Au sommaire du débrief de Gilles Marguet
Biathlon : la coupe du monde d’Oberhof vue par Gilles Marguet
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes compétitions de la saison. C’est Gilles Marguet, champion du monde du relais en 2001 et médaillé olympique, également du relais, en 2002, qui se lance pour revenir sur la coupe du monde d’Oberhof (Allemagne).
Quentin Fillon-Maillet renoue (enfin) avec la victoire
« C’est génial de le voir de retour ! On le connaît le gaillard. Si on l’appelle le Morbac, ce n’est pas pour rien. Il n’a jamais lâché l’affaire. Il a parfois dû se perdre, j’imagine, dans ses discours notamment. Là, il réunit tout et, lui, quand tout est réuni, on sait ce que ça donne ! Il l’a fait en 2022 et nous avait régalés. Les champions ne meurent jamais, c’est clair ! »

La sensation Paula Botet, vainqueure du sprint
« Aujourd’hui, t’es une fille de l’équipe de France, tu vas en IBU Cup ou en coupe du monde, tu claques, sauf accident, un podium ! Ce groupe est totalement fou, comme les victoires d’Amandine Mengin en IBU Cup ou une Voldiya Galmace-Paulin qui pourrait presque prétendre à la coupe du monde et jouer devant. C’est du délire ! »
« Pour revenir à Paula Botet, elle ne vient pas non plus de nulle part. Elle était remplaçante aux Jeux il y a trois ans puis a été blessée. Mais, là, elle gagne ce sprint avec plus de 30 secondes d’avance ! Je ne sais pas quoi dire… Cela démontre le savoir-faire qu’on a en France et le travail balèze réalisé en équipe de France B, dans les comités et les clubs. Ce n’est pas du hasard ! »

Le triplé des Français sur le sprint
« Je suis très heureux pour Jean-Pierre Amat, leur coach du tir ! Il y a un an, pour en avoir parlé avec son entourage, il n’était pas au mieux. C’était dur pour lui, il partait dans un projet conséquent ! Les enjeux dans le biathlon, c’est bientôt comme dans le foot : les résultats à l’instant T comptent plus que le projet à 10 ans. Avec Simon [Fourcade], ils ont tenu le cap, ils ont forcément modifié des choses. Les biathlètes, eux, étaient dans l’idée de prouver qu’ils avaient eu raison de changer d’encadrement. Ils ont donc tenu le cap dans le travail ! Il n’y a rien qui se mérite dans le sport de haut niveau, mais, là, c’était une belle récompense. »

« On savait très bien de quoi étaient capables les gars, mais il fallait le faire et c’est fait ! Le sprint, c’est LA course référence. Ils ont quasiment tous fait le job au tir et sur les skis. On peut souligner le travail monstrueux des techniciens. C’est une belle équipe de France qui est là où elle doit être. »
Deux fois des fleurs pour Océane Michelon
« Ce serait cool que ça aille sur le podium ! C’est absolument génial de voir à quel point elle arrive à asseoir sa présence et sa place dans le groupe, même s’il n’y jamais rien de gagné. C’est comme si elle construisait des fondations ultra solides et il me semble que ça va faire très mal quand ça va claquer ! Elle n’est pas là par hasard, Jeanne [Richard] non plus. Ce ne sont pas des fulgurances, elles sont installées là où elles sont. La jeune génération montre les crocs ! »

Un meilleur résultat en carrière pour Emilien Claude
« J’ai envie de dire que j’en attends encore plus de lui ! En tout cas, il a su saisir sa chance à un moment où il fallait qu’il le fasse. C’est nouveau et peut-être que c’est un déclic. Je le mets dans la case : en attente de confirmation. Si c’était un Antonin Guigonnat qui avait claqué cette performance, je n’aurais pas trouvé ça étonnant, c’est l’homme des one shot quand il a le couteau sous la gorge ! »
« Pour revenir à Emilien [Claude], c’est très bien ce qu’il a fait, d’autant qu’on attendait de voir des mecs qui viennent réellement secouer le cocotier. L’émulation qui naît du côté incertain de la confrontation permet d’aller à ma mailloche à chaque instant. C’est ce qu’il manque encore chez les hommes, à la différence des filles ! »

Le relais mixte simple pour la Finlande
« C’est génial ! Sur le dernier tour de la poursuite féminin, je me faisais la réflexion, il y avait Lou [Jeanmonnot] devant, une Norvégienne derrière puis un groupe d’enragées avec deux Françaises, une Allemande, une Finlandaise, une Bulgare et une Suédoise. C’est multicolore, c’est magnifique ! Ce n’est pas squatté par une ou deux nations. Voir la Finlande, qui a quasiment zéro histoire dans le biathlon mis de côté Kaisa Mäkäräinen, gagner ce relais mixte simple, c’est trop bien ! C’est top pour le biathlon parce que ça rend ce sport encore plus incertain et c’est ce qu’on aime dans le biathlon. »

