Biathlon : Arnaud Du Pasquier, un été avec l’équipe nationale B de Norvège
Passé au printemps 2023 du ski de fond longue distance au biathlon, le Suisse Arnaud Du Pasquier avait étonné son monde tout au long de l’hiver dernier. Malgré ses 32 ans et son manque d’expérience, il était effectivement parvenu à passer l’intégralité de l’hiver en IBU Cup, signant au passage trois top 30.
Si cela ne lui a pas permis d’intégrer les cadres nationaux helvètes ces derniers mois, Arnaud Du Pasquier, ancien pensionnaire du TNE Coste – Fromageries Marcel Petite, a vécu un incroyable été. C’est qu’il a tout simplement intégré les rangs de la très réputée équipe nationale B de Norvège à Lillehammer (Norvège). Au matin de débuter sa deuxième saison de suite en IBU Cup, il raconte à Nordic Magazine.
Un premier contact en octobre 2023 à Lenzerheide… via l’entraîneur des Norvégiennes, son ancien coach de ski-club
« Je ne m’explique pas moi-même ce qu’il s’est passé ! C’est tellement une situation inattendue et rêvée que je me demande moi-même pourquoi ça s’est déroulé de cette manière. Après réflexion, il y a les faits de notre rencontre, mais surtout un concours de circonstances qui m’a permis de pouvoir m’entraîner tout l’été avec l’équipe nationale B de Norvège. »
« C’est d’abord une rencontre entre hommes avec Anders Oeverby, leur coach qui est une personne absolument hors-normes. J’ai vu pas mal d’entraîneurs dans ma carrière et, lui, est absolument unique. Il a les capacités cognitives de pouvoir se déconnecter de certaines choses, comme les couleurs de son pays et certaines règles. Il est passionné à un point incroyable par le sport. Quelque part, c’est un maniaque de la performance liée au biathlon. Il y a donc cette personne-là, qui est géniale, et moi, qui suis aussi assez atypique. J’ai vu plein de choses différentes et je peux apporter cela aux athlètes norvégiens de l’équipe nationale, formatés. Moi, je suis tout sauf ça ! J’ai toujours été dans la démerde (sic), à bourlinguer un peu partout. »
« Ce qui a été important, aussi, c’est la langue. J’ai la chance de parler le norvégien pour y avoir vécu pendant un an et demi avant de commencer la longue distance. Le jour où l’on s’est rencontré, j’avais déjà des connexions au sein de l’équipe norvégienne parce que mon ancien coach de ski-club en Norvège est celui des dames en coupe du monde [Sverre Huber Kaas, NDLR] ! »
Une semaine d’entraînement avec les pépites norvégiennes
« Tout a donc commencé à l’automne 2023 où les Norvégiennes et l’équipe B masculine étaient en stage à Lenzerheide. Cette semaine-là, il n’y avait personne sur place à part eux… et moi ! Pour mes débuts dans le biathlon, j’avais effectivement décidé de ne pas prendre de vacances. Il se trouve que, parmi les gens présents, Sverre était là ! Je ne l’avais pas vu depuis six ans et c’est par lui qui j’ai pu être introduit dans cette équipe masculine B. »
« Tout de suite, ils ont été hyper chaleureux et bienveillants. Comme j’ai directement parlé norvégien, ça a beaucoup aidé ! La mentalité scandinave est beaucoup plus ouverte que ce qu’elle peut laisser paraître. Pouvoir briser la glace par la langue a été ma porte d’entrée dans ce groupe. Pendant une semaine, j’ai fait toutes les intensités et les chronos avec eux. J’ai donc pu vivre un stage à leur côté ! Ce qui est très rigolo, c’est que je ne connaissais personne à l’époque. Je connaissais les grands noms, mais pas ces Norvégiens-là. Je n’avais aucune idée de leur palmarès sportif ! Tout ce que je me disais, c’est que j’avais enfin des copains dans mes âges avec qui je pouvais faire des intervalles. J’avais absolument aucune barrière psychologique et j’ai même fait un 17/20 sur la poursuite test, ce que je n’ai jamais reproduit depuis. »
