Après avoir tourné autour des podiums mondiaux juniors pendant trois saisons, Camille Bened, à 20 ans, est devenue championne du monde de l’individuel sur les pistes d’Obertilliach (Autriche) en février dernier. Elle succédait ainsi à Marion Blondeau, seule Française à avoir réalisé cette performance dans la spécialité, titrée en 2006 à Presque Isle (États-Unis). En montant sur son premier podium en IBU Cup et en décrochant sa quatrième couronne mondiale de suite en relais, l’hiver de la skieuse de Châtel (Haute-Savoie) est une réussite.
Pour Nordic Magazine, Camille Bened a accepté de se replonger dans le meilleur hiver de sa carrière. Entretien.
- Votre hiver a été marqué par deux titres mondiaux juniors décrochés à Obertilliach (Autriche) dont votre premier en individuel : le bilan est donc forcément positif pour vous…
C’est sûr qu’avec un titre planétaire et un premier podium IBU Cup, je ne vais pas me plaindre de mon hiver. Malgré tout, sur certaines courses, il y a des regrets parce que j’avais moyen de faire mieux. Mais le bilan global reste plus que positif.

- Dès la deuxième course de la saison internationale, vous montez sur le podium à Arber, en Allemagne : c’était la meilleur façon de lancer votre hiver…
Sur la première course, j’étais moyenne, autant sur le tir que sur les skis. Avoir réagi dès le lendemain en montant sur le podium, ça permettait de lancer comme il le fallait la saison et de montrer que j’allais pouvoir jouer tout l’hiver. Ça m’a permis de me prouver tout cela.
« Je me suis mise à pleurer dans l’aire d’arrivée »Camille Bened à Nordic Magazine
Ensuite, lors des championnats d’Europe seniors disputés en Pologne, je n’étais pas en confiance… C’était une mauvaise passe pour moi, mais on a fait un bon stage de préparation qui m’a permis de bien revenir.
- Lors des championnats du monde d’Obertilliach (Autriche), vous être sacrée lors de l’individuel : était-ce un soulagement d’enfin être titrée en solitaire ?
Ça a vraiment été une immense joie. La veille, ça ne s’était pas bien passé pour moi, j’avais eu des petits problèmes avec ma carabine, j’étais complètement en stress. Une fois la course lancée, tout s’est déroulé parfaitement avec le 20/20 et des bons temps de ski. Je ne pouvais pas faire une meilleure course et, sans savoir le résultat, je me suis à pleurer dans l’aire d’arrivée. Toute la pression est redescendue d’un coup.

- Vous étiez satisfaite de votre travail à ce moment-là…
Exactement. C’était un soulagements et, surtout, une grande satisfaction. Quand on travaille, quand on s’entraîne quasiment huit mois de l’année et que ça fait un bon nombre d’années qu’on cherche à être la meilleure, le titre qui arrive enfin, c’est une grosse récompense. Ça donne envie d’aller plus loin et de gagner encore plus.
« C’est assez incroyable qu’on ait réussi à remporter ce titre quatre années de suite, je n’ai pas vraiment d’explication »Camille Bened à Nordic Magazine
- Après ce titre, vous terminez deux fois quatrième sur le sprint puis la poursuite : la frustration vous-a-t-elle gagné à ce moment-là ?
Pas forcément concernant le sprint parce que l’objectif qu’on s’était fixé avec Simon [Fourcade], c’était de se placer. Une quatrième place à une trentaine de secondes, c’était correct, j’étais contente. C’est plutôt sur la poursuite qu’il y a de la frustration parce que je me suis laissée emballer par les choses et j’ai fait un peu n’importe quoi. Cette quatrième place, c’est le pied du podium… Il me manque quelque chose.

- La semaine s’est tout de même terminée en beauté avec un quatrième titre mondial de suite en relais pour la France et pour vous : qu’est-ce qui fait, d’après vous, la force de cette équipe ?
Je ne sais pas trop… Je dirais juste qu’on avait toutes envies de bien faire et que chacune est arrivée à faire son travail sans surjouer et en restant dans ses bases. L’empilement de chaque course a donné ce résultat. C’est assez incroyable qu’on ait réussi à remporter ce titre quatre années de suite, je n’ai pas vraiment d’explication. J’ai eu la chance d’être dans le relais quatre années de suite, j’en suis fière !
« J’ai quasiment amélioré mon pourcentage de réussite de dix points »Camille Bened à Nordic Magazine
- D’autant que les compositions changent chaque année…
La première année, j’étais avec Lou Jeanmonnot et Myrtille Bègue, la deuxième avec Sophie Chauveau et Lou, la troisième avec Lou Anne Chevat, Laura Boucaud et Paula Botet et cette année avec Paula, Eve Bouvard et Sophie. Ça change toutes les années avec, au moins, un élément nouveau. Je suis super fière que les coachs m’aient fait confiance pour m’aligner sur le relais des Mondiaux juniors quatre hivers de suite.

- Qu’avez-vous pensé de votre tir tout au long de l’hiver ?
Cette année, je suis relativement contente de mon tir parce que je suis parvenue à être plus régulière que l’hiver d’avant où je pouvais bien comme très mal tirer. J’ai quasiment amélioré mon pourcentage de réussite de dix points. Je suis contente d’avoir réussi à mettre en place cette régularité et, surtout, une adaptation sur mon tir.
- C’est la travail de l’intersaison qui a payé…
On a effectivement beaucoup travaillé sur ce secteur et ça commence à payer !
« Comme toute personne tournant en IBU Cup, j’ai dans un coin de ma tête de monter en coupe du monde »Camille Bened à Nordic Magazine
- Au niveau physique, comment vous êtes-vous sentie ?
Sur les skis, c’était soit très bon, soit pas bon du tout. Ça a été assez compliqué là-dessus parce qu’il y a eu des jours où je me sentais très bien et d’autres où je n’étais pas capable de rivaliser. J’ai pu parler avec mes coachs et on a tiré les points à améliorer et à travailler pendant la préparation.

- La prochaine étape pour vous, c’est de monter en coupe du monde : y pensez-vous souvent ?
Comme toute personne tournant en IBU Cup, j’ai dans un coin de ma tête de monter en coupe du monde. Après, ça risque d’être compliqué pour la saison prochaine avec les Jeux olympiques. Je préfère d’abord me concentrer sur l’IBU Cup, montrer de belles choses sur ce circuit-là. On verra ensuite ce qu’il se passera durant l’hiver.
« Je sais qu’il va falloir que je travaille sur les skis pour éventuellement aller en coupe du monde et y faire de belles choses »Camille Bened à Nordic Magazine
- Voir Lou Jeanmonnot s’épanouir en coupe du monde à Nove Mesto (République tchèque) et Östersund (Suède) doit vous donner envie d’y aller…
Forcément ! Lou s’est entraînée avec nous, sur les compétitions, j’étais parfois devant elle. Voir qu’elle réussit à faire des très belles choses en coupe du monde, on se dit : « Pourquoi pas nous ? » On a envie d’y aller même si c’est un niveau au-dessus. Je sais qu’il va falloir que je travaille sur les skis pour éventuellement y aller et y faire de belles choses.
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