Biathlon : les dernières confidences de Chloé Bened
En fin de semaine dernière, la Haut-Savoyarde Chloé Bened, vingt et un ans, a annoncé mettre fin à sa carrière de biathlète. Vice-championne d’Europe juniors du sprint en 2022 et 2023, membre des équipes de France depuis deux ans et sélectionnées pour l’IBU Cup en tout début d’hiver, elle a décidé d’arrêter les frais après plusieurs mois de souffrances physiques et mentales.
Pour Nordic Magazine, Chloé Bened revient en longueur sur sa décision, se replonge dans sa carrière et se projette sur sa nouvelle vie. Entretien.
- Pourquoi avez-vous décidé de mettre un terme à votre carrière de biathlète à vingt et un ans seulement ?
Cela fait plusieurs années que je subis, entre guillemets, mes saisons. Cela fait trois hivers que je ne finis par l’année suite à des blessures. On l’occurrence, cette fois, ce sont le dos et les tibias. A force de faire des contre-performances, j’ai décidé d’arrêter avant d’être dégoûtée de ma passion.
- Pouvez-vous revenir sur vos blessures successives ?
Il y a le syndrome des loges au niveau des tibias. J’ai fait des injections de toxine botulique, mais cela n’a pas fonctionné. J’ai aussi un mal au dos dont je ne connais pas les causes. Malheureusement, je ne sais pas ce que j’ai… C’est aussi pour cela que j’ai lâché l’affaire mentalement cet hiver. Les médecins ne parvenaient pas à trouver d’où venait mon problème aux lombaires.
« C’est un déchirement parce que je n’ai pas pu aller au bout de tous mes objectifs »Chloé Bened à Nordic Magazine
- Quand avez-vous pris définitivement votre décision d’arrêter le biathlon ?
Entre 2023 et début 2024, il y a eu pas mal d’événements dans ma vie qui m’ont beaucoup touché tant physiquement que mentalement. Je n’arrivais plus à suivre. C’est au Nouvel An 2024 que je me suis dit qu’il fallait que je prenne une décision. Cela faisait déjà un an que j’y réfléchissais, mais comme j’avais été reprise à la Fédération au printemps dernier, j’étais repartie pour un an.

- Est-ce un déchirement d’arrêter le biathlon ?
Bien sûr ! Le biathlon, c’est une passion, un sport de famille que j’ai partagé avec ma sœur et mes parents, qui ont beaucoup investi là-dedans. J’ai été énormément soutenue par toute ma famille, donc c’est vrai que c’est un déchirement parce que je n’ai pas pu aller au bout de tous mes objectifs. En même temps, c’est un soulagement d’avoir pu arrêter au bon moment, avant d’être dégoûtée du sport, ce que je ne voulais pas.
« C’était une promesse qu’on avait et qu’on a tenu »Chloé Bened à Nordic Magazine
- Vous parliez de vos parents : votre papa a longtemps été votre entraîneur avant l’entrée dans les groupes fédéraux…
Je voulais vraiment le remercier pour toutes ces années, tout ce qu’il m’a apportée et tous les sacrifices qu’il a faits pour moi et pour nous, avec ma sœur. Il m’a accompagnée l’année où je suis tombée malade et on est revenus au plus haut niveau ensemble. Il m’a dit : « On va aller chercher et raccrocher le groupe ! » C’était une promesse qu’on avait et qu’on a tenu. C’est compliqué de lui dire en face donc je voulais lui faire une petite dédicace !

- Alors que vous aviez des grands rêves dans le biathlon, est-ce difficile de se dire que tout est dorénavant terminé ?
Oui et non. C’est difficile parce que, comme je l’ai dit juste avant, je ne suis pas parvenue à atteindre mes objectifs comme les championnats du monde juniors. Trois ans de suite, je n’ai pas réussi à y aller ! Je voulais aussi rester en IBU Cup et pourquoi pas monter en coupe du monde dans les années à venir. Après, je ne regrette absolument pas mon choix parce que ma vie ne s’arrête pas. Je savais déjà ce que j’allais faire après le biathlon.
« Je suis en train de passer un CAP esthétique »Chloé Bened à Nordic Magazine
- Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je suis en train de passer un CAP esthétique. Le but est de réussir mes diplômes, puis j’ai pour projet de partir travailler à l’étranger pendant une ou plusieurs années. C’est un choix personnel complètement différent du biathlon !

- Aviez-vous besoin de quitter le cocon du biathlon ?
Pour moi, le biathlon était une passion. Bien sûr, je n’arrêterai pas le sport parce que c’est super important et j’adore cela, mais c’était un chapitre de ma vie. Cette décision est personnelle, mais je voulais faire autre chose après le biathlon. Je ne voulais pas rester dans le biathlon et le milieu de l’entraînement.
« Je ne retiens que le positif du sport de haut niveau en général »Chloé Bened à Nordic Magazine
- En priorité, que retenez-vous de vos années biathlon ?
C’est que du bonheur ! Je ne retiens que le positif du sport de haut niveau en général, comme l’ambiance de groupe et des événements auxquels j’ai pu participer. Il y a aussi les moments passés en famille avec ma sœur. Cette année, on était dans le même groupe. On s’est entraînées ensemble, on s’est retrouvées et, là, j’ai l’impression de la laisser toute seule [rires]. Ces derniers mois et années de souffrance sont déjà oubliés. Je remercie tout le monde !

- Vos médailles obtenues arrivent donc derrière…
Les médailles, c’est du plus et l’aboutissement de tout ce que je viens de décrire. Une fois qu’il y a eu les entraînements de réalisés, il y a eu des médailles. Je retiens vraiment mes titres de vice-championne d’Europe juniors du sprint. A ce moment-là, je faisais mon biathlon et pas autre chose.
« Je veux juste dire merci et profiter une dernière fois avec tout le monde »Chloé Bened à Nordic Magazine
- Ce vendredi, lors de la mass-start des championnats de France, vous allez disputer votre ultime compétition : comment allez-vous l’aborder ?
Je veux faire cette dernière course en étant Chloé et en laissant un souvenir de moi avec de la joie de vivre et du sourire. Je veux juste dire merci et profiter une dernière fois avec tout le monde.
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