« Per Arne Botnan, le patron du biathlon norvégien, était sur place et me disait que c’était incroyable ce que je faisais ! On s’est quittés avec un gros sentiment de positivité mutuelle et j’ai ensuite vu qu’Endre Stroemsheim avait gagné l’IBU Cup et avait été champion d’Europe… J’ai commencé à comprendre avec qui j’avais passé la semaine ! Cela m’a donné un élan de grandeur qui m’a porté sur toute la saison [qu’il passe en IBU Cup, NDLR]. Cette semaine-là a posé des bases et j’ai compris qu’Anders Oeverby, l’entraîneur, était quelqu’un d’ouvert. »
« A force d’échanger et de se voir en IBU Cup, l’idée de venir une fois durant l’été à Lillehammer est arrivée de la part d’Anders [Oeverby]. Je le prenais plutôt comme une blague, mais lui me disait que c’en n’était pas une ! En fin de saison, j’espérais entrer dans les cadres de Swiss-Ski, mais cela n’a pas été le cas alors que j’étais deuxième du groupe IBU Cup. Je n’avais pas rempli les critères et, quand j’ai appris la nouvelle, j’étais aux championnats de Norvège ! »
Une proposition en or qu’il ne pouvait pas refuser
« J’ai alors commencé une discussion avec Anders [Oeverby], au banquet des championnats de Norvège. On s’est posés et on a commencé à discuter de ce qui pouvait être faisable en venant à Lillehammer durant l’été. Au départ, j’espérais pouvoir y aller à trois stages de 10 jours. C’était bien de pouvoir varier entre Lenzerheide et cela. Sauf que je me suis fait prendre par surprise parce qu’il avait déjà discuté avec ses supérieurs. Comme ils me connaissaient, ils étaient d’accord. C’est dur à croire, mais l’équipe a un budget relativement restreint et ils mettent quasiment tout sur les stages d’altitude auxquels ils croient beaucoup. Avant cela, jusqu’au Blink Festival, ils n’ont pas de stage à proprement parler et sont tous à Lillehammer où ils s’entraînent ensemble dans les meilleures conditions du monde. »
« Après sa proposition, je n’ai pas eu à réfléchir longtemps et, le soir même, je me regardais dans le miroir en me demandant si c’était vrai… C’était juste fou ! J’ai commencé le sport de haut niveau assez tard et seulement par plaisir. J’ai toujours eu l’impression que le train était passé devant moi et que c’était trop tard. Le moment où Anders [Oeverby] m’a proposé de faire partie de son équipe, c’est comme si on m’avait dit d’arrêter de courir après le train et donné un ticket en première classe. »
« J’ai donc accepté et je suis partie en Norvège après ma semaine de vacances à Tenerife avec Lucas Chanavat. C’est fin mai que je suis arrivé à Lillehammer et que j’ai rencontré une équipe B déjà en pleine forme. Ils m’ont accepté du jour au lendemain et ça a tout de suite été une grande famille. C’était touchant et c’est quelque chose qui me marquera à vie. Avoir pu vivre ça, c’est la référence de mes accomplissements en tant que sportif ! »
Il s’est mis à la méthode d’entraînement norvégienne du double seuil, comme les frères Ingebrigtsen
« J’ai passé dix semaines complètes d’entraînement à Lillehammer puis il y a eu le Blink Festival, suivi du stage d’altitude à Livigno. Après, il y a eu trois semaines de pause puis un autre camp d’altitude, également à Livigno. En Norvège, je me suis intégré à la méthode d’Anders Oeverby, celle du double seuil. C’est l’adaptation de la méthode d’entraînement popularisée par les frères Ingebrigtsen. Ils utilisent une journée d’intervalles en la divisant en deux pour faire deux séances de seuil. Traditionnellement, en schématisant, il y a deux intensités par semaine, une typée seuil et une autre PMA. »
