Biathlon : Anaëlle Bondoux se confie
Cette saison, à dix-neuf ans, la biathlète grenobloise Anaëlle Bondoux a vécu de belles émotions. Qualifiée en IBU Cup dès le lancement de l’hiver à la suite de sélections bessanaises rondement menées, elle est restée sur ce circuit tout au long de l’année. Jouant très régulièrement aux avant-postes, la Dauphinoise l’a même emporté à deux reprises, terminant l’exercice au quatrième rang du classement général et avec un petit globe dans les bagages.
Pour Nordic Magazine, à la veille des championnats de France de Méribel (Savoie), Anaëlle Bondoux fait le bilan de son hiver. Entretien.
- Avant le lancement des hostilités, imaginiez-vous vivre une saison complète sur le circuit IBU Cup à seulement dix-neuf ans ?
En début de saison, c’était clairement l’objectif de monter en IBU Cup. Je l’ai fait, mais c’est vrai que je ne m’attendais pas forcément pouvoir y rester tout l’hiver. C’est donc une bonne chose ! Au niveau des résultats, j’avais en tête le top 10, mais je ne savais pas vraiment ce que ça allait donner et, au final, j’ai obtenu ma première victoire sur la fin du bloc scandinave. Après ce bon démarrage, je me suis dit que j’allais faire toute la saison sur ce circuit. Ensuite, cela a été un petit peu plus difficile au niveau des résultats en janvier/février à cause d’une période creuse en tir. C’était bien revenu sur la fin d’hiver avec, notamment, cette victoire à Obertilliach pour terminer ! C’est donc un hiver réussi pour moi.
- Vous évoquiez votre victoire obtenue à Sjusjøen (Norvège), en décembre, sur une poursuite. Il s’agissait de votre premier 20/20 en carrière…
C’était vraiment assez inattendu comme résultat ! Je ne pensais vraiment pas pouvoir gagner de cette manière, dès le début de l’hiver et même au cours de la saison. En plus, c’est à 20/20 et sur une course en confrontation où je réussis normalement moins bien, parce que j’ai du mal à me poser au tir.
- Votre second succès de l’hiver, c’est celui décroché sur la mass-start 60 de clôture d’Obertilliach (Autriche), vous offrant le petit globe de la spécialité…
Moi, comme les coachs, on a vraiment été surpris de ma victoire sur le globe de la mass-start ! On n’avait pas fait les calculs et je ne pensais pas du tout pouvoir le gagner… C’est au moment de la remise des prix qu’on l’a appris ! Le globe en lui-même fait plaisir, mais c’est vrai qu’en IBU Cup, c’est un petit peu moins représentatif [qu’en coupe du monde] parce qu’il y a beaucoup de turnover. Je fais partie des rares à avoir tout couru ! Le globe fait plaisir, mais je le mets à peine de côté par rapport à la victoire à 19/20. C’est ma deuxième course référence de l’hiver, qui ressemble pas mal à ma victoire de Sjusjøen : je suis toute seule en tête et je fais des très bons tirs. C’est le biathlon que j’ai envie de mettre en place de plus en plus souvent à l’avenir.
- Vous nous aviez révélé, il y a plusieurs mois, que le tir était votre axe prioritaire de travail l’été dernier. On a vu des progrès cet hiver, mais êtes-vous au maximum de votre développement sur ce point-là ?
C’est sûr que je ne suis pas encore au maximum ! Si on regarde mes moyennes de tir [72 % au couché, 65 % au debout, NDLR], cela reste en-dessous des 80 %, donc c’est encore à améliorer. Cependant, ce sont des courses qui montrent que c’est en évolution et sur lesquelles j’arrive à être un petit peu plus libérée derrière la carabine. Sur ces courses-là, je fais mes meilleurs temps de tir. Je crois qu’on est en train de trouver, avec Julien [Robert], le coach de tir, la manière qui me correspond le mieux. Le but va être de le mettre en place le plus souvent possible sur les courses pour, petit à petit, n’avoir que des courses qui ressemblent à cela.
- Qu’est-ce qui fait que vous arrivez, parfois, à mettre en place ce tir, et parfois non ?
