Biathlon : première médaille européenne pour Camille Bened
Blessée au coccyx et à l’épaule gauche au début du mois de novembre après avoir été victime d’une chute sur le snowfarming de Bessans (Savoie), la Chablaisienne Camille Bened a retrouvé le chemin des compétitions internationales depuis début janvier. Présente sur les trois étapes de l’IBU Cup du mois, dont les championnats d’Europe de Brezno-Osrblie (Slovaquie) la semaine passée, la Haut-Savoyarde monte actuellement en puissance.
Sacrée dimanche vice-championne d’Europe du relais mixte, Camille Bened – quelques minutes avant de faire le trajet pour Arber (Allemagne), lieu de la prochaine manche du circuit B – s’est confiée à Nordic Magazine. Entretien.
- Après trois semaines passées sur le circuit IBU Cup à la suite de votre blessure, quel bilan faites-vous ?
Cela s’est plutôt bien passé ! La première semaine a été assez dure à Martell où il y avait des conditions de neige un peu lentes et c’était une piste en altitude assez difficile. Pour un retour à la compétition, ce n’est pas forcément le site le plus simple, mais, course après course jusqu’aux championnats d’Europe, cela allait de mieux en mieux. J’obtenais un meilleur résultat à chaque course et je sentais que la forme arrivait petit à petit. Il y a eu de très belles choses sur les skis, notamment aux championnats d’Europe, donc je suis plutôt contente de ce que j’ai fait sur ce mois de janvier. Cela laisse envisager une belle suite pour la fin de saison.
- A votre retour, comment vous êtes-vous sentie, notamment mentalement, alors que vous lanciez votre hiver de façon décalée ?
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’étais beaucoup dans l’inconnue quand je suis arrivée sur l’IBU Cup. On n’avait pas fixé d’objectifs avec les entraîneurs. Sur la première semaine, l’idée était vraiment de reprendre des marques et d’évoluer au fil des jours. Je suis un peu allée dans l’inconnue parce qu’on ne savait pas si j’allais être capable de jouer un top 20 d’entrée ou s’il allait falloir être un peu plus patiente. Finalement, il a fallu un petit peu de patience sur la première semaine, mais, aujourd’hui, je suis plutôt contente !
« Être au départ à Martell, c’était déjà une petite victoire pour moi »Camille Bened à Nordic Magazine
- Votre montée en puissance est-elle un soulagement ?
Oui. Début novembre, j’étais dans le flou à ne pas savoir si j’allais pouvoir courir ne serait-ce qu’une fois dans la saison… Au début, les médecins avaient l’air de m’annoncer un retour sur les skis mi-janvier et un retour à la compétition, éventuellement en février. Ce n’était pas forcément ce que je voulais, donc, quand je suis partie en rééducation, j’ai travaillé dur pour revenir au plus vite. Pour moi, c’était début janvier. Je voulais vraiment être de retour pour la nouvelle année et tout remettre à zéro à cette occasion. Ensuite, j’ai eu l’accord du médecin pour repartir comme je le voulais et j’étais vraiment satisfaite de pouvoir signer mon retour. Être au départ à Martell, c’était déjà une petite victoire pour moi, même si les résultats n’étaient pas là.
- La semaine suivante, à Ridanna (Italie), vous monte sur le podium en relais mixte simple avec Théo Guiraud-Poillot…
Ce podium était totalement inattendu ! Avec Théo [Guiraud-Poillot], on était clairement outsiders de cette course. Le matin, on se disait qu’on allait se faire plaisir et que ça allait être sympa, mais on n’était pas attendus ! Après mon premier relais, on était à la lutte, puis il me repasse la main toujours à la lutte pour le podium. On faisait quelque chose de vraiment solide et, à la fin de cette course, il y a eu beaucoup d’émotion parce que ce n’était pas prévu. Faire un podium en retour de blessure, ça faisait vraiment du bien.
« Je suis très reconnaissante de la confiance que les coachs ont pu m’accorder »Camille Bened à Nordic Magazine
- Dimanche, lors du relais mixte des championnats d’Europe, vous êtes également montée sur le podium en prenant l’argent et en terminant la course, à la bagarre avec les meilleures…
Tout au long de la course, avant mon passage, je surveillais en m’échauffant. Au début, j’ai vu qu’on avait pris un départ assez difficile avec Théo [Guiraud-Poillot] qui s’est fait piéger par le vent. On s’est retrouvés dans le milieu du paquet et, ensuite, je repasse devant le technicien qui me dit qu’Antonin [Guigonnat] a fait un tir incroyable. C’était vraiment motivant puis Océane [Michelon] me passe le relais avec l’Italienne. Il fallait assurer et aller chercher ce podium pour l’équipe. Sur le dernier debout et l’ultime boucle de ski de fond, on s’est même mis à envisager la victoire, donc c’était vraiment sympa.
- Que représente cette médaille européenne pour vous ?
Beaucoup de choses. De la satisfaction et du bonheur, d’abord, parce que j’ai eu une année 2023 vraiment très compliquée avec beaucoup de blessures et de surentraînement. Je suis vraiment contente de ce qui a pu être mis en place et, surtout, je suis très reconnaissante de la confiance que les coachs ont pu m’accorder. Ce n’était pas évident de parier sur moi il y a trois semaines en m’emmenant en IBU Cup. On n’avait aucun repère et on ne savait pas où je pourrais me situer. Je suis extrêmement fière de ce que j’ai pu accomplir ces trois derniers mois pour réussir à revenir au plus haut niveau.
« Il y a le ski dans ma vie, mais je sais que ma blessure aurait pu être plus grave et arrêter ma carrière du jour au lendemain »Camille Bened à Nordic Magazine
- Vous pensez donc être revenue à votre meilleur niveau…
En tout cas, dimanche, sur le relais mixte, sans vouloir être prétentieuse, je pense avoir été à armes égales avec Maren Kirkeeide.
- Pour retrouver ce genre de performances, avez-vous puisez dans des ressources insoupçonnées ?
Pas vraiment… J’ai appris de nouvelles choses ces derniers mois, notamment au niveau mental, en étant plus résiliente et en prenant beaucoup plus conscience des choses. Il y a le ski dans ma vie, mais je sais que ma blessure aurait pu être plus grave et arrêter ma carrière du jour au lendemain. Aujourd’hui, je suis plus dans un état d’esprit à vivre, entre guillemets, au jour le jour et à vouloir prendre tout ce qu’il est possible de prendre.
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