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Biathlon : la coupe du monde de Ruhpolding vue par Marie-Laure Brunet
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes étapes de la coupe du monde. C’est la Pyrénéenne Marie-Laure Brunet, double médaillée olympique en 2010, qui se lance pour revenir sur la coupe du monde de Ruhpolding (Allemagne), la cinquième de la saison.
L’homme chocolat de la semaine : Emilien Jacquelin
« Il a été abonné à la quatrième place sur cette semaine ! Si on regarde cela de l’extérieur, on peut se dire que c’est dommage, mais, je pense qu’il aurait signé pour jouer devant. Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’est pas encore au taquet. Je ne sais pas quelle est son analyse de ce week-end, mais, de mon point de vue, il a encore de la marge et a des petits réglages à faire pour monter sur la boîte. C’est hyper encourageant en vue d’Antholz et des Mondiaux parce que le général semble compromis. Il faut donc se focaliser sur la régularité pour briller sur les prochaines courses et engranger de la confiance en vue des championnats du monde qui vont vite arriver »
La femme chocolat de la semaine : Lou Jeanmonnot
« Elle est à son niveau et montre des standards qu’elle a déjà pu montrer par le passé. C’est positif et cela montre que, physiquement, elle est là. Sur le sprint, elle a le huitième temps de ski, ce qui prouve qu’elle est dans le coup ! Elle est deux fois au pied du podium donc j’imagine qu’il y a une petite frustration de ne pas y être, mais c’est juste là et de bon augure pour la suite. Comme elle a pu le dire en interview, son objectif est d’aller chercher le plus souvent possible les fleurs [le top 6, NDLR]. Elle tourne autour du podium, ça montre qu’elle fait partie des meilleures biathlètes ! »
Le revenant de la semaine : Vetle Sjaastad Christiansen
« On imagine qu’il était revanchard, mais il n’a pas passé un cap sur son niveau de biathlète en une semaine. D’une part, cela montre une fois de plus la densité qu’il y a chez les Norvégiens. C’est indéniable. Et cela montre aussi qu’il a su remettre les pendules à l’heure en montrant son meilleur biathlon. D’ailleurs, il ne l’a pas fait seulement sur une course – le sprint -, mais sur les deux du week-end. On aime tous les belles histoires et ça fait plaisir à voir. Bravo à lui et j’espère que ça va le relancer. »
La perte du dossard jaune de la semaine : Justine Braisaz-Bouchet
« Elle a attaqué la saison sans forcément se mettre en tête qu’elle jouait le général. Les semaines passant avec le dossard jaune sur les épaules, les objectifs ont évolué. Justine [Braisaz-Bouchet] nous a habitués à être aux tous premiers rangs, mais, finalement, sa moins bonne course de la semaine est une douzième place. C’est loin d’être catastrophique. Les qualités en ski de fond, elle les a et elle a énormément progressé au tir depuis le début de saison. On devrait rapidement la retrouver devant. »
Le chantier de la semaine : le tir des Bleus
« Pour les Bleus, c’est le tir qui pêche. Il n’y a pas photo : c’est compliqué quand les tirs sont en demi-teinte. C’est une réalité pour l’ensemble des Français, sauf les plus jeunes comme Oscar [Lombardot] qui vient remonter quatorze places sur la poursuite. J’ai la sensation qu’ils courent après des repères et des sensations au tir, mais je crois qu’ils ont déjà toutes les clés pour le faire. Revenir à des choses plus simples aide à se retrouver. Je pense que Jean-Pierre [Amat], qui avait cette faculté à me remettre dans des basiques quand il m’entraînait plus jeune, et Simon [Fourcade] les accompagnent à fond dans cette dynamique. On connaît tous leur niveau, c’est maintenant à eux d’en avoir conscience. »
Le duel de la semaine : Ingrid Landmark Tandrevold vs Lisa Vittozzi
