Biathlon : la coupe du monde d’Antholz vue par Patrice Bailly-Salins
Tout au long de l’hiver, un biathlète français à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes étapes de la coupe du monde, mais aussi les Mondiaux d’Oberhof (Allemagne). C’est au tour du Jurassien Patrice Bailly-Salins, premier Français vainqueur du classement général (en 1994), de se lancer pour revenir sur la coupe du monde d’Antholz (Italie).
Le coup de cœur de la semaine : Chloé Chevalier
« Sa deuxième place [lors du sprint] a été extraordinaire. Il en manquait peu pour que ce soit sa première victoire, mais elle a de quoi être satisfaite de ce qu’elle a fait. C’était superbe ! C’est mon coup de cœur aussi parce que je sais que c’était, de longue date, une athlète que l’on attendait. Dans ses jeunes années, c’était une bête de course à pied ! Elle s’était d’ailleurs posé la question de savoir si elle allait faire du biathlon ou de la course à pied. »
Les constats de la semaine : la Norvège écrase la saison masculine, Quentin Fillon-Maillet dans le dur
« C’est la Norvège et le reste du monde ! Mais dans ce reste du monde, la France se trouve pas mal. Globalement, les Bleus sont là même si on peut regretter que ce ne soit pas un petit chouilla devant. C’est tellement solide devant que c’est compliqué de se faire une place sur le podium. Peut-être que Johannes [Thingnes Boe] ne va pas garder cette forme tout au long de l’hiver. Même diminué, il sera encore là ! Pour le moment, on ne peut que constater les dégâts. »
« Ce qui pêche pour Quentin [Fillon-Maillet] cette année, c’est le tir. Il a un peu plus de mal que l’année dernière quand il avait des moyennes extraordinaires. Il rentre dans le rang, dans la moyenne, mais ce ne sont pas des mauvais tirs. Avec son niveau de ski actuel, même si ce n’est pas trop mal, cela ne suffit pas. Ce qu’il m’embête le plus, c’est qu’il a du mal au couché alors qu’il ne devrait pas. Cela devrait pouvoir se solutionner ! J’ai encore de l’espoir pour les championnats du monde où il pourra tout se passer. »
Le fait de la semaine : les problèmes rencontrés au tir par les athlètes
« C’est quelque chose qui a été frappant sur cette semaine de coupe du monde. C’est souvent le cas à Antholz parce que l’arrivée au tir est beaucoup plus difficile qu’autre part. Juste avant, ils étaient à Pokljuka et Ruhpolding où l’arrivée au pas de tir est en descente ou presque. En plus de cela, le stade italien est en altitude à 1 600 mètres avec une arrivée en faux plat montant que je connais très bien pour y avoir été plusieurs fois. Quand on se pose sur le tapis, la fréquence cardiaque est beaucoup plus élevée, l’essoufflement aussi. Ils n’ont pas l’habitude d’avoir autant de mal à récupérer. »
« On voit que les athlètes, aujourd’hui, sont dans des schémas de tir très automatisés. Pour tirer comme ils le font, c’est une respiration entre chaque balle. Là, à Antholz, ce n’est carrément pas possible et on voit que sur les relais, la gestion du tir a été complètement différente. On n’a pas vu les Françaises lâcher les chevaux comme à Ruhpolding. »
Le coup de mou de la semaine : Julia Simon
« Elle a été un petit peu en dedans sur cette semaine, c’est clair, mais elle a tellement été solide depuis le début de l’hiver que c’est logique. Ce petit coup de mou trouve sa source au tir parce qu’elle est bien à skis ! Dimanche, lors du relais, elle a bien corrigé le tir sur les tapis. »
« Elle m’épate parce que je ne pensais pas, après les retraits de certaines, qu’une relève comme celle-là arriverait. Ce n’est pas que Julia [Simon], toute l’équipe est là ! Elles sont six à être performantes. Si une est moins bien, une autre prend la place. Cette qualité me surprend, elles m’ont bluffé toutes les unes après les autres. »
Le remerciement de la semaine : les douanes et l’armée
« Heureusement que ces administrations sont là pour donner des contrats. Cela donne une vraie sécurité aux athlètes. Ils sont pros et s’entraînent toute l’année comme des malades du matin au soir. C’est une hygiène de vie au quotidien. Même s’ils n’ont pas le statut professionnel, ce sont des passionnés de leur sport. Il n’y a pas le choix. »
« Personnellement, je suis un pur produit de l’armée. Je n’aurais jamais fait de biathlon sans elle. Aujourd’hui, c’est différent, les jeunes commencent de bonne heure, mais, moi, j’ai débuté à 19 ans ! Maintenant, ils sont en coupe du monde à cet âge-là [rires]. C’est grâce à l’armée que j’ai connu tout cela et j’y suis resté seize ans. »
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