Biathlon : l’IUT d’Annecy main dans la mains avec Franck Badiou pour fabriquer les crosses des équipes de France
Vendredi dernier, le Peiserot Eric Perrot, quelques jours après son retour des Jeux olympiques de Pékin 2022, a passé l’après-midi à l’IUT d’Annecy (Haute-Savoie). C’est qu’il avait rendez-vous, crosse dans les mains, avec Philippe Valleix, enseignement en conception mécanique, et ses étudiants de la section sport étude. Depuis 2017, la plupart des carabines des biathlètes des équipes de France (environ 80% actuellement) sont effectivement fabriquées sur les bords du lac d’Annecy.
« En 2016, j’ai vu un reportage sur Martin Fourcade et on voyait Franck Badiou sculpter une crosse à la main. Je me suis alors dit qu’il y avait moyen de les aider là-dessus, retrace Philippe Valleix à Nordic Magazine. Je suis allé voir Franck à Prémanon et je lui ai dit qu’avec nos logiciels et outils, on était capables de dupliquer les crosses, quelque chose que les biathlètes avaient en un seul exemplaire. »
Si l’aventure a débuté, au printemps 2017, comme cela, avec la duplication des carabines de Célia Aymonier, Anaïs Bescond, Martin Fourcade, Simon Fourcade, Jean-Guillaume Béatrix et Justine Braisaz, le projet s’est ensuite rapidement développé après une année de mise en place du processus. « Depuis 2018, on conçoit les crosses de A à Z main dans la main avec Franck Badiou qui est notre commercial de luxe. On ne contacte personne et c’est lui qui donne mon numéro de téléphone. On ne le remplace pas, on le seconde. C’est un jeu de ping-pong avec un partenariat allant dans les deux sens. »
Eric Perrot à Annecy
Le travail débute avec la venue de l’athlète dans les locaux de l’IUT annécien, comme Eric Perrot vendredi dernier. « On scanne sa crosse [pour former un nuage de points à partir duquel ils arrivent à un volume 3D appelé CAO, NDLR] pour avoir tous ses réglages puis on a un long questionnaire avec plein d’options à choisir, reprend l’enseignant. On n’a pas de modèle unique et chacune des crosses est différente. Une fois que c’est fait, on renvoie le questionnaire à Franck et à l’athlète qui discute des options avec son coach pur éventuellement les modifier. »
Une visioconférence avec Franck Badiou valide la CAO avant la mise en fabrication : « On anticipe toutes nos pièces mécaniques, puis il faut une journée pour fabriquer une carabine. Franck nous délègue quelques finitions et s’occupe des autres », révèle Philippe Valleix, qui travaille en binôme avec Ludovic Schiff. Au total, donc, avec la CAO et la fabrication, il faut deux jours aux équipes de l’IUT d’Annecy pour faire une carabine.
« Quand Franck s’occupait de celle de Martin Fourcade, il mettait trois semaines et n’était pas capable de la fabriquer à l’identique, contrairement à nous qui conservons toutes les données dans la machine », rappelle le professeur.
Ainsi, tous les ans, l’IUT fabrique une dizaine de crosses sur-mesure. « Le but n’est pas d’en faire davantage, d’autant qu’on fait de la recherche & développement pour anticiper les nouveautés », explique Philippe Valleix.
Tout cela est réalisé dans le cadre d’un projet de fin d’étude où les étudiants, une quinzaine par an, doivent aller de la conception à la production d’un produit. « Pendant les JO, en cours de CAO avec les étudiants en sport étude, on arrêtait et on regardait les courses de biathlon ! Ils savent tous ce que c’est que l’amélioration par le matériel », lance Philippe Valleix.
D’ailleurs, Quentin Fillon-Maillet, qui avait un des premiers à faire confiance à l’IUT d’Annecy, va s’y faire fabriquer une nouvelle carabine ce printemps. « L’étudiant qui mènera ce projet est déjà nommé », indique Philippe Valleix. Un étudiant qui sera donc en charge, sous l’œil de son professeur, de mettre au point la nouvelle crosse du meilleur biathlète de la planète. Une sacrée responsabilité.
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