Biathlon : la coupe du monde du Grand-Bornand vue par Delphyne Burlet
Tout au long de l’hiver, un biathlète tricolore à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes compétitions de la saison. C’est Delphyne Burlet, médaillée olympique en relais en 1994, qui se lance pour revenir sur la coupe du monde d’Annecy – Le Grand-Bornand (Haute-Savoie).
La Norvège plane sur le biathlon mondial
« Ils continuent de dominer la planète biathlon. Pourquoi ? Parce qu’en biathlon, il faut mettre les balles dedans et que, eux, le font. Si on veut rivaliser avec eux, il faut les mettre au fond. Ce n’est pas être concentré à 99 % ou quoi, mais à 100 % sur chaque balle ! Les Norvégiens sont formidables et, là, ils nous sortent deux jeunes du chapeau, Martin Uldal, avec sa nouvelle technique au tir debout, et Vebjoern Soerum, avec son dernier tour incroyable. »
Le retour en grâce de Tarjei Boe
« On l’a vu s’entraîner toute la semaine. Il faisait sa séance, faisait coucou au public, prenait des photos, mais restait concentré. Savoir qu’il allait à Oberhof quel que soit son résultat sur la mass-start a aussi dû le libérer. Et, là, il claque la performance ! Je suis très contente pour lui. »
Johannes Thingnes Boe, toujours le meilleur
« Il y en a deux ou trois qui essayent de rivaliser avec lui, mais ce n’est pas encore assez régulier. On se dit qu’il est vraiment et que personne n’arrive à le défier régulièrement pour la gagner et le podium. Il est trop régulier et les autres pas assez. C’est bien parce que ses adversaires savent sur quoi travailler ! En plus, il n’a plus besoin de gagner avec 3 minutes d’avance, il lui suffit de mettre les balles dedans et c’est bon. »
Un podium pour Emilien Jacquelin
« Emilien Jacquelin a beaucoup progressé, il est un peu posé et on sent qu’il est reposé et bien dans sa peau. Il se fait plaisir et répond à la bagarre avec des temps de ski formidables, c’est magnifique ! Il dit qu’avec lui rien n’est simple, tout est compliqué, et j’aime bien parce que c’est pareil avec moi [rires]. C’est sa vie et il faut essayer de simplifier au maximum pour éviter les trop grandes complications. Le seul élément sur lequel il peut concrètement agir, c’est sa concentration pour être à 100 % sur ce qu’il fait. »
Les difficultés au tir de Quentin Fillon-Maillet
« Il est actuellement en difficulté au tir et il dit en interview que son tir d’entraînement est bon, mais pas celui de compétition… Le mérite n’existe pas, ce n’est pas au mérite qu’on fait des médailles. L’école russe, c’est répéter mille fois la chose à l’entraînement pour la faire au moins une fois en compétition. Il est dans cette phase-là et il doit comprendre que son tir de compétition se travaille à l’entraînement, et que là. L’entraînement, dans sa tête, il doit se mettre en mode compétition ! Malgré tout, je le trouve plus calme qu’au début de saison dernier, mais on sent de la colère contre lui-même. Il faut qu’il persévère ! »
Un groupe France globalement en progression
« Maintenant, Simon Fourcade a le sourire ! Il faut tout de même toujours surveiller la situation comme le lait sur le feu. C’est bien pour tout le monde que les deux groupes performent et que le travail commence à payer. La question qui se pose maintenant, c’est : est-ce qu’il ne manque pas un leader ? Personne, à l’heure actuelle, ne l’a. C’est fort possible que ce soit l’année où Eric Perrot prend ce statut, mais Emilien Jacquelin, avec plus de régularité, pourrait aussi le prendre. »
Le tir suédois en berne
« Je suis tellement déçue que le niveau de tir n’arrive pas à s’élever un peu plus ! Ils ont des super entraîneurs de tir, mais ils ne sont pas à 100 % concentrés et ça part dehors. S’ils tiraient bien, ils feraient tellement mal ! Martin Ponsiluoma m’a fait beaucoup de peine sur son dernier tir debout de la mass-start. Il était complètement penché sur l’avant, plus du tout sur ses appuis, et il en sort quatre. Il faut qu’il bosse son tir en Suède et qu’il reprenne les bases. Il a tout perdu ! »
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