CHRONIQUE – Tous les athlètes redoutent de tomber dans La Maille de son filet. Chaque jeudi, Clément Mailler ne les épargne pas quand il s’agit de leur poser les bonnes questions. Point d’échappatoire pour eux : ils doivent répondre. Victime du jour : le sprinteur Baptiste Gros.
Dans La Maille du filet cette semaine j’ai attrapé du gros… et même un dragon !… histoire de perpétuer la tradition des jeux de mots lourds sur ma prise du jour. Homme fort au cœur tendre ou solide à ne pas toucher ? Faites-vous votre idée avec un Baptiste Gros aux multiples talents.
- En sprint avec la montée d’adrénaline et la frustration, ça ne donne pas envie de se battre ?
(rires) Tout dépend comment cela se passe. Des fois, ça donne plus envie de terminer par une prise de catch, d’oublier de freiner après la ligne d’arrivée et le mec qui t’a gêné pendant la course tu finis par lui rentrer dedans ! Ça peut arriver (rires) ! Mais se battre, non ! L’adrénaline elle retombe vite aussi, et généralement on s’entend bien sur le circuit et ça finit toujours très amicalement.
- Plutôt du genre à casser ou à te faire casser les bâtons ?
Dernièrement à me faire casser les bâtons (rires) ! Je crois que cela m’est arrivé qu’une fois de casser un bâton, il y a trois ans à Québec avec Hattestad. Sinon je ne me rappelle pas avoir cassé tant de bâtons que ça.
- On insulte souvent les autres intérieurement en course ?
(rires) Généralement pendant la course si j’ai quelque chose à dire… je le dis ! J’extériorise pas mal et ça permet de prévenir l’autre qu’il a fait une bêtise, quoi ! Souvent, on entend dans le peloton que ça jure un peu. On apprend beaucoup en langues étrangères comme ça (rires) ! Donc j’extériorise mais je ne suis pas le seul.
- Ça fait plus peur de se faire insulter en russe ou en allemand sur la piste ?
Non, pour moi pas vraiment. Par contre, ce qui me ferait plus peur c’est de me faire insulter en français, car ça voudrait dire que j’ai gêné un collègue ! (rires)
- C’est quoi la question ou la blague la plus lourde qu’un journaliste t’ai posé ?
Dans les titres j’ai eu « Gros envoie du lourd », qui était bien appuyée ! Sinon… (il réfléchit) quand on te demande ce que tu penses de la course d’un autre en oubliant complètement la tienne, ça c’est pas mal… Il y en a quand même des belles des fois, c’est dommage que ça ne me revienne pas comme ça. Enfin si, si, il y a toujours les journalistes de France TV à Sochi qui te demandent « toi c’est Cyril Gaillard, c’est ça ? C’est Benjamin Jay non ? » (rires) Ils ne connaissent vraiment aucun prénom de personne, et ça c’est sûrement le pire !
- Le public et les médias mettent souvent en avant ton physique imposant. Tu vois ça comme un formidable atout ou tu aimerais qu’on te qualifie autrement ?
(rires) Je pense que dans le ski c’est un atout parce que… pour l’aspect psychologique de la compétition ! Ça peut être un atout et parfois même j’en joue un peu parce que je suis plutôt du genre à paraître en colère avant une course. Mais dans la vie de tous les jours, c’est assez énervant des fois parce que j’ai l’impression de n’être pas sociable, et j’ai aussi l’impression que les gens n’ont pas confiance en moi… donc ça c’est un peu plus embêtant. Mais avec les gens que je connais bien, il n’y a pas de soucis.
- Un surnom ou des allusions avec ton nom de la part des journalistes ça arrive ? C’est lourd ?
Sur les petits titres souvent ça arrive mais sinon ça va. Ça fait marrer les étrangers quand ils comprennent ce que je veux dire, mais globalement les gens sont assez soft. Je ne sais si c’est parce qu’ils n’osent pas mais ça me va bien comme ça (rires) !
- Dans un groupe de poneys, comment on s’étalonne ?
(rires) hahaha…on se fait étalonner ! Non, dans un groupe de poneys on apprend à être remis en cause assez régulièrement et on apprend d’abord à l’accepter, à l’utiliser et puis… enfin l’étalonnage chez nous il est hyper important car il est très représentatif de celui qui est au niveau international. La place dans le groupe a de la crédibilité.
- Le bricolage le dimanche c’est un vrai passe temps ou c’est pour créer du fantasme avec les filles ?
(rires) Alors le fantasme avec les gonzesses… c’est une bonne question parce que je ne me rappelais pas qu’un mec avec du cambouis jusqu’au front tout transpirant dans une salopette bleue ça fait forcément rêver ! (rires) Donc non, c’est vraiment un passe temps ! Et si ça peut exciter après coup… c’est pas plus mal ! (rires)
- Un vrai projet réalisé quand même ?
Ouais j’ai quand même deux ou trois trucs concrets. J’ai fait un Van aménagé, je retape une maison, et puis j’aime bien faire pas mal de choses moi même. Tout ce qui est mécanique par exemple c’est quelque chose de concret. Ma bagnole elle roule et il n’y a que moi qui l’entretiens ! Le jour où je finirai dans un arbre avec, peut-être que je retirerai tout ce que je t’ai dit ! (rires)
- Tu es un dragon d’Annecy (ndlm : ref au club des dragons d’Annecy, nom du club où il est licencié) c’est pour faire comme le Loch Ness ou il y a une vraie explication ?
Alors franchement j’adorerais te sortir une légende incroyable avec énormément de superstition derrière… mais les dragons d’Annecy je n’ai aucune idée d’où ça vient ! Les plus anciens du club ne savent pas forcément non plus, mais je pense que c’est un peu comme la team poney. C’est venu une fois d’un mec qui a sorti un surnom et il est resté. Après on peut broder une légende autour de ça si tu veux, mais en attendant il n’y a pas vraiment d’explication !
- Et enfin, tu penses à quoi tout de suite ?
Je viens d’arracher un énième tag d’aéroport sur mon sac, et je pense que j’ai pris un sacré paquet d’avions dans ma vie (rires) ! …. Et que – je peux aller loin dans ma tête – mais les skieurs et le réchauffement climatique…! On a besoin de la neige et on fait des allers retours partout dans le monde à grand coup d’avions pour aller la chercher. Le paradoxe du skieur, voilà à quoi je pense !
Retrouvez Baptiste Gros dans le nouveau numéro de Nordic Magazine.