BIATHLON – La biathlète lettone Baiba Bendika, 28 ans, sort d’un hiver marqué par des très bons Mondiaux. Dans cette interview exclusive accordée à Nordic Magazine, elle explique la situation du coronavirus en Lettonie et revient, notamment, sur sa saison.
Dimanche dernier, la biathlète lettone Baiba Bendika postait sur les réseaux sociaux une photo prise depuis son vélo de course avec la mention « 100 km. » Forcément, à Nordic Magazine, cela nous a intrigués en cette période où le confinement est érigé en doxa dans la plupart des nations européennes. Bendika a donc accepté de nous expliquer les mesures mises en place dans son pays pour lutter contre le coronavirus. Nous en avons profité pour lui poser des questions sur son hiver, le meilleur de sa carrière, et le développement de son sport en Lettonie.
- Au dernier bilan, 548 cas de coronavirus étaient recensés en Lettonie pour deux décès : les autorités ont-elles pris des mesures pour empêcher la propagation du Covid-19 ?
Oui, il y a beaucoup de restrictions que nous devons suivre, et tout le monde a pour conseil de rester à la maison et de ne pas aller dans les lieux publics. Les écoles sont fermées et les gens travaillent depuis leur domicile.
- En en fin de semaine dernière, vous avez publié une photo sur les réseaux sociaux prise après une sortie cycliste d’une centaine de kilomètres : les mesures de confinement ne sont donc pas aussi strictes qu’en Italie ou en France ?
Nous pouvons encore sortir et, comme l’entraînement fait partie de mon travail, je sors ! Mais nous devons rester à deux mètres les uns des autres et les rassemblements de plus de deux personnes sont interdits. Pour l’instant, je ne vois pas pourquoi nous prendrions des mesures comme en Italie et en France. La Lettonie est beaucoup plus petite [1,92 million d’habitants l’année dernière, ndlr.], donc la situation est un peu différente des pays très peuplés.
« J’ai peu de chances de tomber malade »
- Avez-vous été contrôlée lorsque vous êtes revenue de Finlande après la fin de la coupe du monde comme Ole Einar Bjoerndalen et Darya Domracheva en Biélorussie ?
Non. À l’époque, la Finlande n’était pas en « zone rouge. » Mais, on nous a quand même conseillé de s’isoler pendant 14 jours et de vérifier notre état de santé.
- Avez-vous peur d’attraper ce virus ?
Je suis plus prudent que d’habitude. Lorsque vous êtes athlète, vous ne voulez jamais tomber malade. Je me désinfecte donc les mains le plus possible, mais, dans l’ensemble, je pense que la caravane du biathlon était un environnement sûr et j’étais heureuse que nous ayons pu courir aussi longtemps. Aujourd’hui, je me sens également en sécurité, car je vis dans une petite ville près de Cesis [dans le nord de la Lettonie, ndlr.], où il n’y a pas beaucoup de cas de coronavirus. Je reste à la maison où je m’entraîne et je vais faire les courses une fois par semaine. J’ai donc peu de chances de tomber malade.
- Comment voyez-vous l’avenir après cette crise sanitaire sans précédent ?
J’espère vraiment que la saison se déroulera comme prévu et que tout le monde pourra se préparer. Malheureusement, il pourrait y avoir des problèmes financiers, en particulier pour les petites équipes. Ce ne sera pas une année facile parce que les sponsors vont souffrir…
« Ma meilleure saison […] Je suis de plus en plus forte »
- Passons au sportif : êtes-vous contente de votre hiver 2019/2020 ?
Oui ! Cela a été ma meilleure saison jusqu’à présent [elle est en coupe du monde de façon pérenne depuis 2015/2016 mais y a fait ses premiers pas à la fin de l’année 2011, ndlr.]. Je suis de plus en plus forte et rapide année après année. Grâce à cela, mes ambitions augmentent chaque hiver. Je voulais en faire encore plus cette saison, mais, dans l’ensemble, je suis satisfaite !
- Vous avez réalisé vos meilleurs résultats lors des championnats du monde d’Antholz : vous aviez tout misé sur ce rendez-vous ?
Les Mondiaux sont ce dont je suis vraiment fière. C’est incroyable d’écrire une nouvelle page pour le biathlon féminin letton ! J’adore courir en montagne, j’étais donc prête pour Antholz [où le stade de biathlon est situé à 1 600 mètres d’altitude, ndlr.]. J’ai mieux tiré que lors du reste de l’hiver, donc c’était un championnat du monde parfait pour moi avec des résultats dans les 30 meilleures (douzième du sprint, neuvième de la poursuite, 25e de l’individuel et 18e de la mass start, ndlr.].
- Pensez-vous que vous auriez pu mieux faire sur certaines courses ?
Beaucoup de mes sprints ont été décevants, souvent avec deux tours de pénalités. Il était ensuite plus difficile d’obtenir de bons résultats lors des poursuites et, donc, de me qualifier pour les mass starts. En obtenant plus de points en début de saison, je pense que j’aurais facilement atteint le top 30 au général [elle termine 32e, ndlr.].
« Vous me verrez sur les podiums la saison prochaine »
- Que vous a-t-il manqué pour aller chercher les premières places et entrer, pourquoi pas, sur le podium ?
J’ai besoin d’apprendre à gagner ! Je dois saisir les opportunités quand elles se présentent. Je sais que je ne peux pas gagner toutes les courses mais il y a des conditions qui me conviennent mieux que les autres et je dois en profiter. Je pense que ce n’est pas facile de se mettre à gagner lorsque tu n’as pas hérité d’un grand talent depuis l’enfance. Pour moi, chaque année est un différente car, à mesure que je deviens plus forte, je suis aussi dans une situation nouvelle ! Mais je sais que je vais y réussir et vous me verrez sur les podiums la saison prochaine.
- Le biathlon n’est pas très développé en Lettonie : comment gérez-vous cette situation ?
Nous n’avons tout simplement pas assez de jeunes qui se mettent au biathlon. Il y a beaucoup d’autres sports à choisir et le biathlon n’est pas le choix le plus « facile » pour les parents. Mais nous avons vraiment une bonne fédération, qui est presque notre deuxième famille, qui travaille beaucoup pour que l’on soit compétitifs dans le grand monde du biathlon. Notre comité olympique joue également un rôle important : il m’aide financièrement.
Photos : Nordic Focus et Instagram.