« L’équipe B de Norvège, à force d’avoir des athlètes très bons mais qui ne percent pas, a cherché de nouvelles idées. Ils ont donc tenté d’adapter le double seuil au ski de fond, soit de faire deux entraînement de seuil dans la même journée pour augmenter le volume d’heures à haute intensité tout en restant à une intensité pas maximale comme la PMA. Par conséquent, cela fatigue moins le corps et permet de s’entraîner à haut volume durant la semaine. »
« Au milieu de l’été, je suis allé au Blink Festival pour clore mes dix semaines norvégiennes. J’étais assez anxieux de débuter avec le Lysebotn Opp, l’effort le plus dur qu’on puisse connaître dans le nordique ! Je redoutais de le faire après ne pas avoir réalisé d’intenses en PMA de toute la préparation. Mais la course s’est hyper bien passée. J’ai remarqué que mon corps avait comme une vitesse supérieure, c’était fantastique. Pendant l’effort, j’ai compris que j’arrivais à aller me faire mal encore plus loin qu’avant. Pendant l’été, j’ai eu deux ou trois autres passages de caps grâce au double seuil. »
Cet hiver, il veut découvrir la coupe du monde
« Je serais très content de pouvoir refaire comme l’année dernière, soit passer toute la saison en IBU Cup. Seulement, cet hiver, je veux avoir des ambitions de résultats en étant encore meilleur. Ce n’est pas acquis, mais c’est la première chose. Ensuite, j’aimerais pouvoir aller en coupe du monde, c’est ça la prochaine étape. Beaucoup de cela va dépendre de mon tir debout. C’est quelque chose sur quoi je dois encore beaucoup travailler ! C’est mon prochain gros déclic à aller chercher pour ensuite aller jouer face à l’élite internationale. »
« Plus largement, la prochaine deadline que je me suis fixée, ce sera à la fin de la saison olympique. Les Jeux de Milan/Cortina 2026 restent mon objectif à long terme de mon aventure dans le biathlon. J’espère pouvoir y être pris et y participer. C’est mon rêve d’enfant qui me porte dans ce que je fais. Pour l’instant, je poursuis ce rêve et je ferai le bilan dans un an et demi ! »
A lire aussi
- Kontiolahti : la Suisse à dix pour l’ouverture de la coupe du monde, Arnaud Du Pasquier parmi les sélectionnés en IBU Cup
- Wingfoil, ski-roues et vélo : Lucas Chanavat a repris l’entraînement aux Canaries en compagnie d’Arnaud Du Pasquier et Benjamin Cavet
- L’enthousiasme d’Arnaud Du Pasquier avant le final de sa première saison de biathlète : « J’apprécie le parcours que j’ai pu faire en un an »
- Arnaud Du Pasquier après l’officialisation de sa sélection en IBU Cup : « Je suis très satisfait et hyper fier »
- Le Suisse Arnaud Du Pasquier annonce passer du ski de fond longue distance au biathlon : « Des rêves d’enfant pourraient se réaliser »
Les cinq dernières infos
- Emploi : le Comité Lyonnais – Pays de l’Ain recherche un entraineur biathlon
- Ski de fond : forfait pour les championnats de Norvège, Johannes Hoesflot Klæbo n’ira pas aux Rousses
- Ski de fond : du changement pour l’individuel skate des Rousses
- Biathlon | Turin : les listes de départ des individuels courts des Jeux mondiaux universitaires
- Ski de fond | Bakuriani : la sélection française pour le Festival olympique de la jeunesse européenne 2025
Articles similaires
1 Commentaire(s)
Leave a Reply
Annuler la réponse
Leave a Reply
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Arnaud
28/11/2024 à 10 h 43 min
Merci Florian pour ce bel article!