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Biathlon : la coupe du monde d’Oslo-Holmenkollen vue par Corinne Niogret
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes compétitions de la saison. C’est Corinne Niogret, championne olympique 1992 du relais, qui se lance pour revenir sur la coupe du monde d’Oslo-Holmenkollen (Norvège).
Le gros coup de la semaine : Ingrid Landmark Tandrevold bien placée dans la course au gros globe féminin
« Cela ne m’étonne pas qu’elle n’ait pas réussi à reprendre le dessus ! Être passée à travers les Mondiaux comme elle l’a fait, tu te dis qu’elle va forcément rebondir. La Norvège est un pays à pression, et, quand tu arrives aux championnats du monde avec le dossard jaune, tu as forcément un surplus de pression. Elle n’a pas répondu présente, mais rentrer à la maison et retrouver de la sérénité lui a sans doute fait du bien. Elle sait faire du biathlon et a retrouvé un état mental qui lui permet de rejouer devant. Ce qu’elle avait perdu en République tchèque. »
« Ce n’était pas une question technique, mais plutôt de mental et d’approche au moment d’arriver sur le pas de tir. C’est tout dans la tête et elle était dans une spirale négative, dans laquelle elle s’est enfermée, aux Mondiaux. La synchro du tir, c’est un dixième de seconde où il faut viser/appuyer. Quand tu es à peine décalé, tu perds les balles et le ciel te tombe sur la tête. Il était temps qu’elle rentre chez elle et ça lui a fait le plus grand bien. »
« J’ai envie de dire que maintenant, elle a une longueur d’avance, mais j’ai l’impression que, derrière, Julia [Simon] est bien motivée. Lisa Vittozzi est là en embuscade. Entre guillemets, elle ne paye pas de mine, mais elle est toujours là. Justine Braisaz-Bouchet est aussi présente. Cela peut être serré jusqu’à la dernière course et ça va se jouer à coup de petits points par ci, par là. Tout va compter. Ingrid [Landmark Tandrevold] a une longueur d’avance, mais ce n’est pas fait ! Cela va être tendu jusqu’au bout. »
La frustration de la semaine : les Français encore au pied du podium
« Ils ont changé d’encadrement, ce qui n’est facile ni pour les coachs, ni pour les athlètes. Même si tu te connais et que tu sais ce qui t’attend avec des entraîneurs français, tu changes d’environnement de travail et de façon de faire. Une année, on savait que ça ne suffirait pas pour que tous les curseurs soient à 100 % ! On sait bien que Jean-Pierre [Amat] est bon au tir et que Simon [Fourcade] est performant sur le physique, mais il faut deux ans pour que la sauce prenne à tous les niveaux. Quand tout va arriver à se mettre en place, je pense qu’ils seront là… même si personne ne va les attendre chez les étrangers ! Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas l’étincelle à un moment et que ça revienne jouer et titiller d’un peu plus près les Norvégiens. »
La Française de la semaine : Julia Simon
« En début de saison, quand elle dit qu’elle a du mal mentalement dès les premières courses, je me disais que la saison allait être longue pour elle. Finalement, elle est montée crescendo en puissance tout au long d’un mois de décembre où elle n’était peut-être pas au niveau qu’elle souhaitait et dans ses standards de la saison dernière. Là, en janvier et février, elle est revenue à son meilleur niveau. Depuis les Mondiaux, on a presque l’impression que rien ne peut l’arrêter. »
« Sur sa rapidité d’exécution au tir, elle a de l’avance sur tout le monde parce qu’elle arrive à les enchaîner sans se poser de questions. C’est un tir qui est devenu naturel pour elle. Parfois, elle en rate une, mais c’est normal. Maintenant, il va falloir que les autres rattrapent ce retard. Le tir de Julia Simon, en 20 secondes avec les cinq balles dedans, c’est le tir d’avenir et cela fait un beau challenge estival au niveau de l’entraînement pour les autres. Dans le même temps, elle va devoir garder cela et gagner en qualité pour ne pas se faire reprendre par ses concurrentes. »
