Biathlon : les confidences d’Anna Gandler à Nordic Magazine
Après être revenue sur son hiver, l’Autrichienne Anna Gandler – présente sur quatre cérémonies des fleurs lors des cinq dernières courses individuelles sur la coupe du monde de biathlon – a déjà la saison prochaine dans le viseur.
A 23 ans, la championne du monde jeunes de la poursuite, en 2020 à Lenzerheide (Suisse), et championne d’Europe juniors de l’individuel, un mois plus tard à Hochfilzen (Autriche), voudrait bien du dossard des moins de 25 ans l’hiver prochain. Un trophée que la Suédoise Elvira Oeberg ne pourra désormais plus convoiter – après l’avoir remporté lors des trois dernières années et ayant fêté ses 25 ans en février.
S’exprimant dans un français parfait – elle partage la vie d’Emilien Claude depuis maintenant plus de deux ans – Anna Gandler est revenue, pour Nordic Magazine, sur sa saison et son statut dans cette équipe autrichienne. Seconde partie de l’interview.
- C’était votre première saison à 100 % en coupe du monde, quelles leçons en tirez-vous de cet hiver ?
Il n’y a pas eu une grande différence par rapport à l’année dernière, parce que j’avais seulement fait l’IBU Cup d’Idre Fjäll [Suède], en début de saison, et j’avais tout de suite été intégrée en coupe du monde en suivant. L’année dernière, ça avait été dur pour la tête, parce que je n’étais pas habituée à enchaîner toutes les courses. Donc c’était difficile d’arriver à donner le maximum sur chaque épreuve en fin de saison. Je suis arrivée à mieux le gérer cette année, j’étais vraiment motivée pour Soldier Hollow et Canmore. J’ai été très professionnelle dans mon approche, je faisais attention à ma nourriture et aussi au jet lag.
- On a le sentiment que cela fait aussi partie de votre évolution, avec une saison en guise de confirmation où vous vous installez progressivement parmi les meilleures…
Je me sens à l’aise maintenant, parce que l’année dernière, je me disais : ‘Oh, je cours avec Denise Herrmann ! Regarde, il y a Johannes Thingnes Boe aussi’, et cette année, j’ai réussi à assimiler tout cela, comme si c’étaient mes amis ! (rires)
Avant, je me disais qu’elles [les stars du circuit féminin] étaient trop fortes, que je ne pouvais pas les battre. Mais, cette année, j’ai vu que c’était possible. Quand j’ai fini une première fois devant [Ingrid Landmark] Tandrevold, alors je me dis que je peux le faire plus souvent. Cela a vraiment changé, je les vois différemment maintenant, comme des vraies concurrentes.
- L’Autriche n’a obtenu qu’un podium cet hiver (avec la troisième place de Lisa Theresa Hauser et Simon Eder sur relais mixte simple d’Antholz), comment est-ce que vous caractériseriez cette saison collectivement pour votre pays ?
Ce n’était pas une super saison pour nous. On n’a pas vraiment d’explication en fait, il y a eu des changements de coachs, Lisa [Theresa Hauser] s’est entraînée toute seule en Suisse… mais elle a souvent été malade, dans l’été comme pendant la saison. Simon [Eder] a quand même eu une saison incroyable, parce qu’il ne faut pas oublier que c’est le plus vieux sur la coupe du monde. C’est incroyable qu’il puisse encore faire tout ça, de cette manière.
- Est-ce qu’il vous a dit s’il allait poursuivre sa carrière ?
Je pense que oui, il nous aurait dit au revoir sinon après la dernière course. Il est toujours super motivé. Je parlais avec lui la dernière fois, et je lui demandais s’il serait heureux que sa fille se mettait à faire du biathlon. Et il m’a répondu que ça serait un rêve pour lui. Je pense qu’il voudrait faire du biathlon jusqu’à ses 80 ans au moins ! (rires) C’est impressionnant. Mais je pense que son but, c’est d’aller jusqu’aux Jeux [à Milan/Cortina, en 2026].
- On voit un véritable changement de dynamique en Autriche, avec les filles qui prennent le pouvoir par rapport aux garçons. Comment le percevez-vous de votre côté ?
Chez les garçons, il n’y en a plus beaucoup qui sont super forts et qui peuvent jouer tout devant. Mais, chez les filles, en IBU Cup, la fin de saison a été super ! Les jeunes sont très fortes en ce moment, comme Anna Andexer et d’autres aussi. On a donc l’espoir, qu’à l’avenir, ça va bien marcher. Mais on verra. C’est super bien, parce qu’avant c’était l’inverse, les garçons étaient super forts et les filles pas du tout. Et maintenant, ça a changé !
