Biathlon : de l’argent et du cristal pour Anaëlle Bondoux à Östersund
Lundi après-midi, dans les terribles bourrasques de vent balayant les pistes et le pas de tir du stade de biathlon d’Östersund (Suède), l’Iséroise Anaëlle Bondoux a brillé. Lors de la mass-start 60 des Mondiaux juniors 2025, la Grenobloise de 20 ans, argentée derrière Sara Andersson, a gagné sa première médaille individuelle dans la compétition.
Auteure d’une super course malgré les conditions climatiques (très) difficiles, Anaëlle Bondoux a donc retrouvé le sourire en plein cœur d’un hiver cauchemardesque marqué par des maladies et des blessures. Quelques minutes après la cérémonie protocolaire, où elle a reçu le petit globe Junior Cup de la mass-start, la Dauphinoise a pris le temps de faire le récit de sa journée pour Nordic Magazine.
« Il y avait tout qui s’envolait, il y avait de la neige qui tombait, le ciel était tout noir, ça faisait vraiment fin du monde »
« Tout d’abord, les conditions étaient vraiment très particulières. On est allées faire les réglages et c’était la tempête ! Il y avait tout qui s’envolait, il y avait de la neige qui tombait, le ciel était tout noir, ça faisait vraiment fin du monde. Et puis, finalement, ça s’est un peu calmé. »
« Ensuite, au départ, on faisait deux tours de ski de fond avant le premier tir et j’ai assez vite senti que, sur les skis, c’est dans la continuité de ces dernières semaines où j’ai eu pas mal de soucis entre les maladies et la blessure au pouce. Je n’arrivais pas à suivre les meilleures skieuses. Du coup, je me suis sentie vraiment malmenée dans ce début de course. En plus, je sors deux balles sur le premier tir et je dois ressortir autour de la trentième place. Je ne croyais plus du tout à quelque chose dans cette course. Franchement, après le premier tir couché, c’était un calvaire complet, ça m’a même traversé l’esprit d’arrêter la course… »
« Au final, le second couché me permet de me replacer un petit peu. Je m’installe au premier debout à la dix-septième position et, en fait, je vois qu’il y a beaucoup de fautes et, moi, je fais un plein… mais je n’avais aucune idée à quelle place j’étais ressortie. J’ai donc demandé au coach au bord de la piste et quand on m’a dit que j’étais troisième, c’est sûr que ça m’a complètement relancé. Sur les skis, ça m’a redonné un petit peu d’énergie. »
« J’arrive au dernier tir debout et j’entends encore que ça a raté. Il y avait beaucoup de vent et il y avait deux solutions : soit tirer très vite pour ne pas perdre de temps et aller faire les anneaux, soit se battre et prendre le risque de perdre du temps et de rater les balles. J’ai pris la décision de prendre le temps qu’il fallait pour aller mettre les balles… et je mets extrêmement longtemps à lâcher cette dernière balle, mais finalement, c’était payant. Je mets tellement de temps à la lâcher que je me dis que je n’ai pas le droit de la louper parce que, là, je perds un temps qui est monstrueux. »
« La seule chose qui comptait pour moi, c’était d’être sur le podium, peu importe la place »Anaëlle Bondoux à Nordic Magazine
« Quand je suis ressortie, deuxième, je voyais Sara Anderson qui était devant ! Bien sûr que j’ai tout donné, mais je ne pensais même plus à la rattraper. Je pensais juste à aller faire le podium, et je n’avais juste pas envie de finir quatrième. La seule chose qui comptait pour moi, c’était d’être sur le podium, peu importe la place. En franchissant la ligne, c’était beaucoup d’émotion parce que c’est un soulagement. »
« Je suis venue sur ces Mondiaux alors que je ne pensais pas y être. J’ai eu une préparation qui a été catastrophique. Mais, finalement, en étant ici, ça aurait été très dur de repartir sans une course satisfaisante. Cette mass-start, elle sauve un petit peu mon hiver dans le sens où j’ai couru après ma forme toute la saison. Je n’ai peut-être pas la forme, mais j’ai réussi à faire du très beau biathlon et je suis très fière de ça. Je me suis battue derrière cette carabine et finir à 18/20 avec un 15/15 à la fin, je suis vraiment fière de ça. »
« Du coup, je gagne du même coup le globe Junior Cup de la mass-start. Ça, je n’en avais aucune idée ! C’est à la dernière course qu’on se rend compte qu’on l’a gagné, donc ça fait toujours plaisir. Il y a deux ans j’avais eu les globes du sprint et de la poursuite chez les juniors, donc je complète entre guillemets la collection avec celui de la mass-start. »
« C’est symbolique d’avoir ces deux globes de la mass-start chez moi parce que c’est le biathlon que j’aime, celui au panache, et c’est le biathlon où on gagne ! »Anaëlle Bondoux à Nordic Magazine
« Au-delà de ça, c’est quand même un petit peu symbolique pour moi puisque j’avais gagné le globe de la mass-start en IBU Cup l’année dernière. Dans la continuité de cela, ma saison a été extrêmement difficile, entre la chute en ski-roues synonyme de commotion cérébrale en octobre puis mes différentes maladies en décembre et janvier. En février, ensuite, je me fais cette déchirure ligamentaire au pouce. La saison a été vraiment très difficile psychologiquement, je n’ai jamais vécu de période aussi difficile. J’en ai beaucoup appris, et ça va beaucoup me servir pour me préparer l’année prochaine. »
« Pour revenir sur le petit globe, c’est symbolique d’avoir ces deux globes de la mass-start chez moi parce que c’est le biathlon que j’aime, celui au panache, et c’est le biathlon où on gagne ! La mass-start, je trouve que c’est la course qui représente le mieux ça : c’est à la confrontation, c’est la course des rois, et c’est vraiment mon format préféré. Gagner une mass-start, ça se fait au panache, c’est ça que j’aime dans le biathlon, cet aspect spectacle ! »
« Mercredi, pour finir la compétition, on a un relais que je suis très très très contente de faire. On a une équipe incroyable, et, franchement, je pense qu’on peut y aller avec beaucoup d’ambition. On a quatre éléments qui sont très forts, quatre éléments qui étaient dans la cérémonie des fleurs à chaque course donc on a très hâte, toutes les quatre, d’être sur ce relais. On va devoir faire de très belles choses pour aller jouer devant, mais on en est largement capables. C’est une course que j’attends avec beaucoup d’impatience, et qui j’espère clôturera magnifiquement ces Mondiaux ! »
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