Le suspense de la semaine : le général masculin se resserre entre les frères Boe
« Quand on voyait la domination de Johannes [Thingnes Boe] l’année passée, on se disait que ce serait tout cuit et facile pour lui cet hiver. Après, il a attaqué et rejoint l’équipe plus tard lors de la préparation. Son début de saison n’a pas été fou physiquement et a été entouré de questions. En fait, je crois qu’il est simplement humain [rires] et a aussi droit d’avoir des coups de moins bien ! Tout le monde lui aurait donné la coupe du monde assez facilement et, là, il va falloir qu’il se batte face à son meilleur pire ennemi, son grand frère Tarjei Boe. »
La démonstration de la semaine : le relais mixte français
« Quand j’ai vu comment c’était parti et que Sophie Chauveau, deuxième relayeuse, a commencé à doubler une équipe, je me suis dit que pas beaucoup allaient finir [seules dix nations sur les vingt-trois engagées ont terminé ce relais mixte, NDLR]. Julia [Simon] avait donc bien lancé la course en prenant 30 secondes d’avance sur Sophie [Chauveau]. J’étais contente pour elle qu’elle passe ses tirs ! Quand on reste comme elle sur un échec, ça tourne dans la tête et, là, elle a passé le cap. Les garçons [Fabien Claude et Quentin Fillon-Maillet] ont fait une course à leur niveau, ce qui suffit pour gagner. »
La déception de la semaine : Justine Braisaz-Bouchet
« Elle a fait des Mondiaux pas possibles, elle montait en flèche et c’est vrai que sur cette semaine d’Oslo-Holmenkollen, elle semblait un peu plus émoussée. Elle a bien commencé la mass-start puis n’a pas fait la différence sur les skis comme elle le fait parfois. Prendre quelques jours de repos, ça peut la faire repartir, d’autant que la fin de saison se joue essentiellement au mental. Il faudra de la fraîcheur ! »
La star de la semaine : Tarjei Boe
« Il est impressionnant de longévité ! Il fait partie des athlètes exceptionnels qui ne perdent pas grand-chose de leur compétitivité au fil des ans, comme Ole Einar Bjoerndalen. Quand j’ai regardé les deux frères en interview et je me disais qu’ils se battaient jusqu’au bout pour quelques points, je crois que Johannes [Thingnes Boe] serait capable d’offrir le gros globe à son frère. Je ne sais pourquoi, mais je pense cela. On verra, il faudra que les circonstances de course le permettent, mais Tarjei [Bø] est là depuis quinze ans et est toujours sur les podiums. »
Les surprises de la semaine : Jesper Nelin et le relais mixte simple finlandais
« Comme Lena Haecki-Gross, cela fait un moment qu’on les voit sur le circuit et, à un moment, ça paye. Il a fait des aller-retour avec l’IBU Cup, n’est pas extrêmement régulier et, un jour, ça claque ! C’est bien de voir de temps en temps de nouvelles têtes sur le podium. Même chose pour les Finlandais troisièmes du relais mixte simple. Ce format ouvre des portes à des nations moins attendues et ce podium d’Otto Invenius et Suvi Minkkinen le montre parfaitement ! Cette ouverture vers d’autres nations est une bonne chose. »
La bataille de la semaine : Eric Perrot vs Tommaso Giacomel pour le dossard bleu de meilleur U25
« Je regarde cette bataille ! Il en parle beaucoup et est content de revenir sur Tommaso Giacomel. Je suis conscrit avec son papa [Franck Perrot] et sa maman norvégienne, et je ne le connais pas personnellement, mais le peu que j’en vois dans ses interviews, tu te dis que ce gamin est posé et analyse parfaitement les situations. J’adore son discours. C’est un futur tout grand qui a encore besoin de gagner dans certains domaines, mais il a la tête pour devenir un grand champion. »
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