Le sommaire du débrief d’Anaïs Bescond
Biathlon : la coupe du monde de Kontiolahti vue par Anaïs Bescond
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes compétitions de la saison. C’est Anaïs Bescond, championne olympique 2018 du relais mixte , qui se lance pour revenir sur la coupe du monde de Kontiolahti (Finlande).
La belle entame collective des Français, mais…
« Je ne peux pas dire que je pensais qu’ils allaient commencer l’hiver de cette manière, mais plutôt que je l’espérais et que je sentais les gars capables de le faire. Ils m’ont vraiment surprise en bien dès le relais d’ouverture où ils font une super course. Sur les compétitions individuelles, il y en a pour qui ça matche et c’est vraiment cool tandis que d’autres ont besoin de s’inspirer de ce qu’ils ont fait au relais pour briller aussi en individuel. Ils savent faire, mais ne le montrent pas toujours ! Ils ont toutes les clés pour le faire tout le temps, et c’est la grande force des adversaires. »
Un début d’hiver globalement en demi-teinte pour les leaders françaises Julia Simon, Justine Braisaz-Bouchet et Lou Jeanmonnot
« On s’attendait à ce que nos trois cadors cassent tout d’entrée de jeu. C’est comme si elles s’étaient un peu emmêlé les pieds au démarrage parce qu’elles ne sont pas à leur place. Malgré tout, il y a eu des belles choses à un moment donné de la semaine pour tout le monde. Lou [Jeanmonnot], par exemple, gagne et prend le dossard jaune, mais elle le perd de suite en ratant deux balles au tir debout… Ce n’est pas de la déception, mais j’attends mieux et plus d’elles parce qu’elles ont tout pour bien faire ! J’ai vraiment envie que ce soit l’hiver où ça marche très bien. Après, ce n’est que la première étape et il y a encore du temps pour que ça se remette en place. »
« Sur le relais, avec ses crampes au mollet gauche, Julia [Simon] m’a fait très peur. Je sais comment les athlètes de haut niveau fonctionnent… Ils veulent toujours courir et ils sont capables d’aller se faire du mal. Connaissant son caractère, Julia [Simon] particulièrement. J’avais peur qu’elle soit allée jusqu’à la blessure alors que la santé, c’est très important. »
Un sprint de très haut niveau pour Emilien Jacquelin
« C’était vraiment bien, construit et puissant. Cela faisait quelque temps qu’on n’avait pas vu Emilien [Jacquelin] à ce niveau-là. On savait qu’il en était capable, il avait déjà montré des belles choses et il est souvent en capacité de se surpasser en confrontation directe parce que ça le galvanise. Le voir faire une telle course sur le sprint, c’est dingue ! J’avais l’impression qu’il était porté par quelque chose sur cette course. Je l’ai trouvé animé par quelque chose, qui n’est pas forcément palpable et qu’on ne lui connaissait pas sur ce type de format en contre-la-montre. »
La relève des Bleues est au rendez-vous
« C’est une première étape hyper encourageante pour la nouvelle génération où je mets Jeanne Richard, Océane Michelon et Gilonne Guigonnat. Je ne voyais pas les petites jeunes aussi bien ! Je pensais plutôt qu’elles allaient d’abord prendre leurs marques sur la coupe du monde, c’est souvent comme ça que ça marche. Il y a une belle relève, qui est présente. Elles paraissent un peu tête en l’air, mais elles ont la tête au bon endroit au moment des courses où elles font de super choses. Physiquement, elles sont là et c’est beaucoup de bonheur. »
La mass-start et le dossard jaune pour Eric Perrot
« Il a tenu sa course du début à la fin, prenant place dans les bons groupes en début de course. On ne l’a quasiment pas vu à l’antenne avant qu’il ne prenne la tête après le premier tir debout. Il a besoin de se construire en tant que biathlète capable de jouer un général et cette course rentre dans ce cadre. Quand on a appris que les règles du maillot bleu changeaient, on se disait que c’était dommage qu’il ne puisse plus le jouer, mais, en fait, il a les épaules pour porter un autre maillot, le jaune ! Ce que je trouve vraiment chouette, c’est qu’il se met dans des bonnes dispositions pour tout son hiver. »