Lou Jeanmonnot gagne la poursuite… et fond sur Franziska Preuss
« Elle est loin d’être dans son état de forme optimal. Pour moi, c’est la patronne du circuit ! C’est une machine de guerre. Ce n’est peut-être pas objectif [rires]. Avec Franziska Preuss, son adversaire, ce sont deux filles qui ont énormément d’émotions. Ce ne sont pas des tueuses nées, mais des amoureuses de la discipline et du bien-faire qui amène la victoire. Du coup, il y a peut-être un trop-plein d’émotions pour elles à la maison, ce ne sont pas des carnassières dans l’âme. Elles aiment être devant et gagner, c’est leur moteur, mais ce n’est pas aussi viscéral que pour certaines autres ! »

« Ceci étant dit, je trouve que Lou [Jeanmonnot] est devant. Quand elle est à son top, elle est aujourd’hui imbattable ! Dans la durée et le chemin d’une saison, c’est elle la patronne. Elle va devoir gérer les émotions, mais elle a besoin de vivre et d’appréhender ces moments-là. Actuellement, elle enregistre des informations sur son disque dur et pourra les ressortir quand elle en aura besoin. Dans le biathlon, les seuls qui vont au bout du chemin, sont ceux qui acceptent de perdre pour progresser. Lou [Jeanmonnot], elle est de cette trempe. Le jour où elle aura le package complet, elle sera juste injouable et bonne chance aux autres ! »
Les Norvégiens signent (aussi) le triplé sur la poursuite
« On connaît ces mecs-là, tu viens les titiller et, le lendemain, ils répondent ! J’aurais trop aimé être à la réunion de course de veille de poursuite avec Siegfried [Mazet] qui est un être ultra charismatique. Cela devait être du grand Sieg ! Il n’y a jamais rien d’écrit dans le biathlon et ces mecs-là sont tellement bons. Ils rendent presque ce sport prévisible… Ils sont balèzes ! »

Les difficultés de Justine Braisaz-Bouchet et Julia Simon
« C’est très mental. Justine [Braisaz-Bouchet], sur les skis, c’est incroyable, c’est une machine de guerre. Julia [Simon], c’est aussi un talent incroyable et elles peuvent gagner toutes les courses ces deux-là ! C’est aussi la magie du biathlon que de voir ce qu’il se passe en ce moment… A Oberhof, elles étaient les dernières françaises ! »

« Le fait que les petites jeunes arrivent et poussent doit aussi ajouter au doute. Après, je pense qu’elles ont encore la totale confiance de tout le monde. Ce n’est qu’une histoire de petits détails à régler pour que ça fonctionne à nouveau. J’espère qu’elles vont vite retrouver les clés pour que l’équipe soit encore plus forte. On a vu Julia [Simon] très touchée après la poursuite. Elle a une résilience et une capacité de rebond hors du commun, mais, à force, tu peux égratigner le verni… Je sais pas à quel point elles sont touchées, on verra sur la suite du mois de janvier. Ce qui est sûr, c’est qu’elles n’ont pas perdu leur talent et leur savoir-faire ! »

La remontée fantastique d’Elvira Oeberg
« Aux Mondiaux d’Oslo en 2000, Florence [Baverel, sa compagne, NDLR] avait fait le bronze en partant 32e. Là, c’est encore mieux de faire troisième avec le dossard 37. Ce qui est fou, c’est que jusqu’au milieu de la course, on n’entend pas parler d’elle. Mais c’est une fusée sur les skis, c’est juste incroyable ! Cela fait partie des grosses performances d’une saison et c’est ce qui fait la beauté du biathlon et de ce week-end d’Oberhof. »

A lire aussi
- Corinne Niogret : mon meilleur souvenir à… Oberhof
- Coupe du monde du Grand-Bornand : le débrief des courses masculines par Delphyne Burlet
- Coupe du monde du Grand-Bornand : le débrief des courses féminines par Delphyne Burlet
- Corinne Niogret : mon meilleur souvenir à… Annecy – Le Grand-Bornand
- Coupe du monde d’Hochfilzen : le débrief de Frédéric Jean
- Corinne Niogret : mon meilleur souvenir à… Hochfilzen
- Coupe du monde de Kontiolahti : le débrief d’Anaïs Bescond
- Corinne Niogret : mon meilleur souvenir à… Kontiolahti
- Nordic Magazine s’entoure encore une fois d’une équipe d’experts pour vous faire vivre la saison 2024/2025
Les cinq dernières infos
- Biathlon | « Ce sentiment d’être le meilleur du monde va me manquer » : pour ses derniers Mondiaux, Johannes Thingnes Boe continue d’écrire l’histoire en étant sacré sur le sprint
- Biathlon | « Je me sens vraiment chanceux » : à 22 ans, Campbell Wright est entré dans la cour des grands en remportant l’argent sur le sprint des Mondiaux
- Biathlon | Lenzerheide : qui est Sean Benson, qui a terminé dernier du sprint ?
- Biathlon | Lenzerheide : les listes de départ des poursuites des championnats du monde 2025
- Ski de fond | Méaudre : Coline Schmitt et Joachim Bunod solides vainqueurs des sprints skate U18 de la coupe de France
Articles similaires
