Biathlon : les premiers mots d’Anaïs Bescond, récemment devenue entraîneure du tir de l’équipe de France handisport de ski nordique
Mercredi soir, Nordic Magazine a révélé l’arrivée de la Jurassienne Anaïs Bescond au poste d’entraîneure du tir de l’équipe de France handisport de ski nordique.
Dorénavant coach de Benjamin Daviet, Anthony Chalençon, Chloé Pinto et Karl Tabouret, la Franc-Comtoise s’est longuement confiée pour expliquer son choix de replonger dans le monde du biathlon quelques mois après l’avoir quitté. Entretien.
- Dès l’arrêt de votre carrière de biathlète, aviez-vous pour ambition de devenir coach ?
Au printemps, quand j’ai décidé d’arrêter, je n’avais pas forcément prévu et préparé mon après-carrière. J’ai eu à faire face à un gros vide que je suis d’ailleurs toujours en train d’essayer de combler. Dans un premier temps, j’avais fait mon petit calcul et je me suis dit que ce serait pas mal de continuer dans l’armée pour aller jusqu’à la retraite parce que c’est un projet qui me plaît. Entre-temps, j’ai profité d’une opportunité pour m’inscrire au BE2 d’entraîneur de ski nordique au CNSNMM de Prémanon. Même si, à ce moment-là, je n’avais pas le projet de devenir entraîneure, je me suis dit que ce serait une bonne chose de faite.
Jeune, à 18 ans, j’ai passé le BE1, mais le BE2, je n’ai pas eu le temps pendant ma carrière. J’ai regretté, quand Simon Fourcade l’a fait en étant encore athlète, de ne pas y être allée avec lui. C’est ce printemps, en discutant avec Nicolas Michaud que je me suis engouffrée dans la brèche et cela m’a pris quatre semaines et m’a donné l’envie d’entraîner.
- A quel moment l’opportunité de prendre en charge le tir de l’équipe de France handisport de ski nordique est-elle arrivée ?
Au début de l’été, Vincent Duchêne, l’entraîneur physique et responsable du collectif, m’a proposé d’intégrer le groupe en tant que coach du tir parce que Pascal [Margueron] ne pouvait pas continuer. A cette période, j’étais plutôt dans le flou artistique et je me disais qu’il m’avait contacté un petit peu tard s’il voulait une réponse rapide… Je n’étais pas encore prête dans ma tête pour m’engager. Et puis, pour être tout à fait honnête, cela m’impressionnait vraiment ! Je ne connais pas le milieu du handisport, le tir, lui, je le connais, mais là c’est du tir à 10 mètres exclusivement couché avec des personnes en situation de handicap. Vincent m’a laissé le temps de la réflexion, et elle a été longue !
- Qu’est-ce qui a fait pencher la balance ?
J’ai discuté avec des personnes qui avaient déjà bossé avec les handisports, mais aussi avec les athlètes parce que, comme moi, Benjamin Daviet et Anthony Chalençon sont militaires. On a passé pas mal de temps ensemble lors du stage avec les pompiers de Paris et pendant les préparatifs du défilé du 14 Juillet. Cela a été l’occasion pour moi de finaliser ma décision, positive. J’ai enchaîné derrière avec un premier stage qui s’est super bien passé et, maintenant, je suis vraiment emballée !
- Quel va être, précisément, votre rôle au sein de l’équipe de France handisport ?
Ce sera le coaching du tir ! Comme c’est une petite équipe avec peu d’athlètes et, donc, peu de moyens, je vais pouvoir les aider, quand il y aura besoin, sur les skis. Par exemple, les jours où ce sera une compétition de ski de fond, sans tir, je pourrais aider sur d’autres secteurs. Je vais un peu dans l’inconnu, mais je ne veux pas transposer ce que j’ai connu chez les valides parce que ce sera différent.
- Comment ce sont déroulés les premiers stages avec le groupe, notamment au tir où l’approche est différente des valides ?
