avait construit sa victoire lors du skiathlon en début de Jeux olympiques. Johaug ne reviendra pas malgré une dernière relance dans le stade, inoffensive face à la puissance et la maestria de Bjoergen. A son passage sur la ligne, cette dernière laisse échapper un cri violent puis sourit. A 33 ans, la triple vainqueur du classement général de la coupe du monde s’adjuge sa troisième médaille d’or à Sochi et la 10e de sa collection olympique (6 or, 3 argent et 1 bronze).
Le train norvégien n’attend pas
Ce triomphe de Marit Bjoergen est avant tout celui d’une nation qui a écrasé de toute sa puissance et sa grandeur ce 30 km libre : la Norvège. Touchée dans son orgueil par ses revers dans les épreuves par équipe et le 15 km classique, l’ogresse des pistes a déchaîné son courroux. D’entrée, les dossards 1 et 2 de Johaug et Bjoergen se positionnaient en tête de peloton. Et les deux championnes n’étaient pas là pour jouer à la dinette ou prendre le thé à l’abri des chutes éventuelles d’un peloton toujours nerveux. Non, elles étaient là pour faire vivre un enfer aux autres filles.
Un enfer promis en équipe parce que si Charlotte Kalla s’est glissé en 3e position, suivaient derrière Heidi Weng et Steira. Comme une formation du Tour de France ayant décidé de prendre la course à son compte, les Norvégiennes embrayent et commencent l’écrémage. Le peloton compact s’étire encore et encore avant de finir par se disloquer. Après 10 km, le travail de sape paye et elles ne sont plus que trois, Johaug et Bjoergen forcément mais aussi Steira. Derrières, toutes les rivales ont sauté, éparpillées sur la piste comme les feuilles d’automne charriées par le vent. Pas en forme, la championne olympique polonaise du 10 km classique et tenante du titre du 30 km Justyna Kowalczyk a mis le clignotant, quand la Suédoise Charlotte Kalla a vécu un calvaire (elle finira 34e à 5’13’’, ndlr). Sans jamais faiblir, les trois Norvégiennes creusent irrémédiablement l’écart, l’accentuant même un peu plus à chaque coup de bâton. L’illustration de la force collective d’une nation que l’on avait cru perdue voilà une semaine quand ses skis collaient à la mauvaise neige russe. La suite on la connaît avec l’avènement de l’irrésistible brune de 33 ans.
A Sochi, Marit Bjoergen réalise son second triplé olympique après celui de Vancouver et assoie un peu plus son statut de légende du ski de fond. Le courroux de la reine des neiges a été terrible.
Les résultats complets