Armée de Champions : les athlètes de l’Armée de Champions défilent ce vendredi matin à Paris
Ce vendredi 14 juillet, et pour la première fois depuis dix ans, les athlètes de l’Armée de Champions vont défiler sur les mythiques Champs-Élysées à l’occasion de la fête nationale. Une célébration bien préparée en coulisses que le lieutenant-colonel Hervé, commandant de l’École Interarmées des Sports et du bataillon de Joinville (Seine-et-Marne), évoque au micro de Nordic Magazine.
- Qu’est-ce que cela représente pour vous d’être présents sur les Champs-Élysées ce 14 juillet ?
C’est une très bonne nouvelle que l’on soit mis à l’honneur avec les sportifs de haut niveau de la Défense qui sont tous sous contrat avec les Armées. Nous sommes très heureux et honorés de participer à nouveau au défilé du 14 Juillet. Le thème de cette année est « Nos forces morales ». Cela tombe bien car nos athlètes sont des personnes qui mettent toute leur énergie tout au long de l’année pour obtenir des médailles et pour faire briller la France lors des compétitions.
- Comment ce thème est-il défini ?
Ce thème est défini au niveau des Armées. Le président de la République a décidé de ce thème cette année sans doute pour faire un lien avec ce qu’il se passe à l’international. La force morale, c’est être en mesure de se dépasser pour quelque chose de plus grand qu’est la Nation, le drapeau bleu blanc rouge. À ce titre, le bataillon de Joinville est une organisation militaire un peu « idoine » car il regroupe tous les sportifs de haut niveau de la Défense pour qu’ils se préparent aux Jeux olympiques.
- Pouvez-vous expliquer l’absence des sportifs du défilé depuis dix ans ?
Je pense que c’est dû au thème. Vous avez des thèmes de 14 Juillet qui tournent avec une nation invitée. Cette année, c’est l’Inde car il y a un partenariat stratégique avec eux. Chaque année, il y a donc un thème et une mise en avant qui peut être historique, d’une partie de l’Armée, d’une des Armées… On s’était dit que ce serait le thème Jeux olympique mais non. Ce dernier était celui de l’an dernier [c’est pour cette raison que certains militaires avaient défilé en 2022 à l’exemple d’Anaïs Bescond, NDLR]. Pour le thème « force morale », nos athlètes y sont tout à fait investis.
- En quoi ce défilé du 14 Juillet est-il important pour vous ?
C’est important car c’est un dispositif qui date de 1960 et qui a été mis en place après que la France n’ait eu que très peu de médailles aux Jeux olympiques de Rome. Le général de Gaulle, président de la République, qui avait été caricaturé à l’époque dans Le Figaro en tenue de sport, a regardé ce que faisait les autres armées et il a vu que le dispositif militaire permettait à des athlètes de vivre, mais aussi de s’entraîner. À l’heure actuelle, vous avez encore des sportifs qui ont des difficultés à joindre les deux bouts. C’est une idée qui est revenue sur le devant de la scène avec les exploits de Marie-José Pérec aux Jeux d’Atlanta en 1996. Elle avait raconté sa vie et les difficultés qu’avaient les athlètes pour joindre les deux. Le dispositif a donc été revu à l’époque par Jean-François Lamour, un ancien du bataillon de Joinville et ministre des Sports, et par Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense. Nous avons donc un budget pour recruter du monde et, là-dessus, les différentes armées vont faire un effort. Les athlètes sont tous militaires sous contrat et leur mission est, avec leurs camarades des autres régiments, d’obtenir des médailles et de faire briller la France. Ils font partie d’une vraie cohésion de soldat.
- Comment se passent les répétitions ?
Nous en sommes à trois jours de répétitions [entretien réalisé le lundi 10 juillet, NDLR]. Tout est parfaitement organisé pour aller sur les Champs-Élysées en répétition générale le matin. Le timing est très important. Il y a le défilé à pied, le défilé aérien, le défilé des blindés qui doivent être compris entre 9h et 12h/12h30. Nous sommes sans arrêt dans une « grande masse » en train de répéter.
- Comment trouvez-vous les athlètes dans cette mission ?
C’est un progrès global fulgurant en trois jours. On voit qu’ils sont athlètes et qu’ils assimilent vite. Il y aura toujours le petit défaut par rapport à l’unité de la Garde républicaine qui défile tous les ans et qui fait cela toute l’année. C’est beau et touchant de voir progresser nos athlètes. Cela montre qu’ils tiennent absolument à briller parmi leurs camarades soldats.
- On imagine que c’est important pour vous de les sentir impliqués…
Ce sont vraiment des gens bien. Ils sont soldats, ils ont un grade et ils progressent dans leur carrière militaire à certaines exceptions près dues à leur carrière d’athlète. Quand ils gagnent, c’est important qu’ils disent qu’ils sont de l’Armée de Champions. Cela peut passer par dédier une médaille à un soldat qui décède en opération ou à toutes les personnes qui les admirent et qui sont en ce moment en mission partout dans le monde. Ils sont admirés et nous faisons en sorte qu’ils le disent. C’est important qu’ils communiquent là-dessus.
- Qu’est-ce que cela change pour vous de former des athlètes de haut niveau ?