J’ai tendance à être beaucoup sur la retenue au pas de tir et à tout le temps chercher énormément d’application. En fait, je me perds un petit peu là-dedans alors que ça me réussit mieux quand je suis plus naturelle et à l’attaque. Il va donc falloir oser le faire un petit peu plus souvent. C’est avec la répétition que je vais pouvoir prendre en confiance et le répéter à chaque fois.
- Malgré tout, vous terminez quatrième du classement général : cette régularité est-elle le gros point positif, plus que le globe ou les victoires ?
Au début de la préparation, puis de l’hiver, j’avais fixé un objectif qui était d’entrer le plus souvent possible dans le top 10. Cela a été le cas assez souvent. Finir quatrième du classement général, cela montre bien que j’ai pu jouer devant. Même des courses où je ne finis pas dans le top 10, il y a toujours un moment où j’ai joué avec les meilleures, même si ça n’a pas tenu jusqu’au bout.
- La marche entre l’IBU Cup et la Junior Cup, circuit auquel vous étiez habituée jusque-là, est-elle très haute ?
Je trouve qu’il y a une belle différence, parce que l’IBU Cup, pour moi, se rapproche de la coupe du monde. L’écart entre l’IBU Cup et la coupe du monde est moins grand que celui qui existe entre la Junior Cup et l’IBU Cup. Chez les juniors, on a des temps de ski assez faibles par rapport à la coupe du monde, là où, en IBU Cup, les meilleurs skieurs pourraient jouer dans le top 10 en coupe du monde. On l’a notamment vu avec Jeanne [Richard].
- Justement, en cours d’hiver, vous avez vu vos coéquipières Jeanne Richard et Océane Michelon monter en coupe du monde. Vous êtes-vous imaginée avoir, vous aussi, votre chance ?
Non. J’étais plutôt dans un état d’esprit de me dire que chaque chose se passerait en temps voulu. Bien sûr que la coupe du monde est quelque chose qui me donne envie, mais je ne me voyais pas y monter cet hiver. Je pense que ce sera encore trop tôt l’année prochaine. Il faut prendre en compte que Jeanne [Richard] et Océane [Michelon], même si on a un niveau très proche, ont deux ans et de l’expérience en plus par rapport à moi. J’ai encore de la régularité à construire et, pour cela, je suis vraiment à ma place en IBU Cup. J’y ai gagné deux fois, mais je n’ai pas tout gagné donc je suis au bon endroit pour progresser !
- Pour revenir aux temps de ski que vous évoquiez un peu plus tôt, vous étiez régulièrement dans le haut du panier pour votre première saison en IBU Cup…
Sur les skis, cela allait très bien cet hiver ! J’ai été régulière, sans coups de moins bien, ce qui est très bien. C’est plaisant de savoir que j’ai le niveau de ski pour jouer avec les meilleures. Je n’ai plus qu’à faire les choses au pas de tir !
- En un an, depuis votre arrivée dans les groupes fédéraux, quels sont les points sur lesquels vous avez le plus progressé ?
Sur la partie physique, c’est clairement la gestion de course, pour très bien terminer, et mon gain de puissance. J’ai un style de ski très fréquent et j’ai réussi, cette année, à poser un peu plus les choses en mettant de la puissance. Sur le tir, c’est encore assez instable, mais je suis parvenue à faire quelques courses où j’ai tiré plus vite, ce qui marchait tout aussi bien !
- En fin de saison, vous êtes allée sur les finales de l’IBU Cup plutôt qu’aux Mondiaux juniors. Etait-ce un choix personnel ou une décision du staff ?
Le staff m’a complètement laissé le choix. C’était très difficile de choisir parce que les deux événements étaient très intéressants. Finalement, j’ai décidé de rester en IBU Cup, parce que j’avais encore des choses à travailler au tir et je voulais rester dans la continuité de ce travail avec Julien [Robert]. Sur les Mondiaux juniors, il y aurait eu de très belles choses à jouer, mais je me suis dit que j’avais encore deux années dans la catégorie à faire derrière. Ce n’est pas parce que je n’y suis pas allée cette année que je n’irai pas dans le futur !
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Oliver
22/03/2024 à 1 h 05 min
Pocket Rocket en cristal !