Au sommaire du débrief de Corinne Niogret
Biathlon : la coupe du monde de Pokljuka vue par Corinne Niogret
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes compétitions de la saison. C’est Corinne Niogret, championne olympique du relais en 1992 et du monde de l’individuel en 2000, qui se lance pour revenir sur la coupe du monde de Pokljuka (Slovénie).
Lou Jeanmonnot revient à 20 points de Franziska Preuss dans la course au gros globe
« C’est une bataille mentale : si tu ne lâches pas dans ta tête, ton corps ne lâche pas ! Sur l’individuel court, Lou [Jeanmonnot] n’est pas très loin, mais perd des points. Derrière, elle remet tout de suite les pendules à l’heure en gagnant la mass-start ! Il reste trois courses individuelles, 20 points d’écart… Je pense que Franziska Preuss doit plus avoir peur que Lou Jeanmonnot. C’est l’Allemande qui a le maillot jaune, mais c’est elle qui court après quelque chose. »

« Il me semble que Lou [Jeanmonnot] a un petit avantage physique sur [Franziska] Preuss. Le tout, c’est qu’elle fasse du biathlon comme elle sait le faire. C’est facile à dire, mais très dur à faire quand tu es dans sa position. En même temps, si elle fait des courses comme elle a fait tout l’hiver, il n’y a pas raison que ça ne fasse pas. »
« Je pense qu’elle va gagner ! Comme elle le dit en interview, son principal ennemi, c’est elle-même. Cela va être tout à fait ça ! Il faut qu’elle se mette dans la tête qu’elle gagnera en faisant son biathlon normal. Par contre, le sprint sera très important, même si je reste confiante. »
Sturla Holm Lægreid profite de la maladie de Johannes Thingnes Boe pour reprendre le dossard jaune
« Peut-être que Sturla [Holm Lægreid] a aussi été malade cette saison et que ça se voyait moins… Là, on le voit et ça compte parce que c’est la fin de saison et qu’on fait le décompte des points, mais la même chose en décembre, on n’en aurait pas fait cas. Après, c’est malheureux, mais ça met du piment pour la dernière semaine ! Pour moi, Johannes [Thingnes Boe], malgré tout, ne lâchera pas. Ce sont peut-être, par contre, les émotions qui vont le submerger… Après, tout le public sera pour lui ! »

« Il part avec du retard et la première course sera vraiment importante… S’il gagne ce sprint, il peut ensuite dérouler, mais Sturla [Holm Lægreid] ne se laissera pas faire non plus ! »
Jakov Fak, la victoire 10 ans plus tard
« C’est vraiment la belle histoire ! Il gagne de nouveau 10 ans après… Quand tu le vois monter sur le podium avec ses enfants, c’est fou. Ce mec, sur un coup d’un jour, il peut être champion olympique ! C’est ça que cette victoire montre. Il y a des gars qui prennent des médailles parce qu’ils le méritent et il y a des personnes qui saisissent l’opportunité d’un jour et qui deviennent champions olympiques à 20 comme à 40 ans. »

« On ne l’a pas spécialement vu de la saison, mais Jakov Fak est onzième mondial ! Il est dans une équipe slovène où ça ne pousse pas derrière pour le mettre dehors. En sortant un bon tir, il est capable de claquer des choses, comme il l’a fait sur cet individuel court gagné à 20/20. Il a 37 ans, mais tout cela n’est qu’une histoire de mental. Quand la tête ne veut plus partir de la maison, le physique ne suit plus. Lui, il s’éclate encore dans ce qu’il fait ! »
La victoire de Julia Simon sur l’individuel court
« Quand tu es championne avec son caractère, tu restes une championne ! Le jour où elle est un peu moins bien physiquement, comme sur cet individuel court, elle sort le 20/20. C’est ça être une championne. Il faut arriver à trouver un compromis entre la forme en ski de fond et le tir et, là, elle l’a fait avec brio. On sait ce qu’elle vaut et ce n’est pas étonnant qu’elle gagne ! »

« Parfois, tu te bloques sur une course comme l’individuel parce que c’est long ! Moi, personnellement, j’adorais ça, mais, maintenant, personne ne dit qu’il aime ça. A l’époque, on n’avait pas le choix : il y avait un individuel tous les jeudis ! C’est une épreuve qui fait peur à tout le monde, c’est long et le tir est important avec cette minute de pénalité… qui va à l’encontre du tir qu’ils font maintenant, de plus en plus rapide. »
Le doublé Eric Perrot/Quentin Fillon-Maillet sur la mass-start
« J’ai été admirative de ce qu’a fait Eric [Perrot]. Quand tu le vois prendre la course à son compte et se mettre devant au troisième tour dans la neige lente, on se demande s’il va tenir le coup. Finalement, il en remet une couche dans le dernier tour et te dit à l’arrivée qu’il avait tout prévu. Derrière, Quentin [Fillon-Maillet], au contraire, dit qu’il n’avait pas de stratégie. C’est le monde à l’envers ! De tout ce que j’entends sur Eric [Perrot], c’est tracé et sait ce qu’il veut, où il va et pourquoi il est là. »

