BIATHLON – La jeune biathlète Caroline Colombo accorde un entretien à Nordic Magazine et revient sur cette saison remplie de surprises.
Caroline Colombo a accédé à sa première coupe du monde de biathlon cette saison. Cette montée au plus haut niveau survient seulement un an et demi après sa blessure à la cheville qui aurait pu la contraindre à arrêter sa carrière juvénile. Cette saison, elle a remporté trois IBU cup et participé à neuf coupes du monde.
- Caroline Colombo, lors de la première course de la saison en IBU cup, vous avez terminé à une jolie 5e place. De quoi parfaitement lancer votre hiver plus d’un an après votre opération de la cheville, non ?
À vrai dire, après avoir été à la cérémonie des fleurs, je me suis retrouvée avec mes entraîneurs, on s’est regardé et, avec un petit sourire, on s’est clairement dit qu’elle était surcotée cette 5e place.
Elle m’a fait énormément de bien, mais je ne me sentais pas vraiment à ma place. Et puis, c’était la première fois que j’avais la sensation de ne pas avoir fait toute cette rééducation et ces sacrifices pour « rien ».
- Vous aviez donc des inquiétudes ou des doutes sur votre forme avant ce début d’hiver ?
Complètement, je discutais beaucoup avec mes entraîneurs. Je leur demandais souvent le ressenti qu’ils avaient par rapport à moi car je n’arrivais pas du tout à évaluer mon niveau.
J’étais intimement persuadée que j’allais revenir au haut niveau mais pas aussi rapidement dès ce premier hiver.
- La victoire sur l’individuel d’Obertilliach vous a offert votre premier ticket pour la coupe du monde. Et sans doute beaucoup plus à l’intérieur de vous-même ?
Sur le podium, c’était beaucoup de joie mais c’est surtout après le contrôle antidopage où je me suis retrouvée seule dans le stade en face du podium, c’est à ce moment-là que j’ai ressenti le plus de fierté. Je me suis souvenue de tous les moments difficiles où j’ai pensé arrêter le haut niveau.
- Au début de la saison, participer à une coupe de monde était plutôt un objectif ou un rêve ?
Je n’osais même pas en rêver en début de saison tellement je n’y croyais pas.
Je m’étais fixée une multitude d’objectifs tout au long de l’hiver pour réussir mon projet de monter sur la coupe du monde, mais entre nous je l’avais plutôt prévu pour dans 2 ou 3 ans.
- Début janvier, vous disputez donc votre première coupe du monde à Oberhof en Allemagne. À quoi pensiez-vous dans le portillon de départ, sur ce stade mythique ?
Avant le départ, j’ai pris 2 min pour bien observer le monde dans les tribunes afin de ne pas être surprise à mon arrivée avant le tir.
J’ai simplement essayé de contextualiser la situation : « allez Caro, tu vas faire une course de biathlon comme tu sais faire. Tu as 7,5 km à parcourir le plus vite possible et viser tes 10 balles au centre à 50 m comme d’habitude, fais les choses simplement ça va bien se passer ! ».
Et entre nous, j’avais oublié de me dire de respirer correctement dès la première bosse avec les milliers de personnes qui criaient au bord de la piste… J
- Trois victoires en IBU Cup, dont la dernière mass-start de l’hiver, et 9 départs en coupe du monde dont les finales à Oslo : vous auriez signé pour pareilles statistiques cette année ?
Sans hésitation ! J’aurais même relu le contrat plusieurs fois pour chercher la faille.
- Que vous a appris l’enchaînement des départs sur la coupe du monde de biathlon ?
Beaucoup d’expérience sur la gestion de course… et puis plein de petits détails techniques que j’ai hâte de mettre en place à l’entraînement très prochainement.
- Sur la coupe du monde, vous avez pu vous appuyer sur un tir solide. Mais avez-vous également pu jouer face aux cibles, vous qui adorez ça ?
Absolument et du début jusqu’à la fin ! Mon dernier tir debout de la poursuite à Oslo je ne jouais plus rien, je me suis dit « amuse toi c’est le dernier » et je réalise le plein en 18sec. Je me suis régalée ! C’est cet état d’esprit qui m’a permis d’obtenir un bon pourcentage de tir.
- Si on se tourne vers l’avenir, quels seront globalement vos prochains objectifs pour l’hiver prochain et les trois suivants ?
Mes principaux objectifs sont techniques. Je veux gagner du temps sur les skis, j’aimerais me rapprocher de la minute en temps de ski par rapport aux meilleures mondiales tout en gardant mes qualités en tir. Si je réussis ça au niveau des résultats, ça se traduira sûrement par 1 ou 2 top 15 et peut-être une première sélection sur un relais une fois dans l’hiver.
Pour le reste c’est trop loin, je sais de quoi je parle pour dire qu’il peut se passer beaucoup de choses en 3 ans…
Photo : Nordic Focus Photo Agency
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