« Celles qui jouent le classement général, Ingrid [Landmark Tandrevold] et Lisa [Vittozzi] étaient devant sur ce week-end ! C’est super. J’aime beaucoup l’attitude de Tandrevold, une athlète que j’ai pu regarder évoluer. Elle a l’air sympathique et est complète sportivement parlant avec des grosses qualités sur la piste et derrière la carabine. Vittozzi, actuellement, évolue à son niveau. C’est une athlète qui a passé des saisons délicates, mais elle est là et montre qu’elle se sert de tout cela pour évoluer et grandir dans son biathlon. Sur la poursuite, elles nous ont fait vivre un sacré spectacle, notamment dans le final. »
Le fait de la semaine : beaucoup de doubles fautes
« Tous les athlètes savent que la Chiemgau Arena de Ruhpolding est un site à ce qui paraît facile [rires] ! Je me méfie beaucoup des stades faciles. Là, j’ai vu des athlètes énormément à l’attaque et faire beaucoup de fautes. Surtout sur des pistes qui ne font pas beaucoup d’écarts sur les skis comme celles-ci, le tir pèse lourd dans la balance, et les bons tirs sont souvent payants. Certains ont réussi, comme Mona Brorsson, à aller chercher le podium grâce à sa rapidité d’exécution, mais il y a un juste équilibre à trouver entre cela et la qualité. Sur la poursuite, j’ai ragé devant le nombre de doubles fautes réalisées pas des athlètes qui, d’habitude, ne le font pas forcément. »
Le leader de la semaine : Johannes Thingnes Boe
« Il ne domine pas, mais sait jouer sur ses qualités. Sur la poursuite, il sort un dernier tir parfait et a montré un biathlon de très haut niveau qu’on aime regarder. C’était chouette. Il ne survole pas chaque course, mais il se connaît bien et maîtrise son sujet. Je pense qu’il ne peut que monter en pression jusqu’à la fin de la saison. »
La (petite) déception de la semaine : Julia Simon
« Connaissant son envie et sa qualité au tir, ce n’est pas un week-end référence pour elle. Ce que je trouve intéressant pour elle, comme les autres Françaises, c’est qu’elles sont dans les clous malgré des tirs qui ne sont pas sensationnels. Cela veut dire que ça répond bien sur les skis, que le matériel et la glisse fonctionnent. Antholz, qui arrive, on sait que c’est un site qui réussit bien aux Français avec l’altitude. »
La performance de la semaine : Tommaso Giacomel
« Il fait partie des jeunes dont on a envie de voir l’évolution avec le temps. Il a un bon potentiel, est rapide sur les skis et joue devant quand il met les balles. C’est hyper intéressant et j’étais contente de voir un Italien sur le podium au sprint. Cela fait plaisir pour nos voisins ! »
La belle surprise de la semaine : Jeanne Richard
« Il y a vraiment beaucoup de positif parce que toutes les Françaises sont dans la poursuite ! Il ne faut pas le banaliser parce qu’on n’a pas toujours vu cela. Je trouve remarquable, particulièrement, ce que fait Jeanne [Richard]. Je ne suis pas épatée parce que, de ce que je perçois, elle parvient à faire « simplement » ce qu’elle sait faire, et c’est ce qui va lui permettre de poursuivre ainsi. Ce n’est pas un exploit et plus rien. Beaucoup peuvent prendre exemple sur elle parce que qu’elle soit en coupe du monde ou ailleurs, elle arrive à rester dans ce qu’elle a à produire et c’est payant. J’aime bien ce côté sans complexes et qui va de l’avant ! »
« On apprend énormément sur les poursuites qui permettent de débloquer des choses mentalement. D’un coup, elle se retrouve à skier avec des filles qui vont vites et elle se rend compte qu’elle est capable de les tenir. Les poursuites sont très formatrices pour les jeunes qui arrivent sur la coupe du monde et donc également pour Océane Michelon. Ce qu’a fait, en plus, Jeanne [Richard] sur le relais est impressionnant avec une seule pioche mise directement. Cela montre qu’elle est bien à son affaire. »
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