BIATHLON – Célia Aymonier, retraitée depuis ce samedi, évoque, pour Nordic Magazine, pourquoi elle a pris cette décision. Elle revient aussi sur ses meilleurs et pires souvenirs ainsi que sur son futur.
Dès l’annonce de sa retraite sportive, Célia Aymonier a accepté le principe d’un entretien avec Nordic Magazine. La Pontissalienne, depuis la maison qu’elle partage avec Simon Desthieux dans le massif jurassien, a répondu, ce dimanche midi par téléphone, à toutes nos questions. Sans détours.
- Pourquoi avoir décidé de mettre un terme à votre carrière à 28 ans ?
J’avais fait le tour dans le sport de haut niveau et j’aspire vraiment à d’autres projets, je veux découvrir d’autres choses.
- Vous y réfléchissiez depuis longtemps ?
Je m’étais déjà posée la question l’an dernier et, cet hiver, c’était une idée qui était assez forte en moi. Mais entre le penser et le faire, il y a une énorme différence. C’est toute une vie qui va changer. Forcément, c’est une décision qui n’est pas évidente à prendre, mais c’est vraiment ce que je ressentais et ce dont j’avais besoin.
« C’était un soulagement pour moi »
- Votre décision était-elle prise au moment des courses de Kontiolahti (Finlande) ? Qu’avez-vous ressentie au moment de franchir votre dernière ligne d’arrivée ?
En Finlande, je savais que c’était mes dernières courses. A la fin de la poursuite, je savais que Julia [Simon] avait gagné, mais c’était un soulagement pour moi. J’avais bouclé la boucle. C’était un grand bonheur.
- Dans le texte que vous avez publié pour annoncer l’arrêt de votre carrière, vous faites référence au manque de neige : c’était vraiment un élément important dans votre réflexion ?
Oui complètement. Sincèrement, c’était difficile pour moi cet hiver. On n’a pas fait une course en-dessous de zéro degré. Toutes les pistes étaient enneigées artificiellement à part celles des Mondiaux d’Antholz (Italie) où on a pu skier sur de la neige naturelle. Skier dans les champs avec juste une bande de neige, ce n’est pas du tout ce que j’apprécie, comme les pistes raccourcies. Faire pour faire, pour les télévisions, le business, c’est quelque chose qui s’éloigne de ce pour quoi je fais ça.
- À quel moment avez-vous prévenu vos coéquipières et comment ont-elles réagi ?
Je leur ai annoncé hier [samedi 21 mars, ndlr.]. Celles avec qui j’étais le plus proche savaient très bien que je me posais des questions et que c’était fort possible que j’arrête. Les autres ont peut-être été un peu surprises, mais elles comprennent ma décision. Finalement, pour elles, ça ne changera pas grand-chose si ce n’est que ça fait une fille en moins dans le groupe.
« La victoire du mixte de Soldier Hollow avec Simon était quelque chose de très beau »
- Quels sont les meilleurs et les pires souvenirs de votre carrière ?
J’ai deux meilleurs souvenirs mais celui qui reste principalement, c’est le relais des Jeux de Sochi [où l’équipe de France termine quatrième avec Célia Aymonier comme dernière relayeuse, ndlr.]. L’autre est plus personnel puisqu’il s’agit du relais mixte de Soldier Hollow (États-Unis) remporté notamment avec Simon [Desthieux, son compagnon, ndlr.]. C’est quelque chose de très beau.
Pour les pires souvenirs, j’en ai quelques-uns quand même… Mais celui qui ressort, c’est le relais des Mondiaux d’Östersund l’année dernière [où elle tourne trois fois lors du tir debout, ndlr.].
- Y a-t-il quelque chose que vous ne referiez pas au cours de votre carrière ?
Non, absolument pas.
- Vous avez vécu l’ascension médiatique du biathlon avec la diffusion sur La Chaîne L’Équipe : comment cela se passait pour vous ?
Je suis issue du ski de fond où il y a beaucoup moins de notoriété. C’est vrai que j’ai connu l’essor du biathlon à la télévision et je pense que ça peut faire un peu de mal à certaines personnes. Pour moi, ça a été difficile parce que je fais vraiment ça par passion et on se perd vite lors de la justification de nos résultats. On oublie vite le principal, ce pour quoi on est là : le sport et se faire plaisir.
« On n’en profite pour se reposer »
- De quoi sera fait votre futur ?
Je dois terminer mon Master de psychologie en septembre. J’ai un stage de quatre mois en hôpital mais, vu les circonstances actuelles, il est gelé. J’ai également ma soutenance à terminer. Ensuite je me lancerai dans le milieu du travail.
- Vous verra-t-on sur des courses populaires de ski de fond l’hiver prochain ?
C’est fort possible parce que je suis une passionnée et j’adore ça. Mais ce sera sans ambitions, juste pour le plaisir entre copines. Ce sera, pour moi, une autre manière de courir, de faire du sport. C’est sûr que ce sont des ambiances que j’adore et que j’ai toujours aimées. J’ai envie de retrouver cela.
- Que faites-vous pendant le confinement lié à la pandémie de coronavirus ?
On a la chance d’avoir choisi un environnement de vie dans la nature. On peut un peu sortir. Comme ça fait cinq mois qu’on n’est pas à la maison, on peut faire tout ce qu’on a laissé de côté pendant ce temps-là. On n’en profite aussi pour se reposer et prendre du temps pour nous.
Photos : Nordic Focus.