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Biathlon : la coupe du monde d’Antholz-Anterselva vue par Yvon Mougel
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes étapes de la coupe du monde. C’est le Vosgien Yvon Mougel, premier médaillé mondial du biathlon français, en février 1981 à Lahti (Finlande), qui se lance pour revenir sur la coupe du monde d’Antholz (Italie), la sixième de la saison.
La nouveauté de la semaine : l’individuel court
« L’individuel, c’est ma course préférée parce que c’est celle sur laquelle on courait tout le temps à mon époque. Je ne sais pas si le fait de la raccourcir change grand-chose… Aujourd’hui, les formats sont courts et ne dépassent pas les 45 minutes. Les skieurs qui ont des fibres moins rapides et qui sont plus endurants ont donc moins de chances de s’exprimer. En plus, l’individuel porte bien son nom parce que c’est une vraie compétition contre-la-montre. Ce qui change tout parce que certains coureurs sont capables de bien tirer quand ils sont tous seuls, tandis qu’il faut de l’adversité à d’autres pour les booster. »
« Sur un 20 kilomètres, on fait cinq fois 4 kilomètres et on est tout seul sur la piste pendant longtemps. Il faut bien se gérer, c’est vraiment une course individuelle et la performance peut s’ouvrir pour des coureurs moins bons en confrontation où ce n’est pas la même approche mentale à adopter. D’autant plus que dans le format originel, on parcourait plusieurs boucles pendant la course, et pas qu’une seule comme aujourd’hui ! Maintenant, tout s’est vraiment harmonisé et ce n’est plus pareil. »
Les championnes de la semaine : les Françaises
« Elles ont ce qu’elles méritent ! Globalement, il y a des qualités partout et on sent de l’expérience, de la maturité et de la gestion. Elles font du beau biathlon, qui est une question de compromis. Sur la mass-start, Lou Jeanmonnot a très bien fait cela en ne cherchant pas à suivre le rythme de Julia Simon au tir. Elle a fait son biathlon à elle. Pour moi, le biathlon c’est ça ! »
« Elles sont dans une spirale constructive et positive. Elles ne sont pas en train de se chercher et appliquent simplement ce qu’il y a de juste à faire. Quand on les voit tirer – surtout Lou Jeanmonnot – c’est juste parfait. Elle est complètement posée. Pour moi, l’arrivée dans un stade de tir est comparable à un acteur arrivant dans une salle pour son one-man-show. Il est tout seul. On change de monde, et les filles s’épanouissent là-dedans. »
Le fait de la semaine : les combinaisons se ressemblent trop
« L’IBU propose des formats de course spectaculaires pour qu’ils soient intéressants à suivre, mais il y a une chose qu’elle n’a pas encore maîtrisée : la couleur des combinaisons ! En regardant la mass-start d’Antholz, on s’en rendait bien compte, mais ça fait depuis le début de la saison que j’en parle un petit peu autour de moi. Tout le monde, ou presque, a la même couleur avec du bleu marine. Comment fait-on pour suivre ? Je pense qu’on pourrait suggérer un code couleur par nations avec l’obligation pour chaque pays de faire une combinaison avec 30 ou 40 % d’une couleur définie par l’IBU en collaboration avec les nations. »
Les monstres de la semaine : les Norvégiens
« C’est les Norvégiens et les autres. Je ne sais pas vraiment quoi dire de leurs performances sinon qu’ils sont encore plus dominateurs que d’habitude. Les années passées, ils étaient devant, mais il y avait aussi les Suédois, les Allemands et les Français. Eux, ils sont toujours là et au top ! On sent, chez eux, la culture du ski et de la glisse. Quand un n’est pas devant, un autre prend la relève. »
Le succès de la semaine : Julia Simon
« On retrouve la Julia [Simon] de l’année dernière : combattante, offensive et juste ! Tout ce qu’elle a vécu pendant l’été a été difficile et, maintenant, elle est repartie dans un bon cycle. Aux championnats du monde, je pense que ça va marcher pour elle. »
La déception de la semaine : le tir des Bleus
« Ils ont du mal. Je ne sais pas si les résultats qu’ils ont eus par le passé – et qui les ont mis à un certain niveau – ont été suivis d’assez d’efforts pour garder ce niveau-là. J’ai l’impression qu’au tir, ce n’est pas posé et qu’ils ont inversé deux mots : vite et bien. En biathlon, il faut tirer bien et vite et eux, ils essaient de tirer vite et bien. Gagner du temps sur le pas de tir, c’est ok et normal, mais il faut le faire après avoir réussi à toucher les cinq cibles. Les 5/5, il n’y en a pas tellement depuis le début de la saison pour les Français. Ce n’est pas suffisant. À mon avis, ils devraient lâcher un petit peu le chrono pour faire de la qualité. Il vaut mieux perdre 5 secondes à chaque tir et faire zéro pénalité qu’aller sur l’anneau de pénalité. Il faut d’abord bien tirer pour ensuite mettre la rapidité. L’exemple parfait à suivre, c’est Lou Jeanmonnot sur la mass-start d’Antholz. »
« Je ne sais s’ils en parlent entre eux et comment communiquent les entraîneurs, mais je pense que ce n’est pas facile de diriger et conseiller des biathlètes comme [Quentin] Fillon-Maillet et [Emilien] Jacquelin qui ont de l’expérience et ont été titrés plusieurs fois par le passé. Ce ne doit pas être facile de leur faire changer leurs habitudes et croyances. »
Le sourire de la semaine : Lena Haecki-Gross
« Elle est étonnante avec un physique qui, de prime abord, ne l’avantage pas tellement. Par contre, on sent chez elle de la maturité et de la détermination. C’est une battante qui se bat tout le temps jusqu’à la fin. Ses performances montrent que le biathlon, et les premières places, sont ouvertes à tous les morphotypes. Elle se donne énormément et c’est largement mérité. Comme beaucoup d’autres, elle peut être championne du monde à Nove Mesto ! »
Le retour de la semaine : Quentin Fillon-Maillet
« Lors de la mass-start, on a revu le Quentin Fillon-Maillet d’il y a deux ans, celui de 2022. C’était un peu le même ! Certes, il y a eu l’histoire des skis qui l’a empêché de monter sur le podium, mais il était déjà très fort lors du relais du samedi. Cela dépendra des conditions et des adversaires, mais je pense qu’il peut repartir des championnats du monde avec une médaille d’or ! Il a retrouvé un peu de sa flamme. »
La première fois de la semaine : Jeanne Richard sur un relais mixte
« Ce n’était pas évident pour elle ! Elle s’est retrouvée directement aux avant-postes. Même si elle paraît solide, il y a peut-être eu un peu de précipitation sur ce tir debout. Elle aurait peut-être dû être un peu plus attentive pour ne pas attraper froid aux mains. Même si c’est dommage que cela arrive dans une course par équipes, cela fait partie de son apprentissage du très haut niveau. C’est le sport, ce n’est pas dramatique et on l’accepte. »
Le pronostic de la semaine : une tricolore gagnera le général
« Les Françaises ont de vraies chances de gagner la coupe du monde en fin de saison. Par contre, je ne sais pas qui ce sera de Julia Simon, Lou Jeanmonnot ou Justine Braisaz-Bouchet. Cette année plus que jamais, toutes les courses vont compter donc le mois de mars sera super intéressant à suivre. Après, il faut toujours se méfier des Norvégiennes et, donc, d’Ingrid Landmark Tandrevold qui sera une coriace adversaire ! »
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