La bataille entre Jeanne Richard et Océane Michelon pour le dossard bleu
« C’est une bataille qui a l’air saine ! La meilleure des deux l’aura, mais ce que je veux surtout dire, c’est que ces deux gamines sont épatantes. Jeanne [Richard] avait fait un bout de saison l’année dernière, là, elle est là et tient le coup physiquement. Océane [Michelon], c’est une révélation ! Elles ont une maturité impressionnante pour leur âge et ont peur de rien. Elles arrivent, aussi, à tenir la saison avec un niveau très très très correct alors qu’elles n’ont pas un gros passé d’endurance derrière elles. Là-dessus, il y a encore une marge de progression, comme pour Eric Perrot. »

« C’est bien dans leur progression de carrière qu’elles jouent ce dossard bleu et la quatrième place du général, mais il ne faut pas qu’elles se limitent à ça. Elles se battent, finalement, pour gagner la coupe du monde des jeunes ! »
Une belle bagarre pour la troisième place du général masculin
« Il y a la bataille pour le maillot jaune avec les deux Norvégiens et, derrière, il y a cette bataille pour la troisième place. Cette place sur le podium, pour Quentin [Fillon-Maillet], Emilien [Jacquelin] ou [Sebastian] Samuelsson, les plus anciens, ce n’est pas la même chose et cela n’a pas la même saveur que pour les jeunes comme Eric [Perrot] et Tommaso Giacomel. Pour eux, c’est dans le plan de carrière et c’est un passage avant de jouer le gros globe l’année prochaine. La signification n’est pas la même ! »

La Suisse remporte le relais mixte simple
« C’est ce qui fait le charme de ce relais mixte simple. On aime ou on n’aime pas, mais l’avantage d’être un garçon et une fille, c’est que n’importe quel pays peut gagner. Tu n’as pas besoin d’avoir une armada d’athlètes au niveau pour être devant ! Les Finlandais, aussi, sont là. Cette course est ouverte plus que toutes les autres et c’est bien. Cela permet aux petites nations de pouvoir rêver gagner quelque chose même si les gros pays seront toujours favoris. C’est cette opportunité que la Suisse a prise à Pokljuka. »

Un relais mixte difficile, à un tour de pénalité au debout, pour Jeanne Richard
« Ce n’est pas obligatoire de passer par là. Elle a juste faire une erreur et ça lui servira de leçon. Elle est arrivée sur le pas de tir en voulant tirer vite et c’était trop vite pour elle. Cela peut s’entendre, tu arrives au milieu des autres et tu as envie de repartir avant. C’est humain. Elle s’en rend compte et se dit qu’elle n’aurait pas dû le faire. C’est une leçon qui fait partie de l’apprentissage et ne le refera pas. Je ne connais pas beaucoup de personnes qui n’ont pas tourné sur un relais ! Après ça, c’est revenu dans le match grâce aux copains, c’est le relais, c’est une équipe. Mais je crois qu’elle a vraiment bien retenu la leçon parce qu’elle sait que ce n’est pas comme ça qu’elle tire. »

Les podiums surprises décrochés par Milena Todorova et Anamarija Lampic
« Quand j’ai vu la course de [Milena] Todorova, je me suis dit qu’elle était là dès qu’il y avait des conditions de merde (sic) ! Elle fait podium derrière Paula Botet à Oberhof où il faisait un temps dégueulasse (sic) et, là, rebelote à Pokljuka sur la mass-start. Elle doit aimer ça [rires] ! Sur la fin de saison, les outsiders qui gardent de la motivation arrivent à claquer des belles courses et, parfois, des podiums ou des victoires. »

La France passe à côté du petit globe de cristal des épreuves mixtes
« La France a gagné les globes des relais hommes et dames et va gagner les deux des coupes des nations. C’est surtout cela qui leur tient à cœur en fin de saison. Ce n’est pas quelque chose qui est souvent mis en avant, avec un calcul très spécial, mais ça révèle et reflète la vraie force d’un pays. Ces globes, ça permet de voir que la nation est forte partout ! Oui, ils ont raté le globe des épreuves mixtes, mais il y a tellement eu d’autres satisfactions cet hiver que ça passe presque inaperçu. »

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