« Je ne l’ai jamais fait durant ma carrière, mais goûter au jaune et voir qu’on ce qu’il faut pour le porter dès le début de saison sans avoir surjoué, c’est top. L’avoir au bout de trois courses, ça montre aussi qu’il a été régulier en étant bien placé sur l’individuel court, en faisant un résultat correct sur le sprint puis en gagnant cette mass-start. C’est une belle récompense, déjà ! On va voir comment il va se comporter avec. Avoir les épaules, c’est bien, mais il faut aussi avoir la tête et je crois qu’il a tout ça. Je ne vais pas faire son éloge, mais c’est un garçon que je crois stable et porteur de belles valeurs. Il a ce qu’il faut pour devenir un grand biathlète ! »
Sophie Chauveau en difficulté
« Je pense qu’elle se cherche encore. Même si elle a pris de la bonne expérience depuis deux ans, elle doit encore stabiliser son tir et ses émotions. Elle est toujours en construction. Pour l’instant, elle marque les esprits en tant que quatrième fille du relais, mais elle a encore des choses à aller stabiliser au tir et en individuel. Malgré tout, j’ai vraiment noté des différences sur le tapis par rapport à avant, mais c’est encore en construction. »
Quentin Fillon-Maillet revient sur le podium
« Depuis Pékin 2022, on a vu un Quentin [Fillon-Maillet] en difficulté dans bien des cas. Il s’est cherché et il a prouvé sur cette course-là que son niveau n’avait pas disparu. Son dernier tir et son dernier tour, c’était construit et présent ! Si Eric [Perrot] doit se révéler, Quentin [Fillon-Maillet], lui, doit se retrouver. Cette course peut opérer comme un déclic et, parfois, ça marche comme ça en biathlon. Il faut juste qu’il ne lâche pas ce truc pour confirmer. Après, pour moi, il n’a plus rien à prouver, mais il doit retrouver ce qui a fait de lui l’homme de l’hiver 2021/2022. Cela se met en place et il faut voir plus loin que la semaine d’Hochfilzen, mais vers les Jeux de Milan/Cortina 2026. C’est déjà demain et cet hiver va lui permettre de remettre tous les éléments de son biathlon dans le bon sens. »
La frayeur Ingrid Landmark Tandrevold
« C’est étonnant venant de la Norvège, une nation connue pour être très attentive à la santé des biathlètes. C’était vraiment une bonne décision de ne pas la faire courir dimanche et de la faire rentrer en Norvège pour passer des examens complémentaires. C’est un sujet trop important. La question est de savoir si ce sont seulement des crises d’angoisse nécessitant un repositionnement des choses au niveau mental ou s’il y a vraiment un problème physique. Dans tous les cas, c’est à prendre en compte et à traiter. »
Les Norvégiens dans le dur ?
« Ils sont bons, mais la victoire de nos mecs en relais, c’était vraiment bien pour montrer à tout le monde qu’il n’y avait pas que les Norvégiens. Les stats sur leurs victoires passées en relais sont effrayantes donc c’était bien de gagner ! Ceci étant dit, ils sont présents et il faut compter avec eux. Cependant, ils ont des problèmes de riches et ça met la pression. Ils savent que certains vont sauter, mais pas qui ni comment… Ils sont dans le top 10 et, pour battre cette armada, il faut être à son meilleur niveau. Je crois que c’est moteur pour les Français. Pour faire le comparatif, c’est la présence de Johannes Thingnes Boe qui a poussé Martin Fourcade à toujours s’améliorer et devenir le biathlète qu’il est devenu. Je pense donc que c’est une émulation positive et ne pas les voir comme des mecs intouchables. Ils sont faillibles et, nous, on est bons dans ce qu’on fait. »
La belle impression laissée par Elvira Oeberg
« Elle a marqué les esprits parce qu’elle est vraiment en forme. On a l’habitude de voir les Suédoises super fortes en début de saison, cela s’est une nouvelle fois vérifié. Cependant, je reste encore persuadée que les Françaises n’ont pas encore montré tout ce qu’elles avaient sous le pied sur Kontiolahti après avoir terminé la préparation en altitude. J’attends de voir Elvira [Oeberg] à Hochfilzen ! Je ne veux pas tirer des plans sur la comète pour l’hiver entier. »
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RICHARD BIANCONI
10/12/2024 à 10 h 21 min
Bescond a fait un bon débrief, elle a évoqué la situation de Chauveau, mais ne propose pas une solution. Si le staff agit comme celui norvégien, lundi prochain, elle sera renvoyée en IBU Cup ; personnellement, je l’aurai gardé comme remplaçante et je la ferai courir dans le relais féminin, la saison est longue et la fatigue sera grande pour celles lutant pour le gros globe de cristal.
Si elle est renvoyée en IBU Cup cela éliminera une fille de cette épreuve et probablement une junior dont l’avenir est grand, est-ce une bonne chose qu’elle reste à la maison ?