BIATHLON – La coronavirus a tué près de 15 000 personnes en Italie. Le biathlète Lukas Hofer témoigne de la situation.
« Aujourd’hui, personne n’est infecté dans ma famille. » Dans une Italie meurtrie par le coronavirus, le biathlète Lukas Hofer estime être chanceux. Dans la station de ski où il vit, seule quatre personnes ont été infectées. « J’espère que cela va continuer », ajoute le carabinier dans un entretien accordé au média russe Match TV.
Que la coupe du monde de biathlon semble loin
À Kontiolahti (Finlande), Lukas Hofer avait déjà la tête ailleurs. « Chaque fois que je retournais dans ma chambre, après un entraînement ou une course, je me ruais sur mon téléphone et je lisais ce qui se passait chez moi, en Italie. Je voyais que la situation empirait, qu’il y avait davantage de personnes infectées et que des gens mouraient. » Les questions se bousculaient dans la tête du biathlète : « Qu’est-ce qui nous attend ? »
Dans l’équipe italienne, on ne songeait pas alors à quitter la compétition. La star transalpine Dorothea Wierer se battait pour le gros globe de cristal. Elle ne devait pas renoncer dans la dernière ligne droite.
Lukas Hofer (ITA) – Manzoni/NordicFocus
Bien sûr, le staff était en contact avec l’IBU et les autorités italiennes qui ne réclamaient pas le retour immédiat de ses sportifs. « Sinon, j’aurais immédiatement fait mes valises et je serais vite rentré chez moi », indique le Transalpin. À l’exemple des Américains qui sont partis dès que le président Trump a annoncé la fermeture des frontières.
« Au début, nous pensions même que l’étape serait annulée », témoigne encore Lukas Hofer, surpris par le quotidien vécu dans la station finlandaise. « C’était comme d’habitude. On se promenait dans les rues, nous faisions les magasins, on s’entraînait et on mangeait ensemble. »
« Comme dans la série The Walking Dead »
Après la dernière course de l’hiver, Lukas Hofer a quitté Kontiolahti via Joensuu. Il a pris place à bord d’un charter officiel de l’IBU à destination de Munich. Un bus attendait la délégation italienne. « Les rues étaient vides, c’était très étrange. Comme dans la série The Walking Dead [après une apocalypse ayant transformé la quasi-totalité de la population en zombies, un groupe d’hommes et de femmes tente de survivre, ndlr.] », se souvient le double médaillé olympique en relais.
Depuis, Lukas Hofer vit chez lui, à Brunico, au nord-est de l’Italie, frontalière avec l’Autriche. Sa mère habite la même maison que lui. Il y a aussi sa copine, sa sœur et son mari, leurs deux enfants et son chien. À chacun son étage. Lui au dernier étage, dans un appartement qu’il a aménagé dans la demeure familiale il y a quelques années. « Maman travaille à la maternité. Quand vous travaillez à l’hôpital, les risques d’infection augmentent considérablement. Je ne voudrais pas qu’elle attrape le virus, on sait que les risques sont plus grands pour les personnes plus âgées. »
Lukas Hofer (ITA) – Manzoni/NordicFocus
Pour l’heure, le biathlète n’a pas été testé au coronavirus. Son quotidien se rapproche de celui que connaissent actuellement les biathlètes français. « Nous sommes confinés. Nous ne pouvons sortir que pour aller chercher à manger et à boire. Les petites sorties sont autorisées, mais pas à plus de 100, 200 mètres de chez nous. Impossible de faire du vélo dehors ou de courir. Du coup, les rues sont complètement vides », raconte-t-il.
Les forces de l’ordre veillent au respect des consignes. « Il est préférable de rester chez soi », estime Lukas Hofer qui ne s’entraîne pas du tout. « Je reprendrai plus tôt qu’à l’ordinaire, je pourrais faire du vélo à l’intérieur, mais je n’en ai pas envie. J’ai besoin de récupérer. » Il passe des heures à faire un puzzle géant, à jouer de l’accordéon et à regarder des films. « J’essaie de ne pas trop grignoter », précise-t-il.
Pour l’heure, Lukas Hofer n’a pas de problème d’argent dans une Italie où des foyers se retrouvent désormais sans revenu pour acheter de la nourriture. Comme carabinier, il perçoit une solde, il a aussi l’argent de ses sponsors et ce qu’il a gagné lors des courses.
Lukas Hofer (ITA) – Manzoni/NordicFocus
Il reste aussi en contact avec ses coéquipiers. Il s’inquiète notamment pour ceux qui sont actuellement en Lombardie, la région la plus sévèrement touchées par le Covid-19. « Je parle souvent avec l’un d’entre eux, Arturo. Il a l’air de bien aller. Mais, là-bas, c’est terrible. »
« C’est comme une troisième guerre mondiale », poursuit-il. L’Italie a enregistré la mort de 776 personnes de plus en une journée a annoncé, hier soir, les autorités sanitaires dans un communiqué de presse. Le bilan s’élève désormais à 14 681 décès depuis le début de la pandémie du Covid-19.
Photos : Nordic Focus.
Louise Ludia
10/04/2020 à 11 h 13 min
Pas facile d’avoir de la famille qui travaille dans le médical en effet, mais il a la chance de vivre dans un petit village montagnard, excentré de la ville, ce n’est pas le cas de tous les italiens malheureusement… Si je ne me trompe pas, il y a déjà eu plus de 12000 morts là bas https://www.bfmtv.com/international/coronavirus-832-morts-supplementaires-en-24-heures-en-italie-1885712.html c’est donc quand même 12% des morts dans le monde puisqu’il y a eu « près de 100 000 décès dans le monde » https://www.kumulusvape.fr/content/295-coronavirus-vape dont de nombreux cas dans la région de Milan à Bergame