Biathlon : Anaïs Chevalier-Bouchet, un sourire communicatif
C’est après la conférence de presse accordée à l’IBU que Anaïs Chevalier-Bouchet, deuxième du sprint de Kontiolahti, est venue répondre pendant dix minutes aux questions des journalistes français. Emmitouflée dans sa doudoune bleue, la championne du jour a enlevé masque et cache-cou pour se parer du virus et du froid pour laisser place à un beau sourire, et des paroles encourageantes de satisfaction. Entretien.
- Cette seconde place est un beau symbole pour vous Anaïs Chevalier-Bouchet. Elle envoie un aussi beau message…
Le week-end dernier m’a rassuré et j’ai pu juger de ma forme, voir le niveau que j’avais et lâcher du lest. Aujourd’hui, je suis restée focalisée sur ma performance physique et j’ai lâché mes balles plus sereinement. C’est ce qui m’avait manqué sur les premières courses.
- Peut-on alors dire que c’est un retour réussi pour vous ?
Pour l’instant, oui, c’est un retour réussi. Mais jusqu’à quand, c’est l’inconnu. Mais je suis très satisfaite. Ce matin, j’ai eu mon petit coup de barre, je n’ai pas pu voir ma fille avant qu’elle aille chez la nounou. Alors je me suis dis qu’il fallait illuminer un peu cette journée car c’était un peu triste.
Je me rends compte que j’aborde les courses complètement différemment. Je suis au boulot, je n’ai pas trop le droit à l’erreur. Et pour l’instant ça marche et je suis consciente que ça ne va pas marcher toute la saison comme ça. J’arrive à bien gérer mes émotions. Je n’ai pas le droit de me laisser envahir.
- Vous avez utilisé l’expression « aller au boulot ». Est-ce que cela signifie que votre vision du biathlon a changé ?
S’il n’y avait pas la flamme pour le biathlon, croyez-moi que je serais à la maison avec ma famille. J’ai encore la flamme mais ça fait quelques années déjà que je disais que je n’avais pas de temps à perdre. Je dois bien faire et rapidement car je ne vais pas m’éterniser dans le biathlon jusqu’à 40 ans.
- On vous voit aussi très en forme sur les skis. Est-ce que cela vous surprend ?
Clairement je suis la première surprise de mon niveau en ski. Je suis en forme plus tôt et mieux que d’habitude. Je le sentais. Mais de là à faire des temps de ski comme ça, à sortir devant Denise Herrmann et ne pas me faire rattraper… je ne pensais pas à ce point.
Après, j’ai quand même passé presque un an et demi sans compétition. Je n’ai pas couru la saison dernière et n’ai fait que me « reposer », enfin un repos relatif (rires). Je pense que la fraîcheur joue. Je suis persuadée que le corps change physiologiquement après une grossesse, et c’est prouvé même.
- Le fait d’être partie avec le dossard 3 vous a donc fait attendre jusqu’à la fin. En quoi cela a-t-il joué aujourd’hui ?
J’ai fait la course parfaite, alors peu importe si j’avais terminé douzième, cela revenait au même. Je n’avais rien d’autres à faire. C’était aux autres d’aller chercher le 10/10. J’ai donc eu le temps de faire ma récupération sur les skis et de manger avant d’aller à la cérémonie du podium.
- Que pouvez-vous nous dire sur les conditions du jour à Kontiolahti avec une météo plus délicate pour vous que pour les hommes ?
C’était assez stable. On n’a pas eu de chance sur les premiers dossards car ça a commencé à neiger juste avant. On a donc vu que les traces étaient un peu recouvertes. Sinon c’était plus dur à skier que le week-end dernier, c’était un peu moins glissant peut-être. Sur le pas de tir, les conditions étaient régulières avec un léger vent, mais pas de quoi être inquiète.
- Cette deuxième place vous positionne à dix secondes d’Hanna Oeberg dimanche pour la poursuite et la première confrontation directe de l’hiver. Quel est votre état d’esprit ?
Je serai stressée dimanche matin, ce sera la première course en confrontation. Je n’aime pas qu’il y ait un relais entre le sprint et la poursuite mais cette fois-ci, peut être que ça va m’aider. Elles (les sœurs Oeberg notamment, ndlr.) vont partir fort, j’en suis persuadée. Il va falloir que je sois là, bien présente. Je ne serai pas toute seule sur mon tapis, un peu perturbée, mais j’ai le temps de m’y mettre et j’aime le biathlon quand il est comme ça.
- Vous l’avez dit, avant cela, il y aura un relais avec vos coéquipières. En savez-vous davantage sur la composition notamment ?
On n’en a pas encore parlé. Honnêtement je n’en sais rien. Je me plierai à la stratégie des coachs et de l’équipe, de toute façon (sourires). Les starts je les connais, alors ça devrait bien se passer.
- Grâce à votre performance, vous offrez officiellement la première gommette affichée dans le camion des techniciens. Une fierté immense, n’est-ce pas ?
C’est chouette ! Depuis qu’on est là, y’a eu de belles places mais je suis contente de coller la première gommette. Enfin ce n’est pas moi qui irai la coller, mais je suis contente.
- Vu de l’extérieur, nous avons l’impression que les nations scandinaves sont supérieures sur les skis. Quel est votre point de vue sur cette particularité du début de saison ?
Je pense qu’elles skient depuis un peu plus longtemps que nous. Ce sont des neiges qu’elles connaissent et que nous, avec les techniciens, on connait un peu moins. Je pense que ça joue. La neige est ici comme à Östersund, mais on verra la semaine prochaine à Hochfilzen. Je pense que ça changera pas mal.
Photos : Nordic Focus