Ce jeudi après-midi, Anaïs Chevalier a retrouvé le sourire. Après un dimanche en enfer sur les pistes d’Oberhof (Allemagne) il y a quatre jours, la biathlète de Saint-Martin-d’Hères (Isère) a cette fois maîtrisé ses passages derrière la carabine pour terminer troisième de l’individuel d’Antholz (Italie) derrière l’Autrichienne Lisa Theresa Hauser et l’Ukrainienne Yuliia Dzhima. Le voyage allemand de sa carabine, sa forme à ski ou la perspective des Mondiaux : la jeune maman répond à Nordic Magazine. Entretien.
- Pouvez-vous nous expliquer le périple effectué par votre carabine depuis dimanche dernier ?
Après la course, je n’ai pas touché à ma carabine. Les techniciens, quand nous sommes partis d’Oberhof lundi matin, l’ont posé chez Fortner à Rosenheim, juste à côté de Ruhpolding. Là-bas, ils l’ont regardé et fait ce qu’il y avait à faire, soit pas mal de boulot. C’est Franziska Preuss, rentrée chez elle à Ruhpolding dimanche soir, qui l’a récupéré mardi matin avant de rejoindre Antholz. Elle me l’a donné à 13 heures pour que je puisse tirer avec sur le pas de tir. Je lui dois quelques kilos de Comté [rire].
- Avez-vous facilement vu le changement ?
Ce n’est pas quelque chose qui se ressent… La hausse bougeait toute seule, faisait les clics toutes seules ou lâchait tout d’un coup d’un sens comme dans l’autre. C’est imperceptible même en faisant un check up juste avant le départ. C’est la malchance. J’ai dû modifier un petit peu ma position parce que la hausse, bien que neuve, est juste un peu plus haute. Ça n’aurait pas dû arriver mais c’est comme ça.
- Après la course vous sembliez en vouloir à la terre entière mais vous dites que, finalement, ce problème était imperceptible…
Depuis le mois de décembre, je perds trop souvent des balles hautes. Je me suis beaucoup remise en question parce que je sais que c’est mon défaut de donner des coups d’épaules quand je suis un peu tendue derrière la carabine. C’est arrivé vraiment souvent et ça m’a interrogé. J’ai plusieurs fois dit à mes entraîneurs que ma hausse était très haute par rapport à la norme. Ils l’ont testée plusieurs fois et tout allait bien… Jusqu’à dimanche où rien n’allait. Je suis athlète, je suis là pour performer et quand des choses comme ça arrivent, c’est normal d’être en colère.
« Le challenge était d’oublier les soucis matériels […] Je suis contente de l’avoir fait »
- Que représente cette troisième place sur l’individuel d’Antholz (Italie) ?
Le challenge, aujourd’hui, était d’oublier les soucis matériels parce que la carabine revenait de chez Fortner, les meilleurs au niveau armurerie. Je ne voulais penser qu’à mon tir mais ça n’a pas été facile parce que j’y pense depuis trois jours. Je suis contente de l’avoir fait. J’ai trouvé les ressources pour le faire, même s’il m’en manque sur les skis aujourd’hui. C’est un petit peu ambivalent comme sentiment.
- Juste après votre course, vous disiez avoir vécu une longue course : cet individuel était-il compliqué pour vous sur les skis ?
J’ai lâché physiquement dans cette course. Je n’ai pas réussi à tenir mon rythme du début de course et, dès le deuxième tour, je me suis dit que ça allait être long. Dans la tête quelque chose s’est passé à ce moment-là, et je n’arrivais pas à en remettre. Je sentais que je perdais des secondes un peu de partout sur la piste mais je n’ai pas réussi à changer de mode pour réaccélérer et changer de rythme. Il y avait moyen d’aller chercher mieux sur les skis…
« Je ne me suis pas amusée, je n’ai pris aucun plaisir sur les skis »
- Quelle est la raison de cette forme physique un peu moins bonne ?
C’est la piste. Elle est très monotone à Antholz, il n’y a pas de changement de rythme. En ce moment, avec la forme que j’ai, je suis plus forte quand il y a des changements de rythme dans lesquels je peux jouer en mettant le curseur à différents endroits selon la piste. Ici, il doit toujours être au même niveau. Je ne me suis pas du tout amusée, je n’ai pris aucun plaisir sur les skis. C’est un petit peu frustrant quand on est en forme, mais c’est le jeu.
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- Quoi qu’il se passe d’ici dimanche, vous allez aborder les Mondiaux de Pokljuka (Slovénie) dans de bonnes dispositions…
L’objectif, pour moi, avant les championnats du monde, est d’engranger de la confiance au tir parce que c’est ce qu’il me manque en ce moment. Ce qui était mon point fort et devenu mon point faible. Le but est d’arriver à lâcher sereinement mes balles. Cette course est une petite pierre ajoutée à l’édifice. Je reste sur le même rail.
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Photos : Nordic Focus