Biathlon : les confidences de Camille Bened
En cette saison 2023/2024, la biathlète chablaisienne Camille Bened a tout connu. L’échec avant même le début des compétitions internationales lorsqu’elle se brisait le coccyx et se luxait une épaule sur le snowfarming de Bessans (Savoie). L’espoir, ensuite, en rééducation à Capbreton (Landes). Le renouveau, enfin, à partir du mois de janvier quand elle retrouvait l’IBU Cup sans même passer par la case des sélections.
Performante sur ce circuit jusqu’à la fin de l’hiver, la Haut-Savoyarde y signait plusieurs podiums, dont deux individuels, pour terminer sa saison sur un bilan positif. Pour Nordic Magazine, Camille Bened a accepté de se confier. Entretien.
- Vous venez de terminer une saison pas comme les autres. Quel bilan en faites-vous ?
Dans l’ensemble, je suis plutôt satisfaite du retour que j’ai pu faire. Vu où j’étais début novembre, il n’y avait pas grand-chose qui laissait espérer que je puisse revenir aussi vite et bien. On m’avait dit que je skierai de nouveau seulement en février et je n’ai pas voulu me limiter à cela. Avant de partir [en rééducation] à Capbreton, j’avais dit au médecin de la Fédération [Lenaïc Minjollet, NDLR] que je serai sur les skis en janvier. Avoir pu faire des podiums et avoir été présente dans les relais en IBU Cup, c’est vraiment quelque chose qui me satisfait.
- Quand vous revenez sur votre hiver et que vous voyez vos belles performances des dernières semaines, y a-t-il de la frustration de vous dire que, sans votre blessure, vous auriez pu faire bien plus ?
Forcément, il y en a un petit peu. Après l’hiver compliqué que j’avais déjà eu l’année d’avant, voir que j’ai réussi à revenir et à jouer des podiums à la suite de cette blessure, il y a ce sentiment de se demander ce qui aurait pu se passer si je n’avais pas été blessée…
- D’autant qu’il y a un an, dans nos colonnes, vous expliquiez que c’était à vous de faire le nécessaire, justement, pour rejoindre les autres Françaises…
A la suite de mon surentraînement, cet automne sur les Summer Tour, j’étais en train de monter en puissance et de revenir à un niveau qui était le mien depuis quelques années. La blessure est venue mettre un coup d’arrêt à tout cela. On se demande pourquoi le sort s’acharne, surtout que j’avais eu la fracture du poignet pendant l’été… 2023 n’était vraiment pas mon année [rires] !
- Le jour où le diagnostic a été posé sur votre blessure (coccyx cassé et épaule gauche luxée), auriez-vous cru à ce bilan de saison ?
Je ne pense pas que j’y aurais cru. [Elle réfléchit] En fait, je ne sais pas, parce que le diagnostic de la blessure s’est fait en plusieurs étapes. Au début, les premiers jours, je pensais que cela allait assez vite revenir pour arriver ensuite à faire une belle saison. Finalement, une semaine et demi après, quand le diagnostic final est tombé, je pensais un petit peu moins parvenir à faire de belles choses. Je me suis dit qu’il allait falloir être patiente et j’avais peur de faire une saison blanche après l’hiver compliqué d’avant. Cela aurait vraiment été dur pour moi.
- Après les championnats d’Europe, vous nous aviez confié que votre mois de janvier vous laissait présager de belles choses. Vous êtes bel et bien parvenue à poursuivre sur votre lancée…
Dès Arber [début février], j’ai réussi à monter sur le podium, qui plus est sur un sprint. Cela voulait dire que j’avais retrouvé un niveau sur les skis plutôt intéressant, pour pouvoir jouer sur ce format où il faut être rapide sur la piste et, en même temps, bien tirer. J’étais vraiment contente de cette course, qui m’a permis d’envisager le dernier bloc à Obertilliach avec un peu plus de sérénité, et l’envie d’aller jouer avec les autres en me sentant capable de monter sur le podium. Ce que je suis parvenue à faire.
- Après deux podiums en relais en janvier, vous avez donc décroché un top 3 individuel à Arber (Allemagne). Etait-ce différent à vivre par rapport aux podiums collectifs ?
Le premier podium en relais, c’étaient des grosses émotions, mais, là, en individuel, c’était différent. C’était plus un soulagement de me dire que j’étais revenue et que je pouvais y arriver également. Quand on voit les autres réussir et avancer, alors que l’on vit une année et demi compliquée, on se demande si on va réussir à revenir à leur niveau. Y arriver, ça soulage et permet de commencer à revenir, entre guillemets, dans le match.
- Mentalement, comment ressortez-vous de cette année et demi difficile, marquée par un surentraînement puis cette grave blessure ?
J’en ressors plus forte, et surtout grandie. Même si ce n’était pas une période très agréable, j’ai appris énormément de choses. Réussir à tirer le positif de toute cette galère m’aidera à avancer encore plus dans l’avenir.
- Alors que ce nouveau coup dur aurait pu vous décourager, vous avez fait preuve de persévérance pour revenir…
Aujourd’hui, je pense que ma force de caractère est ma plus grande qualité. J’ai su prouver à plusieurs reprises que, quand je me mettais à fond dans quelque chose, je le faisais jusqu’au bout. L’exemple typique, c’est le relais des finales de l’IBU Cup de Canmore, l’année dernière, où j’étais plus qu’épuisée. Pour les autres, j’ai réussi à mettre tout ce qu’il me restait pour permettre à ce relais de finir sur le podium.
- Vous étiez dans le groupe France lors de la quête du gros globe de cristal d’Océane Michelon en IBU Cup. Comment avez-vous vécu cela ?
On était tous très contents ! Sa victoire montre que l’équipe de France a un très gros groupe féminin. Ce n’est que du positif, d’autant qu’elle offre un quota supplémentaire pour le début de la prochaine coupe du monde, ce qui est vraiment top. On a besoin de places vu la densité que l’on a aujourd’hui chez les filles. Au-delà de cela, c’est une belle récompense pour Océane [Michelon], qui a travaillé dur tout l’été. On a eu un groupe féminin qui n’a pas été épargné par les pépins pendant la préparation, mais ça montre qu’on s’est énormément tirées vers le haut.
- Dans ce groupe, il n’y aura plus Chloé Bened, votre petite sœur qui a décidé d’en finir avec le biathlon : comment vivez-vous son arrêt ?
Cela a été dur quand elle me l’a annoncé ! On a toujours tout partagé ensemble. Il va me manquer une partie. Pour l’instant, je ne m’en rends pas encore trop compte parce que ça va être la trêve, mais quand je vais repartir toute seule à l’entraînement, je pense que ça va me faire bizarre. Il va falloir y aller toute seule [rires] !
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