Biathlon : une ascension fulgurante pour Tara Geraghty-Moats
Première athlète de l’histoire à remporter le gros globe de cristal de la coupe du monde féminine de combiné nordique, Tara Geraghty-Moats avait décidé de mettre entre parenthèses sa carrière dans cette discipline pour se tourner vers le biathlon en avril 2021. Un choix payant puisque l’Américaine a découvert l’IBU Cup ainsi que l’étage supérieur en participant notamment à l’épreuve du Grand-Bornand (Haute-Savoie) au mois de décembre dernier.
En plein cœur de sa troisième préparation estivale en tant que biathlète, elle veut avant tout servir d’exemple pour la jeunesse. « Je n’aurais jamais cru cela possible d’être la première à participer à des championnats du monde de combiné nordique, de saut à ski et de biathlon, indique-t-elle au micro de Madshus. J’espère que cela montrera aux jeunes athlètes que suivre des chemins non traditionnels mène à des réalisations inattendues. »
Rejoignant rapidement les rangs de l’équipe américaine évoluant sur la coupe du monde, la jeune femme de 30 ans avoue avoir été la première surprise de cette rapide ascension : « Je m’attendais à participer à l’IBU Cup mais le passage à la coupe du monde était surprenant et enrichissant. J’étais triste de ne pas être encore au niveau pour jouer devant lors des Mondiaux d’Oberhof. D’avoir la simple chance de skier aux championnats du monde était incroyable », déclare-t-elle.
Un manque de soutien financier en cause
Régnant sur le monde du combiné nordique lors de l’hiver 2020/2021, Tara Geraghty-Moats avait tout de même pris la décision de changer de sport. Un changement inattendu mais qui s’explique notamment par un manque de soutien problématique. « Je n’ai certainement pas arrêté le combiné nordique parce que j’avais perdu mon amour pour ce sport. […] J’ai arrêté le combiné nordique parce que le niveau de soutien dont je bénéficiais n’était pas suffisant. Je dois dire que beaucoup de gens ont essayé de m’aider et que j’ai pu collecter des fonds et travailler pour pouvoir participer à des compétitions, explique-t-elle. Malheureusement, chaque année, il m’a fallu beaucoup d’énergie et d’argent pour me rendre sur la ligne de départ. […] Je ne savais jamais si je pouvais me permettre d’aller à la prochaine compétition ou même de payer ma facture de téléphone. »
« Lorsque je faisais partie de l’équipe nationale, je n’étais pas autorisée à m’entraîner avec l’équipe masculine »Tara Geraghty-Moats à propos de son quotidien
en tant que combiné
Seule combinée à être retenue pour les épreuves dans l’élite à l’époque, la native de Lebanon (États-Unis) a aussi dû se battre pour espérer s’entraîner avec le groupe masculin : « Lorsque je faisais partie de l’équipe nationale, je n’étais pas autorisée à m’entraîner avec l’équipe masculine. Je m’entraînais donc souvent seule ou avec des juniors de dix ans de moins. C’était très étrange. Avec le recul, je ne sais vraiment pas comment j’ai pu réussir. […] Pour couronner le tout, si je me blessais, je n’avais pas accès aux soins médicaux. Le combiné nordique féminin n’était pas et n’est toujours pas un sport olympique, et je n’étais donc pas prise en charge par le comité olympique américain. J’ai couru, et gagné, avec des côtes totalement fracturées à un moment donné parce que je n’avais pas accès à une radiographie », avoue-t-elle.
Désormais ravie de sillonner le monde en tant que biathlète, Tara Geraghty-Moats ne regrette en aucun cas son choix : « Je recommande à tous les athlètes de donner la priorité à leur bien-être mental et physique dans leur carrière et de faire ce qu’il faut pour rester heureux et en bonne santé. À long terme, cela vous permettra d’être un meilleur athlète, même si, à court terme, cela peut sembler effrayant », termine-t-elle.
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