- Est-ce que ces derniers résultats pourraient vous porter légitime à porter le costume de leader de cette équipe autrichienne ?
On n’a pas vraiment une ‘reine’ de la fédération. Que ce soit Lisa ou une autre, on est tous au même niveau, et je trouve ça super important. Ce n’est parce que tu as des bons résultats ou que tu fais mieux que les autres que tu dois avoir un leader. C’est sûr que tu regardes toujours ce que fait Lisa – et c’est un peu une idole quand même – mais quand on est entre nous, c’est important de ne pas se porter en tant que cheffe. J’ai l’impression que ce n’est jamais très bien et que ça peut surtout nuire à la cohésion au sein de l’équipe. Je ne suis pas du tout une grande fan de cela. Quand j’étais en internat, c’étaient toujours le plus vieux ou celui qui avait le plus de succès qui étaient les chefs. Et toi, quand t’es petite, tu ne peux rien dire. Pour ma part, je trouve que c’est un système qui ne fonctionne pas.
- Quel est votre rapport avec l’équipe de France dames ? Comment jugeriez-vous leur hiver ?
C’est une équipe super forte, vraiment incroyable. Je suis super contente pour elles – parce que je connais tout le monde là-bas – mais surtout pour Lou Jeanmonnot, qui est une fille super gentille. On a déjà fait des entraînements ensemble, et même le reste de l’équipe, ils sont tous très sympas. Cette année, j’ai aussi rencontré Justine [Braisaz-Bouchet] pour la première fois, parce que je ne la connaissais pas avant. Et elle est vraiment aussi super gentille, on a beaucoup parlé ensemble et c’était très cool. Alors je suis vraiment super contente pour elles que ça marche aussi bien. Mais j’espère maintenant que, pour les garçons, ça va aussi marcher de nouveau.
- Avez-vous hâte de retrouver le Grand-Bornand l’hiver prochain au calendrier ?
L’année dernière, c’était ma deuxième étape de coupe du monde. Je battais tous mes records personnels, j’ai même fait mon premier top 15 là-bas, donc j’avais adoré. C’était trop cool. J’ai trop hâte d’y retourner l’année prochaine !
- Vous avez terminé l’année dans le top 20 au classement général de la coupe du monde [dix-neuvième devant Sophie Chauveau]. Quels vont être vos objectifs pour la saison prochaine ? Le top 15, un podium, le dossard bleu… ?
C’était déjà un peu un objectif cette année, au début, le dossard bleu. J’ai voulu l’avoir au moins une fois ce dossard, même juste après la première course. Mais malheureusement, j’ai vraiment été mauvaise à ce moment-là [78e de l’individuel d’Östersund], alors c’était déjà trop compliqué. (rires) Mais pourquoi pas l’année prochaine ! Si je reste dans le top 20 de la coupe du monde, je serais déjà contente. Donc, c’est vraiment un podium que je veux et j’aimerais viser le dossard bleu.
- Qui aimeriez-vous voir gagner le gros globe l’année prochaine ?
Ce serait quand même cool si [Ingrid Landmark] Tandrevold venait à le remporter. Elle m’a vraiment fait beaucoup de peine sur la poursuite de Canmore. On était arrivées ensemble au dernier tir et on voyait Lisa [Vittozzi] déjà sortir du pas de tir avec le 5/5. Elle savait déjà qu’elle avait perdu le gros globe de cristal et j’ai eu tellement de pitié pour elle parce que ça a dû être vraiment dur à vivre ce moment. Et pourquoi pas Lou [Jeanmonnot] aussi, parce qu’elle était aussi super proche et qu’elle a fini deuxième finalement du général. Alors elle pourrait aussi mériter le globe. Donc Lou ou Ingrid je dirai… ou moi ! (rires)
- Comment va se dérouler l’été pour vous ?
On ne sait pas trop encore comment tout va s’organiser de notre côté, mais ce que je veux faire, cette année, c’est plus d’entraînements en altitude. C’est aussi pour penser aux Jeux, parce que c’est maintenant qu’il faut déjà commencer à les préparer. Mais où on ira, et ce qu’on fera, je n’en ai encore aucune idée. Tout ce que je sais pour le moment, c’est où on va aller en vacances ! (rires)
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