Biathlon : Caroline Colombe a décidé d’arrêter sa carrière
Caroline Colombo et le biathlon, c’est bel et bien terminé. Ce mercredi après-midi, dans une émouvante vidéo postée sur Instagram, la Meuthiarde a effectivement annoncé mettre un terme à sa carrière de sportive de haut niveau. Touchée par une neuropathie qui l’empêche de pratiquer sa discipline, elle s’arrête donc à 28 ans, après deux podiums décrochés en coupe du monde.
Quelques minutes après l’officialisation de sa retraite, Caroline Colombo a accepté de se confier une dernière fois à Nordic Magazine. Entretien.
- Êtes-vous soulagée d’avoir annoncé votre décision d’arrêter votre carrière de biathlète ?
Je suis soulagée de pouvoir le dire tranquillement. C’est vrai que j’avais compris depuis plusieurs semaines que c’était la fin, mais je n’étais pas forcément prête à en parler. J’avais envie d’avoir assez de recul par rapport à tout cela. Je me sens soulagée et j’ai vraiment envie de passer à autre chose et de pouvoir vraiment me concentrer sur ma vie et ma santé. C’est une belle étape de le dire et de l’assumer.
- A quel moment avez-vous compris que votre carrière ne pouvait plus continuer ?
Le moment où je l’ai compris, c’est quand je suis allée en stage avec les juniors fin novembre à Bessans. J’avais testé des traitements [pour ma neuropathie] et ça ne marchait pas… Je n’ai pris aucun plaisir sur ce stage alors qu’il y avait de la neige partout. C’était vraiment dur pour moi. Ne prendre aucun plaisir dans des conditions optimales, je me suis dit que ce n’était pas ça le biathlon que je voulais faire. Il fallait que je m’écoute et que je prenne soin de moi. Cela m’a permis de réaliser ce qu’il se passait.
- Avez-vous refait du biathlon depuis ?
Non ! Je n’ai pas retiré. Mon dernier biathlon, j’ai fait 20/20 et j’ai décidé que c’était le dernier et que je retirerai plus après ça [rires].
« Cela a été très émouvant de le dire aux personnes que j’aime et qui ont compté pour moi »Caroline Colombo à Nordic Magazine
- Est-ce donc depuis fin novembre que vous savez que vous allez arrêter ?
J’ai compris à ce moment-là que je ne pourrais plus me réentraîner en ayant autant de douleurs que pendant la dernière année. J’avais envie de passer à autre chose et de prendre du plaisir dans ma pratique. L’année écoulée a vraiment été une année de résilience où je me suis dit que ça pourrait passer et qu’il fallait garder de l’entraînement pour avoir les armes au moment où ça passerait. Quand je vois que mes soucis de santé ne passaient pas, c’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait passer à autre chose.
- Y a-t-il eu de l’émotion lorsque vous avez décidé d’arrêter votre carrière ?
Cela a été très émouvant de le dire aux personnes que j’aime et qui ont compté pour moi. J’ai voulu les appeler ou leur dire en face, notamment ceux qui ont participé à construire ce petit édifice. C’est quelque chose d’émouvant et, parfois, je n’arrive pas à me dire, même si je le sais, que c’est terminé. Je suis dans le biathlon depuis 28 ans ! C’est spécial et encore touchant.
« Me dire qu’il faut passer à autre chose, ça fait quand même bizarre ! »Caroline Colombo à Nordic Magazine
- Le biathlon était effectivement, jusque-là, votre vie…
Clairement ! Depuis toute petite, je savais que je voulais faire une carrière dans le biathlon. Il n’y a pas un morceau de papier à l’école où je n’ai pas écrit que je voulais faire une carrière dans le biathlon quand on demandait ce que je voulais faire plus tard ! Je voulais faire ça. Même quand j’avais des échecs, je m’en fichais parce que je savais que j’allais y arriver. Me dire qu’il faut passer à autre chose, ça fait quand même bizarre !
- Est-ce difficile à accepter sachant que cette fin de carrière est dictée par votre santé et non pas une décision personnelle ?
J’aurais vraiment aimé avoir une autre fin, mais je l’accepte complètement. Il y a un moment où je ne vais pas forcer les choses, je ne peux pas d’ailleurs. Je sais que ça me servira pour plus tard et c’est à moi de transformer cette épreuve en positif. C’est pour cela que ça a été dur et difficile de le dire publiquement. Je suis ok et libre avec cette fin de carrière.
« Ce qui m’a aussi fait percuté, c’est que je regarde du biathlon, mais sans avoir envie d’y être »Caroline Colombo à Nordic Magazine
- Sans le savoir, c’est dans votre fief d’Arçon (Doubs) que vous avez disputé votre ultime course, en octobre dernier…
Déjà à Arçon, c’était compliqué pour moi… J’avais vraiment envie de remettre le dossard après un stage correct passé à Antholz, mais je n’ai pris aucun plaisir là-bas. J’avais l’impression de forcer les choses et de ne pas le faire avec le cœur comme je l’ai fait toute ma carrière. J’aurais aimé faire un autre résultat, mais c’est comme ça et c’était la dernière !
- Est-ce que le biathlon vous manque ?
Ce qui m’a aussi fait percuté, c’est que je regarde du biathlon, mais sans avoir envie d’y être. Lors des deux années blanches que j’ai eues par le passé, j’avais envie d’être à leur place et je vivais les courses. Aujourd’hui, c’est différent. Le fait d’avoir vraiment galéré l’année passée fait que je ne me sentais plus capable d’accepter la douleur physique causée par mes soucis de santé. Cela ne me donnait plus envie de faire du biathlon. Je suis contente parce que je ne finis pas aigrie et je l’accepte bien.
« Je vais faire d’autres choses dans ma vie qui seront tout autant fabuleuses ! »Caroline Colombo à Nordic Magazine
- Malgré tout, êtes-vous frustrée de cette fin de carrière forcée alors que vous veniez de réaliser vos meilleurs résultats en carrière lors de l’hiver 2022/2023 ?
C’est peut-être ça qui est le plus dur. J’aime bien tout savoir, je suis assez curieuse et je n’aurais jamais cette réponse. Après, je vais faire d’autres choses dans ma vie qui seront tout autant fabuleuses !
- Justement, vous vous apprêtez à partir en voyage en Asie…
Je pars seule et des personnes me rejoindront sur mon voyage. Pendant des années, j’ai connu l’assistanat du haut niveau où on s’occupe de toi et où tu es chouchoutée dans un monde occidental et développé. J’avais envie de voir un autre registre où ce sera la débrouille. J’ai toujours dit que je ferais ça et c’est l’année de ma vie pour le faire !
« [Avec Léna Arnaud], on a fait toutes nos gammes ensemble »Caroline Colombo à Nordic Magazine
- Dans votre message d’adieux posté sur Instagram, vous parlez des rencontres réalisées lors de vos années biathlon. Y’en a-t-il eu une qui vous plus marqué que les autres ?
La relation que j’ai toujours eue dans le ski, c’est celle avec Léna Arnaud ! On a fait toutes nos gammes ensemble. Dans L’Est Républicain, alors qu’on était en microbes, c’était déjà le duo Arnaud/Colombo [rires]. Elle est devenue une de mes meilleures amies et elle m’a vraiment beaucoup appris. Il y en a plusieurs d’autres, comme Lou [Jeanmonnot], Justine [Braisaz-Bouchet] et Nanass [Anaïs Bescond].
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