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Biathlon : Sandrine Bailly présente les enjeux des trois dernières étapes de la coupe du monde
Double médaillée olympique en relais, championne du monde de la poursuite en 2003 ou encore lauréate du gros globe de cristal en 2005, l’Aindinoise Sandrine Bailly a arrêté sa carrière en mars 2010 à Khanty-Mansiysk (Russie). Quatorze ans plus tard, elle n’a pas disparu du petit monde du biathlon puisqu’elle commente plusieurs fois par saisons les épreuves de la coupe du monde pour Eurosport.
Pour Nordic Magazine, au matin du lancement du dernier bloc de la saison 2023/2024, Sandrine Bailly, avec son œil d’experte, a accepté de poser les enjeux des trois dernières manches de l’hiver organisées à Oslo-Holmenkollen (Norvège), Soldier Hollow (Etats-Unis) et Canmore (Canada).
Une bataille à quatre pour le gros globe féminin
« C’est une fin de saison qui est prometteuse parce que rien n’est encore joué, comme souvent finalement ! Les quatre prétendantes – Julia Simon, Ingrid Landmark Tandrevold, Justine Braisaz-Bouchet et Lisa Vittozzi – sont totalement différentes avec des trajectoires de saison opposées et des qualités distinctes. C’est donc difficile de savoir laquelle va le mieux réagir sur cette fin d’hiver. On aurait tendance à penser qu’Ingrid Landmark Tandrevold va accuser le coup, mais après des Mondiaux ratés puis quinze jours de repos, peut-être qu’elle va très bien revenir et arriver à oublier l’enjeu pour recaler son tir debout. Dans ce cas-là, on aurait droit à une Tandrevold redoutable. »
« Justine [Braisaz-Bouchet], elle, n’a pas encore flanché physiquement et je pense qu’elle va garder ce niveau qui lui permettra de toujours avoir une petite marge supplémentaire sur les autres. Ce sera confortable pour elle. Lisa [Vittozzi], c’est la régularité et on connaît les qualités de Julia [Simon]. Aux tripes, on sait ce qu’elle est capable de faire et elle est en pleine confiance après ses magnifiques Mondiaux. Elle est cependant à 57 points et il y a trois filles à dépasser, donc elle part de plus loin… mais, en même temps, il suffit d’une course pour revenir! Sur cette fin de saison, les conditions météorologiques, un facteur non maîtrisable, auront aussi leur rôle à jouer dans cette bataille. »
« Pour Justine [Braisaz-Bouchet] et Ingrid Landmark Tandrevold, cela va également être la première fois qu’elles vont jouer un gros globe. Les autres arrivent en sachant à quel point c’est difficile de tenir les trois dernières semaines ! Mais, ça, peut-être vaut-il mieux ne pas le savoir [rires] et laisser de la place à la fraîcheur du débutant pour aller chercher le globe. Plus les courses vont avancer, plus ça va être dur et, si cela reste serré, ça va devenir tendu. Tout va peut-être se jouer au finish ! Dans la tête, Julia [Simon] et Lisa [Vittozzi] savent à quoi s’attendre, mais ce n’est pas forcément cela qui donnera l’avantage. »
Qu’est-ce qui va faire la différence entre elles ?
« C’est peut-être sur la régularité au tir que ça va se jouer. Si on regarde les chiffres, c’est plutôt Lisa Vittozzi qui l’a [elle tourne à 93% de réussite contre 87% pour Julia Simon, 84% pour Ingrid Landmark Tandrevold et 83% pour Justine Braisaz-Bouchet, NDLR]. C’est quelque chose sur lequel elle peut compter constamment, mais cela est purement statistique ! Il reste sept courses dont un individuel et deux enchaînements sprint/poursuite qui seront dangereux pour toutes les filles. »
Johannes Thingnes Boe a-t-il déjà gagné le gros globe masculin ?
« On l’a vu super bien revenir à la fin des championnats du monde [où il est monté sur les podiums des sept courses, NDLR] donc j’aurais tendance à dire qu’il va dérouler. Après, on n’est pas à l’abri d’une surprise, d’autant que ça reprendra avec un individuel où il ne faudra pas se louper. Pour ses adversaires [Johannes Dale-Skjevdal et Tarjei Boe pointent à quasiment 100 longueurs, NDLR], il va cependant falloir être super costaud et le pousser à la faute ! Je ne sais pas si c’est possible… »
Une fin de saison en Amérique du Nord, sur des stades méconnus
« Je ne sais pas comment les athlètes le vivent, mais c’est plutôt sympa d’aller sur des sites qui changent. Cela apporte de la fraîcheur à tout le monde avec des conditions un petit peu à l’ancienne, sans camion de fartage et moins de confort pour les techniciens. Il va y avoir le décalage horaire à gérer, mais les lieux sont hyper cools. Le public, là-bas, est trop sympa donc c’est génial de pouvoir terminer en Amérique du Nord. Par contre, c’est un petit peu étrange que le mois de mars commence à Oslo-Holmenkollen… là où tout se termine traditionnellement ! »
Les Bleus vont-ils enfin décrocher un podium en coupe du monde ?
« Pour Eric [Perrot], je trouve que ce serait super et mérité qu’il aille chercher un podium sur cette fin de saison. Quentin [Fillon-Maillet] avait l’air mieux sur les Mondiaux et va avoir à cœur de bien finir l’hiver après avoir eu sa médaille. Pour Fabien [Claude] et Emilien [Jacquelin], ça a toujours été en dents de scie tout l’hiver donc on ne sait pas trop ce que cela va donner. Après, même s’il y a ce podium, il restera des choses à régler pour la saison prochaine et ça n’effacera pas tout. »
Comment Lou Jeanmonnot et Sophie Chauveau vont-elles digérer leurs bons Mondiaux ?
« Même si elles n’avaient pas fait de super Mondiaux, ce n’était pas les filles que l’on attendait le plus. Lou [Jeanmonnot] avait affiché ce qu’elle voulait faire et l’a fait, tandis que Sophie [Chauveau] a aussi eu sa part du gâteau sans forcément s’y attendre. Pour elles, maintenant, ce n’est que du bonus. Sur cette fin de saison, elles vont continuer à prendre de l’expérience au très haut niveau et aux avant-postes. Il n’y a pas de raison que ça se passe mal, notamment pour Lou [Jeanmonnot] qui n’a plus qu’à continuer sur sa lancée ! »
Jeanne Richard et Gilonne Guigonnat, une fin d’hiver sur la coupe du monde pour apprendre
« Elles ont pu faire les Mondiaux, courir chacune sur cet événement, et là, elles peuvent terminer la saison sur la Coupe du monde en multipliant les courses à ce niveau. L’enchaînement est difficile à appréhender, mais elles ne devraient pas faire toutes les courses, donc elles pourront probablement garder de la fraîcheur. Elles auront leur rôle dans cette équipe, notamment, peut-être, en remplaçant les leaders à la chasse aux globes sur un relais. »
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