Au sommaire du débrief de Sandrine Bailly
Biathlon : la coupe du monde d’Oslo-Holmenkollen vue par Sandrine Bailly
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes compétitions de la saison. C’est Sandrine Bailly, vainqueure du classement général en 2005 et championne du monde 2003 de la poursuite, qui se lance pour revenir sur les finales de la coupe du monde d’Oslo-Holmenkollen (Norvège).
Les adieux de Tarjei et Johannes Thingnes Boe
« Je sais que le spectacle continuera après eux même si ça fait quelque chose qu’ils s’arrêtent. Ce que l’on retient d’eux, bien sûr, c’est la rivalité et toutes les situations qu’ils nous ont fait vivre, mais c’est aussi et surtout leur personnalité. Ce qui fait de la peine, c’est de ne plus avoir ces personnes attachantes sur le circuit. Ils étaient drôles, sympas et n’avaient jamais de mauvaises paroles. Il étaient toujours à prendre du recul. Ainsi, ils avaient une approche de leur sport hyper fair-play. Même sans eux, avec les biathlètes qui arrivent, il y aura toujours du spectacle et de beaux duels ! »

« Il y a des athlètes qui sont, toute leur carrière, face à des gens entre guillemets imbattables. Je me souviens d’une Live Grete Poirée qui m’avait dit qu’elle était contente de voir [Magdalena] Forsberg s’arrêter parce qu’elle n’en pouvait plus de ne pas avoir de place pour briller. Ainsi, il y a des sportifs qui passent à côté de grands résultats parce qu’il y a des monstres en face qui durent le temps de leur carrière. La fin des Boe, ça va donc peut-être redynamiser les courses et donner plus de bagarres ! Le biathlon va continuer son petit bonhomme de chemin. »
Le duel épique entre Lou Jeanmonnot et Franziska Preuss pour le gros globe de cristal
« Elles ont proposé du biathlon de tellement haut niveau que chaque scénario envisageable était cruel pour l’une ou pour l’autre. Le scénario qui s’est finalement déroulé est donc cruel et a un goût d’inachevé, mais on se dit que si Lou [Jeanmonnot] avait gagné, c’était aussi cruel pour [Franziska] Preuss. »
« Si on regarde bien tout ce qu’elle a proposé cette année, c’est quand même une sacrée performance de régularité. Elle a beaucoup porté le jaune, a fait dix-sept top 6 et a su confirmer aux Mondiaux, se relevant de situations hyper difficiles avec des tirs ratés en début de course. Surtout, elle arrive à plus de 30 ans avec une carrière derrière elle en dents de scie et pas mal d’échecs… Cela aurait donc été aussi cruel pour elle si ça avait basculé dans l’autre sens. »

« C’était hyper excitant, mais il y avait, aussi, la peur de savoir ce qui allait se produire ! L’une comme l’autre était tout autant méritante. C’était presque dur à vivre. Si on enlève le fait que Lou [Jeanmonnot] soit Française et que notre cœur penchait pour elle, je le répète, mais cela aurait été cruel quoi qu’il arrive… En plus de cela, ça se termine de la pire des manières. Après, c’était du biathlon exceptionnel ! Rarement, il y a eu du biathlon comme ça pour un aussi gros enjeu, c’était magique, du haut niveau. Je pense que l’IBU peut être content d’avoir ce genre de spectacle pour le dénouement de sa saison ! »
Un bilan d’hiver tout de même positif pour Lou Jeanmonnot
« Cela reste une super saison pour elle ! Là où elle a eu le plus de mal, c’est sur la coupe du monde du Grand-Bornand. Cette mauvaise expérience lui aura cependant servi parce qu’elle a eu du mal à cause de l’attente qui était forte. C’est une prise d’expérience qui a servi dans sa construction de la saison face à l’enjeu de la fin d’hiver. C’est obligé de passer par des coups ratés pour y arriver. Il n’y a pas vraiment de regrets là-dessus. »

Le gros globe pour Sturla Holm Lægreid
« J’étais contente pour lui ! Tout le monde disait que c’était la dernière de Johannes [Thingnes Boe] et qu’il fallait qu’il gagne ce globe. Mais je ne voyais pas pourquoi ! Pour moi, il a été plus fort. Il n’est pas tombé malade contrairement à Johannes [Thingnes Boe]. Je ne suis pas du style à penser que c’est une fatalité, mais plutôt une faiblesse de ton corps, qui répond mal à un moment donné. Lui, il a su faire toute la saison et battre son illustre compatriote à la régulière. En vingt et une courses, il fait dix-huit top 6, ce qui est encore plus régulier que [Franziska] Preuss chez les féminines. Face à un adversaire très populaire, Sturla [Holm Lægreid] a su montrer qu’il était là à sa manière ! »

