BIATHLON – Depuis novembre 2017, Anne-Sophie Bernadi est la voix du biathlon sur La Chaîne L’Équipe. À trois jours de la reprise de la coupe du monde, la journaliste de 30 ans revient, pour Nordic Magazine, sur le dispositif mis en place par sa chaîne en cet hiver perturbé par la Covid-19.
Bavarde, enjouée et passionnée. Ce sont peut-être les trois mots qui caractérisent le mieux Anne-Sophie Bernadi, commentatrice du biathlon en binôme avec Alexis Bœuf. Pour Nordic Magazine, à quelques jours de l’entame de son quatrième hiver comme voix du biathlon à la télévision, elle dévoile le dispositif mis en place cet hiver par La Chaîne L’Équipe et les évolutions induites par le coronavirus. Entretien.
- Ça y est, l’attente est presque terminée : la saison de biathlon reprend dans quelques jours…
Il y a beaucoup d’impatience mais aussi du stress, un peu de pression et l’impression qu’on ne sera jamais prêts… Mais c’est que de la bonne pression, on est très excités à l’idée d’y être, surtout que pendant longtemps on a cru que ce serait annulé ou décalé.
- Cette saison va effectivement être marquée par l’incertitude, chaque course sera une petite victoire sur le virus.
C’est sûr qu’il y aura beaucoup d’incertitudes parce que, a priori, les règles sanitaires locales primeront en dernier recours quant aux cas positifs à la Covid-19. Il y a forcément l’angoisse d’apprendre un cas positif au sein de l’équipe de France ou dans une autre : ce serait dramatique parce que tout le groupe serait écarté, comme avec les slalomeuses suédoises en ski alpin à Levi le week-end dernier.
- À cause des contraintes sanitaires, vous n’allez pas pouvoir commenter les courses depuis les lieux de compétition comme d’habitude…
On a fait le choix, pour des raisons liées au contexte sanitaire, de ne pas se déplacer avant février. On espère être aux championnats du monde de Pokljuka mais, d’ici là, on commentera depuis Paris. On a donc dû repenser notre façon de couvrir l’événement. Tangi Kerhoas et un autre JRI [journaliste reporter d’images, ndlr.] seront sur place où ils devront s’adapter pour concocter les séquences inside, notamment en donnant des GoPro aux athlètes. Évidemment, ça va être moins simple de retrouver l’équipe de France dans un hall d’hôtel comme avant mais Tangi est très bien intégré au groupe, il fait quasiment partie des meubles : on n’a pas de doutes concernant les informations qu’on va recevoir de sa part.
« Un consultant sera en plateau tous les week-ends […] On espère que Martin Fourcade passera nous faire un petit coucou ! »
- Vous parlez d’adaptation, de nouvelle façon de couvrir l’événement : qu’est-ce que cela implique ?
On va rendre le plateau plus dynamique. On sera trois en semaine toujours avec Messaoud Benterki à l’animation accompagné par Alexis Bœuf. La nouveauté, c’est que je suis aussi en plateau, à la différence des autres années. Le week-end, un consultant viendra s’ajouter : Marie Dorin-Habert pour les trois premiers week-ends et Vincent Defrasne pour celui avant Noël. Simon Fourcade interviendra également pendant la saison et on espère que Martin Fourcade passera nous faire un petit coucou avant la fin de l’hiver [rires].
- Concrètement, que cela change-t-il de ne pas commenter depuis le stade mais en studio à Paris ?
Je suis au chaud, à Paris, le soir je rentre chez moi. Je n’ai pas les pieds dans la neige pour arriver à la cabine et je ne croise pas Vincent Vittoz au pas de tir. Ça m’enlève de la couleur à mettre dans mon commentaire. Pourtant, comme on ne fait pas toutes les étapes en déplacement lors d’une saison, on a l’habitude et on s’adapte. J’ai pris le temps d’appeler tout le monde, ce que je n’aurais pas nécessairement fait les autres saisons parce que je sais que les auraient croisés sur le stade. Je me suis adaptée dans je ne crois pas que ça ait un vrai impact. Je ne suis pas très inquiète.
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- Cet hiver sera le premier sans Martin Fourcade : allez-vous revenir sur son arrêt pour lancer cette nouvelle saison ?
Je pense que c’est important de revenir là-dessus. La préparation de l’équipe de France a été marquée par sa retraite comme, sans doutes, les premières courses le seront. Après, je pense que les résultats, parce que je crois très fort au potentiel de cette équipe, vont assez rapidement l’éclipser. Le fantôme Martin Fourcade va sans doute planer sur la coupe du monde parce que Martin Fourcade restera toujours Martin Fourcade.
« Quand on m’a proposé le poste, je ne sentais pas du tout prête à commenter… »
- Vous allez commenter le biathlon pour la quatrième saison : quand on vous a proposé le poste de commentatrice en remplacement de Guillaume Claret en 2017, comment avez-vous réagi ?
Je n’étais vraiment pas emballée. L’hiver d’avant, j’étais JRI, comme Tangi maintenant, soit au plus près des athlètes et j’avais la sensation qu’en étant aux commentaires, je m’éloignerai d’eux. C’est assez paradoxal. Il y avait une frustration mais, surtout, je n’avais jamais rien commenté et je ne me sentais pas du tout prête à cela. Ce n’était pas mon projet initial mais Arnaud de Courcelles, le directeur de la rédaction de l’époque, m’a mise en confiance et j’y suis allée.
- Au fil des courses vous avez pris confiance : jusqu’à ne plus vouloir lâcher votre poste ?
Les premières courses ont été plutôt difficiles parce que je tâtonnais dans un exercice et un monde que je connaissais peu. Ça a été difficile mais j’ai beaucoup travaillé et, aujourd’hui, je prends beaucoup de plaisir. Cette notion de plaisir a été la plus difficile à aller chercher alors que j’en avais fais ma priorité. C’est une machine qui s’est bien rodée avec Alexis Bœuf à mes côtés, un consultant fantastique. Il m’a beaucoup facilité la tâche et, aujourd’hui, je suis très attachée au biathlon.
- Vous commentez le biathlon, un sport très télégénique au succès incroyable à la télévision : pourquoi cela fonctionne-t-il ?
Des fois j’ai l’impression que les gens se disent qu’on fait du cinéma quand on dit que tout peut encore se passer mais je n’en fais réellement pas des caisses. Les scénarios des compétitions m’ont donné raison : il peut tout se passer tout le temps et jusqu’à la fin de la course. Il y a une dramaturgie très importante et fantastique dans le biathlon. C’est ce qui fait tenir les gens. Et puis, pour le novice, c’est très facile d’accès : en grossissant le trait, il faut tirer dans les cibles et skier le plus vite possible. Enfin, l’engouement est porté par les résultats des Français. S’ils faisaient trentièmes à chaque course, les audiences ne seraient assurément pas au niveau actuel.
Photos/Vidéo : L’Équipe, Instagram Anne-Sophie Bernadi et Nordic Focus.