BIATHLON – Le patron de l’équipe de France de biathlon, Stéphane Bouthiaux fait le point sur son groupe avant les courses de Sjusjoen, ce week-end.
Stéphane Bouthiaux, les biathlètes de l’équipe de France entament ce week-end à Sjusjoen les compétitions hivernales. Quels sont les enjeux de ce premier rendez-vous avec une partie de la concurrence internationale ?
Il n’y pas de véritables enjeux… C’est surtout l’occasion pour l’ensemble des athlètes prendre des points de repères, de se rassurer sur leur condition à quelques jours de l’ouverture de la coupe du monde. Du côté du staff, nous pourrons tirer des enseignements et éventuellement corriger le tir entre ces courses et Ostersund. On a suivi un entraînement qui devrait nous permettre d’être pas mal sur ces courses de Sjusjoen. Ensuite, pour les quinze jours suivants, on définira un plan de bataille.
Comment se porte le groupe après ces longs derniers mois de préparation ?
Tant qu’on n’a pas mis le dossard face à des adversaires, on ne sait pas trop. Mais les garçons semblent bien, ils ont hâte de débuter les compétitions. Dans l’ensemble, ça semble très correct, ça progresse. On est relativement optimiste, on est content de la préparation où il n’y a pas eu d’anicroche, de pépins physiques… Je pense qu’on a réussi à tout gérer correctement sur cette prépa. Le staff a hâte aussi de retrouver les bords de pistes, les temps intermédiaires et l’adrénaline des courses.
Martin a vraiment hâte d’attaquer la saison et d’avoir des repères
Franck Badiou a succédé à Siegfried Mazet en tant que chef du tir dans l’équipe. Comment la transition s’est-elle déroulée pour les athlètes ?
Elle s’est faite très naturellement. Depuis deux saisons, Franck travaillait avec tous les athlètes jusqu’au mois de juin environ, lors des stages. La transition s’est faite en douceur dès le mois de juillet où il était là en permanence. Il a apporté plein de nouveautés tout en imprimant sa stratégie à lui, ça relève toujours la motivation d’un groupe.
Vous retrouverez d’ailleurs S. Mazet ce week-end derrière la lunette du clan norvégien…
On s’est vu en Norvège cet été et on s’appelle régulièrement. On ne va pas mettre de côté 10 années de vie commune comme ça (rires).
Martin Fourcade a montré cet été et cet automne qu’il était toujours aussi dominateur. Comment le sentez-vous dans sa conquête d’un nouveau globe de cristal, le 6e de rang ?
Martin est dans l’expectative, se pose plein de questions, se remet toujours en cause… A cette période de l’année, il est toujours comme ça. Il doute toujours et a vraiment hâte d’attaquer la saison et d’avoir des repères par rapport à la concurrence. Sur le terrain, à l’entraînement comme dans la vie du groupe, il est toujours très motivé, il aime ce qu’il fait et a envie de continuer un bon petit moment.
Fabien Claude m’impressionne à l’entraînement
Le jeune Vosgien Fabien Claude a fait son entrée dans le groupe A cette année. Qu’attendez-vous de lui ?
Son intégration s’est parfaitement bien déroulée dans le groupe. Il est aussi très intelligent et a su se fondre dans l’équipe en deux jours. Tout le monde l’a bien accepté. Il a un potentiel physique énorme : il nous montre des trucs à l’entraînement qui m’impressionne ! Il manque de régularité au tir mais a beaucoup progressé cet été. C’est quelqu’un sur qui on pourra compter pour de très gros résultats dès cet hiver s’il met les balles dedans. Fabien doit déjà passer la barrière de la sélection. Il est sur place pour le faire et décrocher son ticket pour Beitostolen à la fin du mois. Il a montré de très belles choses notamment à Arçon. Il doit pouvoir nous montrer ce qu’il sait faire sans subir le stress des sélections. Je le sens parti pour une belle saison même s’il manquera sans doute de régularité.
Concernant les autres membres de l’équipe de France, Simon Fourcade, Jean-Guillaume Béatrix, Simon Desthieux et Quentin Fillon-Maillet, avez-vous défini des objectifs précis ?
On ne définit jamais d’objectifs précis, les seuls qu’on s’autorise c’est de faire une préparation sans souci, de faire le maximum pour être sur le bon côté du fil du rasoir en arrivant en forme dès le début de la saison. Les objectifs sont affinés en fonction des premiers retours de compétitions. La saison est tellement longue qu’on en parle jamais sauf quand Martin annonce qu’il veut un titre olympique ou une coupe du monde. Maintenant, je préfère parler de progression dans la continuité. Quentin est monté deux fois sur le podium en individuel et termine 12e mondial : il visera le top 10. Simon Desthieux pourrait intégrer le top 15. Quant à Simon Fourcade et Jean-Gui, ils devront montrer plus de régularité sur leurs capacités à vraiment performer.
Après la razzia française sur les mondiaux d’Oslo l’an passé, Hochfilzen accueillera les championnats du monde en mars prochain. L’occasion pour les « hommes de l’ombre » de briller davantage, de partager la lumière avec Martin Fourcade ?
La lumière que dégage Martin profite à toute l’équipe. Tout le monde bénéficie de son sillage. Les mondiaux sont des courses où tout le monde veut briller… Ce sera la cerise sur le gâteau mais on vise surtout la continuité sur toute la saison.