Ce n’est pas la même approche, mais, en même temps, elle ressemble… Sur le coup, j’ai été impressionnée et inquiète d’être en capacité de leur apporter quelque chose ! Pour me rassurer, je suis allée trouver Franck Badiou, que je vois comme un mentor dans ce projet-là d’autant qu’il est confronté aux mêmes problématiques que moi en tant que coach des handisports à la Fédération de tir. Il m’a pas mal rassuré et, finalement, il y a pas mal de choses que je peux transposer par rapport à mon expérience du tir. Même si c’est à 10 mètres et en couché seulement, il y a plein de choses que je connais, notamment sur l’approche psychologique et mentale du tir et de l’événement. J’ai des cordes à mon arc pour les aider, en plus de mes connaissances techniques.
- Au niveau des athlètes, vous connaissez bien Benjamin Daviet et Anthony Chalençon, les deux leaders, mais pas Chloé Pinto et Karl Tabouret, les deux jeunes : comment gérez-vous cette situation ?
J’ai tendance à dire que ce n’est pas un groupe de quatre, mais quatre groupes d’un athlète. Ils ont tous leurs particularités et leur vécu avec deux anciens matures et expérimentés et deux jeunes qui débarquent. Ils sont tous [en catégorie] debout, mais on tous des cotations et des handicaps différents. A moi de trouver des leviers et de m’organiser au mieux pour les aider. C’est là-dessus que je pêche peut-être encore un peu. J’apprends à leur contact et j’ai de la chance de côtoyer des athlètes comme Benjamin et Anthony, qui m’apportent autant que je leur apporte.
- Pouvez-vous décrire le groupe en quelques mots ?
Ce que j’apprécie dans cette équipe, c’est qu’il y a beaucoup de bienveillance et d’entraide. C’est collaboratif. Par exemple, je connais encore peu la technique et le mécanisme des armes à 10 mètres alors que Benjamin est calé dessus. Il m’apporte donc des billes pour pouvoir aider les autres. Cela me rassure d’avoir des gens qui m’aident et m’accompagnent dans ce projet.
- D’autant que l’arme d’Anthony Chalençon est encore plus technique…
C’est complètement différent ! C’est du laser avec beaucoup d’électronique. C’est d’ailleurs un autre sport parce que, sur les courses, il utilise une arme mise à disposition directement sur le pas de tir.
- Votre nouvelle fonction semble être, pour vous, un moyen de rester dans le monde du biathlon : est-ce juste ?
Tout à fait ! C’est un moyen d’y rester sans y être complètement. Je dois avouer que je n’avais pas forcément la volonté de rester dans le milieu du biathlon dès ma fin de carrière. Il y avait une forme de fatigue après toutes ses années passées dans un même milieu. J’avais un profil qui intéressait l’équipe de France handisport, je me suis sentie désirée, cela m’a emballée ! La nouveauté m’a attirée.
- Pour devenir entraîneur de tir des para biathlètes, vous êtes détachée de l’armée : pouvez-vous nous expliquer ce mécanisme ?
Après ma carrière, comme je l’ai dit avant, je voulais continuer avec l’armée, mais je ne savais pas ce qui allait m’être demandée. Quand j’ai intégré l’équipe de France militaire de ski il y a plus de quinze ans, c’était au sein de l’Ecole militaire de haute montagne (EMHM) de Chamonix. Quelques années plus tard, le Centre national des sports de la Défense (CNSD) a voulu rassembler ses équipes et nous a rattachés à Fontainebleau avec la délégation été. Quand j’ai annoncé ma fin de carrière, je suis sortie des listes des athlètes de haut niveau et, faute de place, ils ne pouvaient pas me garder là-bas. Je vais donc être de nouveau rattachée à Chamonix sous la direction du colonel Lionel Mayade, chef de Corps, qui a donné son aval à ma mission au sein de l’équipe de France handisport.
- Allez-vous être à 100 % sur le coaching ou d’autres missions vous seront proposées ?
Le fait que j’arrive avec ce projet qui a du sens, parce que je vais travailler avec des athlètes de l’EFMS, a convaincu mon chef de Corps. Mais c’est une mission parmi d’autres. Ma première casquette, c’est militaire ! Il va me proposer différentes missions. Pour le moment, cependant, je fais du coaching ma priorité parce que je sais à quel point c’est important pour un athlète et parce que je ne veux pas faire les choses à moitié.
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