Biathlon : les confidences d’Eve Bouvard
Depuis l’été dernier, la biathlète savoyarde Eve Bouvard, vingt-quatre ans, évolue sous les couleurs de la Belgique, le pays de sa maman. Présente sur le circuit IBU Cup en décembre, la championne du monde juniors 2021 du relais avec la France a ensuite connu un mois de janvier difficile après une blessure à une épaule. Remise sur pied à temps, elle a participé, ces derniers jours, à ses premiers championnats du monde à Nove Mesto (République tchèque).
Rentrée à la maison à Chambéry (Savoie) en ce début de semaine, Eve Bouvard a accepté de se confier à Nordic Magazine. Entretien.
- Avant les Mondiaux, vous deviez découvrir la coupe du monde en janvier après avoir passé le début de saison en IBU Cup. Seulement, vous vous êtes blessée lors de la pause de Noël…
Juste après Noël, je me suis effectivement blessée lors d’une descente effectuée à la suite d’une sortie en ski de randonnée… Je me suis luxée l’épaule droite. J’ai pris une bonne semaine d’arrêt à cause de cela puis j’ai pu recommencer à m’entraîner sur home trainer. Trois semaines plus tard, j’ai skié de nouveau, d’abord sur un bâton puis avec deux. Quand je suis partie aux championnats du monde, j’avais repris avec deux cannes seulement une semaine avant ! J’ai donc abordé les Mondiaux sans entraînements intensifs, et, donc, avec un peu moins d’attentes que si je m’étais préparée idéalement.
- Comment avez-vous vécu les jours précédents votre entrée en lice aux championnats du monde, les premiers de votre carrière ?
On est arrivés un peu tôt sur le site, mais cela m’a permis de prendre mes marques sur ce stade de Nove Mesto que je ne connaissais pas. J’ai notamment pu m’habituer à la présence des immenses gradins, impressionnants même s’ils sont vides à l’entraînement. Ensuite, j’ai pu voir le relais mixte pour m’imprégner de l’ambiance et du bruit.
- Avec quels objectifs abordiez-vous le sprint, votre première course à Nove Mesto (République tchèque) ?
J’ai pris le départ du sprint sans trop savoir à quoi m’attendre et en ayant un seul objectif clair : profiter de cette expérience et des Mondiaux. Je n’avais pas d’ambitions sportives et je voulais seulement compter les points à la fin.
- Finalement, les courses se sont bien passées pour vous avec une quarante-neuvième place sur le sprint et la poursuite et une trente-cinquième lors de l’individuel…
Cela a plutôt bien marché ! Sur le sprint, j’étais très contente parce que c’était une course de reprise, que j’avais réussi à tirer à 9/10 et qu’il en manquait un peu sur les skis, mais que c’était assez logique après ma blessure. La poursuite s’est passée plutôt bien également. Sur l’individuel, c’était encore un peu mieux sur les skis donc, dans la globalité, c’étaient de bons Mondiaux pour moi.
- En plus, il s’agissait de votre toutes premières compétitions disputées au plus haut niveau international…
Derrière tout cela, il y avait aussi cet enjeu et l’appréhension liée à ces premiers Mondiaux. Il y avait beaucoup de choses nouvelles à gérer. C’était assez intéressant ! Globalement, en remettant dans le contexte, je suis assez satisfaite de mes performances. Rien que le fait de refaire des compétitions sans douleur, j’étais très contente. Je retiens aussi cette ambiance incroyable qu’on ne connaît pas sur le circuit national ou en IBU Cup. C’est juste fou.
- Justement, n’est-ce pas déstabilisant de passer du rien au tout au niveau de l’ambiance entre les IBU Cup et les Mondiaux ?
Cela dépend des athlètes, mais, personnellement, j’ai trouvé que ça poussait sur la piste. Il y avait des gradins dans toutes les montées, donc on sentait la ferveur et le bruit qui porte ! Sur le tir, en revanche, je suis tellement concentrée sur ce que l’on fait que je n’entends pas les spectateurs. Quand on arrive sur le stade, on entend tout ce bruit, mais, une fois sur le tapis, on oublie tout ce qu’il se passe autour.
- En fin de compétition, vous avez également participé au relais avec Lotte Lie, Maya Cloetens et Marine Debloem : y’a-t-il de la fierté d’avoir marqué l’histoire en prenant part au premier relais féminin de l’histoire du biathlon belge ?
Cela nous tenait vraiment à cœur de faire ce premier relais. Il n’y a pas forcément eu plus de pression ou d’attente, mais c’était quelque chose de spécial avec une petite émotion en plus. Personnellement, je suis très fière de prendre part à cette construction d’équipe et de voir qu’elle grandit et devient de plus en plus performante. On sait que, pour l’instant, on n’est pas une équipe qui peut jouer aux avant-postes tout au long d’une course. On prend nos marques, mais, comme je le disais avant, le groupe se construit et, à terme, peut-être dès les JO 2026, on sera prêtes et performantes.
- Plus globalement, au cours de cette première saison sous les couleurs belges, vous vivez beaucoup de nouveautés…
Il y a d’abord eu les IBU Cup. Même si j’en avais déjà fait par le passé [quand elle évoluait pour la France, NDLR], c’est toujours bien de se remettre dans le bain. Cela a été un peu compliqué sur la première étape, puis c’est allé beaucoup mieux ensuite. Après les Mondiaux, il y aura ensuite tout le mois de mars sur la coupe du monde pour moi entre Oslo-Holmenkollen, Soldier Hollow et Canmore [elle y sera avec Lotte Lie ; Maya Cloetens, hormis un passage par Oslo-Holmenkollen pour les épreuves mixtes, sera aux Mondiaux juniors puis en IBU Cup sur la fin de saison, NDLR].
- Par rapport à vos années françaises, êtes-vous différente et plus libérée mentalement depuis votre passage avec la Belgique ?
Je pense avoir évolué en tant qu’athlète. Avoir connu le comité, la Fédération française, de nouveau le comité et enfin la Fédération belge, m’a changé. Je suis maintenant capable de savoir pourquoi je fais du biathlon et c’est juste pour profiter des moments, être fière de moi à la fin d’une course. Je suis peut-être un peu moins dans la performance pure et déçue de moi-même quand je n’y arrive pas. Maintenant, j’ai une approche plus positive avec le plaisir en bandoulière. Cela se ressent forcément sur les résultats parce qu’il y a moins de pression.
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