Le trophée de la meilleure U23 pour Océane Michelon
« Cela a été une sacrée lutte ! Elles sont U23, mais cinquième et sixième au général de la coupe du monde. C’est quand même fort. Chez les garçons, Campbell Wright, il est dix-septième. Cela montre qu’elles sont encore jeunes, mais déjà devant. Dans sa saison à Océane [Michelon], il y a un point de bascule début janvier. C’est le moment à partir duquel elle fait cinq top 5, un podium et sa médaille aux Mondiaux. Elle a su bien terminer sa saison, sa première complète en coupe du monde. C’est déjà une biathlète très aboutie qui a un super style en ski de fond. Il faudra maintenant bien récupérer de ces nombreux efforts, pour elle comme pour Jeanne [Richard] ! »

« Ce qui est intéressant chez les filles, plus globalement, c’est qu’il y a quatre U23 dans le top 10, ce qui est bien pour la suite. Il y a beaucoup de Françaises dans les dix premières, mais il faut maintenant des duels et des rivalités dans notre sport pour ne pas qu’une domination s’installe. C’est bien de voir une [Franziska] Preuss, mais elle est en fin de carrière, comme Suvi Minkkinen. On voit déjà ce qui se profile pour la suite et on voit qu’il y a une Allemande, Selina Grotian, une Norvégienne, Maren Kirkeeide, et deux Françaises qui pointent le bout de leur nez. Les Bleues, avec ce qu’elles montrent, vont pousser les autres à rehausser le niveau. »
Eric Perrot, troisième du classement général à 23 ans
« Cette saison, il s’est transformé et s’est peaufiné. Le diamant se taille, mais vite et bien [rires] ! C’est ça qui est appréciable chez lui. C’est bien construit et aligné avec ce qu’il met en place. On a quelqu’un de très impressionnant au sein de notre équipe de France. Il a une intelligence d’approche du biathlon et le fait partager, notamment avec son film tourné en famille lors de sa préparation estivale. C’est intéressant de voir comment il voit les choses et fonctionne. Il a fait plein de choix pour en arriver-là. C’est quelqu’un d’inspirant pour beaucoup de jeunes ! »

« Je trouve qu’il est très complémentaire avec Quentin [Fillon-Maillet]. Pour moi, ce sont des personnages qui portent le groupe. Ils sont complémentaires dans ce qu’ils ont l’air de transmettre au groupe et vont de pair. Cela peut aider de profiter de l’expérience d’un Quentin [Fillon-Maillet] et de la fraîcheur et de l’analyse d’un Eric [Perrot]. Ils ont un parcours qui permet de porter les autres, mais je ne pense pas qu’ils écrasent. Personne ne prend trop de place dans cette équipe de France, chacun a la sienne. »
Une première en coupe du monde convaincante pour Camille Bened
« Incroyable ! Elle était bluffante. Si elle ne rate pas son dernier tir de la poursuite, elle fait carrément le podium. C’était impressionnant de la voir déjà si bien sur une coupe du monde pour sa première. Cela prouve encore une fois que l’IBU Cup a un très bon niveau. Elle s’est bien régalée sur cette dernière semaine de compétition malgré une grosse saison sur le circuit B. Surtout, elle l’a fait dans un contexte qu’elle ne connaît pas, sur une piste exigeante et avec un public dont elle n’est pas habituée. Elle montre qu’il faudra compter sur elle pour l’année prochaine. »

Une fin de saison positive pour Emilien Claude
« Cela fait plaisir de le voir performer en coupe du monde ! Ses efforts payent depuis qu’il a réglé son problème de carabine et qu’il a fait son podium sur l’individuel de Ruhpolding. On sent qu’il est s’est libéré et qu’il arrive enfin à faire des performances à la hauteur de ses capacités. C’est chouette aussi pour le groupe, et pour lui, de le voir enfin être à sa place ! Dans les moments de galère, il a dû hésiter à arrêter et ce n’était pas facile de retrouver sa place au sein du groupe A, ce qu’il a su faire cette saison. »

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