Biathlon : les confidences de Claire Breton
Pour la quatrième année de suite, Claire Breton, onze départs en coupe du monde de biathlon à son actif entre début 2010 et fin 2012, entraîne les futurs biathlètes français au tir au sein des collectifs de la FFS. En binôme avec le Villardien Simon Fourcade jusqu’au printemps, elle doit maintenant, après le départ de l’ancien dossard jaune à la tête du groupe coupe du monde masculin, faire équipes avec la Savoyarde Rachel Demangeat.
Après le rassemblement organisé en Belgique en cette fin de mois d’août, Claire Breton s’est longuement confiée à Nordic Magazine sur différents sujets : son nouveau binôme, l’inhabituel stage de préparation au pays de la frite, le départ de Simon Fourcade ou encore le fait d’entraîner spécifiquement des garçons et plus que des juniors. Entretien.
- Comment s’est passé le stage de l’équipe de France relève organisé en Belgique, une première, avec des courses au programme en plus de l’entraînement classique ?
Il y a effectivement eu deux aspects pendant ce stage. Un premier avec les courses des championnats de Belgique qui nous ont permis de voir où on en était et ce qui pouvait être mis sur les objectifs d’ici les Summer Tour de La Féclaz, en septembre, et d’Arçon, en octobre, pour arriver fins prêts à la mi-novembre. C’était vraiment bien de pouvoir remettre un dossard parce qu’un chrono ne remplacera jamais la course. Cela mettait une situation concrète qui nous permettait d’analyser pas mal de choses, tant sur le collectif que l’aspect individuel.
- Vous avez ensuite passé une semaine en stage à vous entraîner sur place, dans les alentours d’Elsenborn (Belgique)…
Ensuite, il y a effectivement eu la dimension stage qui était très sympa. Tout s’est très bien passé et on a pu faire ce que l’on voulait, mais c’est vrai que c’est un lieu qui se prête plutôt, pour moi, à un stage de début d’été, comme en juin par exemple, où on est plus sur des séances longues et calmes. Le stade est court [une piste d’un kilomètre, NDLR] et ne permet pas de faire autant de choses qu’on voudrait pour cette époque de l’année. Malgré tout, la semaine s’est bien déroulée et l’aspect mental, en changeant d’air, a pris le dessus, comme le partage avec les Belges. Même si ce n’était pas l’idéal, on rentre du stage hyper contents du travail réalisé.
- Sur le tir, avec des formats se rapprochant des shows avec beaucoup d’excitation au tir, y’a-t-il tout de même des enseignements à tirer ?
La piste est très sinueuse et amène beaucoup d’excitation, surtout que la fin est en montée et débouche sur un pas de tir de quinze cibles ! Les athlètes ne peuvent donc pas reprendre de lucidité et une ventilation calme avant de s’installer. Ils sont très vite sur leur ligne de tir et cela a été délicat à gérer pour eux. C’était très nerveux et il fallait avoir beaucoup de lucidité et de calme que d’habitude. Ils sont au-delà des sensations qu’ils ont sur une course normale. Malgré tout, j’en tire des enseignements parce que je considère que cet exercice-là est intéressant pour voir si les athlètes, en sortant de leur cadre et de leur zone de confort, arrivent toujours à maîtriser les choses. Cela fait apparaître les petits manques qu’il peut y avoir. C’est d’autant plus intéressant qu’on avait bien insisté avec les autres coachs sur cette importance de mettre les choses en place pour qu’on puisse en tirer des conclusions.
- Cette année, vous vous occupez spécifiquement du groupe masculin de l’équipe de France relève : que cela change-t-il pour vous ?
Selon moi, il y a du changement parce qu’on a un peu moins d’hétérogénéité dans le groupe avec seulement des garçons. Même s’ils n’ont pas tous le même niveau, globalement, ils arrivent vite à se confronter entre eux. Je trouve la dynamique intéressante de ce point de vue-là. Quand on a des filles et des garçons, comme par le passé, on est obligés d’être un peu plus larges dans la façon de manager et d’aborder des exercices au tir. Là, on rentre un tout petit plus finement dans des détails qui leurs sont propres et qui ciblent encore mieux leurs besoins. Cependant, j’ai toujours aimé avoir des groupes mixtes pour l’émulation et le défi interne dans le collectif, ce qui amène une polyvalence intéressante. Cela n’empêche pas que je prenne énormément de plaisir à coacher les gars cette année !
- En plus de cela, vous avez un nouveau binôme : après trois années passées aux côtés de Simon Fourcade, c’est Rachel Demangeat qui est dorénavant avec vous pour la partie physique…
Cela fait beaucoup de changements d’un coup ! En toute honnêteté, j’appréhendais un petit peu parce que, quand on est bien dans un binôme, on sait ce qu’on perd et pas complètement ce que l’on va trouver. Je connaissais Rachel [Demangeat], mais pas suffisamment pour savoir si le binôme allait forcément bien se passer. Finalement, c’est génial parce que cela se passe super bien ! J’ai l’impression que tout est clair, on discute énormément. J’ai la sensation qu’on se ressemble beaucoup sur notre façon de penser et de vouloir poser les choses. C’est hyper facile de travailler avec elle, elle est à bloc tout autant que moi ! C’est génial et on forme un super binôme.
- Vous l’avez évoqué juste avant, mais comment avez-vous vécu le départ de Simon Fourcade vers le groupe coupe du monde masculin ?
Ce n’était pas facile de se dire que quelque chose qui était bien depuis trois ans s’arrêtait. Simon [Fourcade], c’est une personne hyper impliquée qui a une démarche de perpétuelle recherche dans ce qu’il fait. Je trouve que cela pousse un binôme à être meilleur. C’était hyper intéressant ! En tant qu’athlètes, on avait vécu plus ou moins en commun des années d’entraînements et de courses donc il y avait une proximité hyper intéressante de pensée et de regard sur les projets sportifs des athlètes. Il avait ses compétences à lui qui m’aidaient, et inversement. On se complétait très bien. J’étais très heureuse pour lui quand il est parti. Il avait très clairement cela dans sa tête et en projet pour le futur. C’est arrivé plus tôt que prévu et c’est une bonne chose pour lui. Sur le moment, j’étais un petit peu déçue et dans l’attente de comment cela allait se passer pour moi. Finalement, le changement fait parfois du bien parce que mon nouveau binôme me satisfait pleinement !
- La dernière nouveauté, c’est que vous n’entraînez plus seulement des athlètes des catégories juniors…
C’est hyper intéressant ! Il y a des athlètes que j’avais eu plus jeunes donc il y a une continuité. Ce qui était délicat, c’était de continuer à leur amener des choses et d’avancer aussi vite qu’eux. Aujourd’hui, finalement, je me rends compte qu’on a réussi à le faire ! Pour les autres, un peu plus jeunes ou anciens, c’est hyper intéressant d’aborder ce niveau-là. Ce n’est pas de la découverte et on va plus loin dans chaque domaine. Je crois que je m’y retrouve mieux !
- Quel diagnostic faites-vous du groupe dont vous avez la charge ?
Déjà, chose hyper importante, le groupe vit très bien. Il y a des juniors qui arrivent en équipe nationale et des biathlètes beaucoup plus vieux et avec plusieurs années de collectif dans leur escarcelle. Cela a mis un lien fort entre eux et ils se tirent tous vers le haut grâce à cela. Dans les mois à venir, on peut avoir de très bonnes surprises ! Ils ont compris le sens de ce qu’ils faisaient et dans leur façon d’aborder les choses. Ils ne viennent pas là pour faire bêtement une séance et ont énormément gagné en maturité.
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