Ce qui change, c’est qu’ils sont tout le temps en entraînement avec leurs fédérations. Leur mission, c’est de gagner. Cela n’empêche pas qu’ils soient rassemblés plusieurs fois par an. Ils doivent, en gros, 25 jours aux Armées. Dès qu’on les engage, ils font cinq jours de formation de base à Fontainebleau. Deux ou trois fois par an, nous les emmenons dans des unités où ils y vivent une semaine complète. Ils dorment dans une tente, ils tirent, ils font des soirées militaires, ils étudient l’armement ou encore participent à des parcours. Nous y avons ajouté un parrainage [chaque athlète est parrain d’une unité, NDLR] à double sens. Il y a celui où ils vont gagner une médaille et faire briller l’unité en question et celui où l’unité peut inviter l’athlète à une activité militaire, un rallye de répétition avant de partir en mission où il peut voir comment cela se passe. Cela est fait pour qu’ils se sentent complètement au sein de la famille. Cette Armée de Champions est une armée qui fait envie car ils se connaissent au-delà des fédérations. Ils se connaissent tous malgré la diversité des sports pratiqués. Il y a un côté « cohésion soldat ». En cela, c’est très analogue avec ce qu’il se passe dans les régiments où il existe différentes cohésions.
- Comment va se dérouler le défilé ?
Le président de la République passe la revue des troupes à 9 heures. Ensuite, nous lui rendons les honneurs en lui présentant le drapeau bleu blanc rouge, souvent par l’intermédiaire du régiment de la Garde. C’est très important car la cérémonie débute par ces honneurs et se termine par ces mêmes honneurs. Le président de la République est, en France, le chef des Armées et c’est unique au monde. Une fois ces honneurs réalisés, nous avons un peu de temps pour nous mettre en place. Le défilé à pied part et nous sommes la quatorzième unité. À l’issue de notre passage, le défilé aérien se déroule avant de laisser place à celui des motorisés et blindés. Cela se termine à midi avec une dernière « animation » devant les grandes autorités invitées. Au début du défilé, les Indiens seront mis à l’honneur.
- Qu’est-ce que représente le bataillon de Joinville ?
Le bataillon de Joinville a historiquement porté haut les couleurs de la France et est une unité traditionnelle qui date du fin du XIXe siècle à Fontainebleau. Ce bataillon est une armée de sportifs de haut niveau dont le but est de faire de la compétition.
- Dans le monde du sport, on parle souvent de l’Armée de Champions mais quel est son lien avec le bataillon de Joinville et l’École Interarmées des Sports ?
L’Armée de Champions est peu « l’image ». Il fallait ce côté-là avec une « image de marque ». Ce n’est pas l’insigne traditionnel. Ce dispositif s’insère dans l’École Interarmées des Sports car elle forme des moniteurs militaires dans le sport de tous les grades et tout au long de leur carrière. Les militaires que j’ai pu former sont des militaires très forts en organisation et qui passent des diplômes dans le civil. Au moment où ils quittent les Armées, on les retrouve bien souvent à l’entraînement ou à l’organisation de grandes activités sportives dans les fédérations. C’est eux qui, historiquement, ont toujours, à un moment donné, encadré le bataillon de Joinville et nos athlètes. Par exemple, dans l’équipe de France militaire de ski, on peut voir que le sergent-chef Rousselet [Alexandre Rousselet, coach des équipes de France de ski de fond, NDLR] est issu de ce monde-là et il encadre aujourd’hui. Organiser un championnat du monde militaire, c’est un vrai métier. C’est un métier que l’on apprend ici à l’école.
- Comment se passe le recrutement des sportifs ?
Nous sommes aux ordres du général et commissaire aux sports militaires, le général Dupuy de la Grand’Rive. Nous réfléchissons stratégiquement avec lui. Le général de Gaulle voulait que ce dispositif fasse gagner des médailles et nous cherchons à faire perdurer celui-ci. Par exemple, cette année, nous avons recruté toute l’équipe de ski-alpinisme [notamment Emily Harrop et Xavier Gachet, NDLR] qui va faire son entrée aux Jeux d’hiver. Nous préparons donc l’avenir. Nous ne voulons pas rester uniquement sur des sports « traditionnels ».
- Est-ce une fierté pour vous d’être entouré de tous ces athlètes ?
C’est une fierté car la partie sportive est celle que l’on appelle le « soft power ». Certains pays en ont et d’autres n’en ont pas. Quand vous ne parvenez pas à aligner une équipe, vous êtes une nation déclassée. La France n’est donc pas déclassée et l’on peut être fiers de se dire que nous avons trente-sept fédérations qui nous fournissent des athlètes de haut niveau. Mais aussi fiers d’un point de vue militaire car l’on participe à des compétitions internationales. Le CISM [Conseil international du sport militaire, NDLR], le CIO des militaires, nous permet d’être alignés aujourd’hui sur vingt-huit disciplines. On s’appuie sur les armées, on détecte certains athlètes exactement comme peut le faire un entraîneur de football. C’est très important d’être présent dans ce « soft power ».
La liste complète des nordiques défilant sur les Champs-Elysées ce 14 Juillet 2023
- Anaïs Bescond (sergent)
- Paula Botet (soldat)
- Arnaud Chautemps (soldat)
- Sophie Chauveau (soldat)
- Chloé Chevalier (soldat)
- Emilien Claude (soldat)
- Simon Desthieux (sergent)
- Flora Dolci (soldat)
- Lou Jeanmonnot (soldat)
- Hugo Lapalus (sergent)
- Jules Lapierre (sergent)
- Joséphine Pagnier (soldat)
- Eric Perrot (soldat)
- Léna Quintin (soldat)
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