BIATHLON – Elle est l’une des plus belles révélations de ce début d’hiver en coupe du monde de biathlon. La Biélorusse Dzinara Alimbekava ne vient pas de nulle part, mais elle atteint un niveau impressionnant, titillant l’élite mondiale habituelle. Découverte.
Biathlon : le parcours de Dzinara Alimbekava
Née en janvier 1996 dans le District d’Abaï au Kazakhstan d’un père kazakh et d’une mère russe, Dzinara Alimbekava [prononcez Alimbekova] a déménagé à Chausy, en Biélorussie, à l’âge de trois ans. « Chaque souvenir que j’ai est lié à la Biélorussie, je ne peux que me dire 100% biélorusse », annonce-t-elle fièrement.
Avant de se lancer dans le ski de fond à l’âge de onze ans et de découvrir le biathlon quelque temps plus tard, ce sont la danse et le piano qui ont été ses premières passions.
C’est en 2008, à 12 ans qu’elle débute le biathlon avant de rejoindre pour la première fois l’équipe nationale juniors en 2014. En même temps que sa vie d’athlète de haut-niveau, la Biélorusse suit un cursus en coaching à l’Université d’État biélorusse d’éducation physique.
Dzinara Alimbekava (BLR) est une nouvelle athlète à suivre sur la coupe du monde de biathlon – Manzoni/NordicFocus
En 2015, elle est du relais féminin juniors médaillé de bronze à Minsk, donc à domicile. L’année d’après, à Beitostølen, Dzinara Alimbekava signe sa première performance sur le circuit IBU Cup avec une deuxième place à seulement six secondes d’une Denise Herrmann fraîchement devenue biathlète.
Ses autres faits d’armes sont évidemment le titre olympique en relais à Pyeongchang [lire plus bas] et la qualification des championnats d’Europe du super-sprint à Raubichi en 2020, avant de terminer dixième.
Dzinara, la médaillée olympique
Ses premiers pas à l’international ne sont pas brillants et ne laissent pas présager d’une carrière à tutoyer les sommets. Pourtant, à l’âge de 22 ans, lors des Jeux olympiques de Pyeongchang, Dzinara Alimbekava est intégrée au relais féminin aux côtés d’une certaine Darya Domracheva, la grande star du biathlon mondial.
Dzinara Alimbekava (BLR) était jusqu’alors la championne olympique oubliée du relais féminin biélorusse – Thibaut/NordicFocus
Il fallait y croire. Les planètes se sont alignées le 22 février 2018 pour Alimbekava, lancée par Nadezhda Skardino et Irina Kryuko. Malgré trois pioches, elle gagne une place, la quatrième, pour son relais biélorusse et lance Darya Domracheva vers la victoire, seulement 14 secondes derrière la Pologne alors en tête.
La superstar du pays s’offre alors son quatrième titre olympique et partage avec ses coéquipières une médaille d’or olympique. Dzinara Alimbekava a réussi ce jour-là la performance que tout un staff attendait et a surpris son monde, là où on n’en attendait pas tant. Seulement voilà, un tel résultat pour une “rookie” ne lui a pas forcément réussi… en tout cas jusqu’à cet hiver, où elle se révèle aux yeux des adeptes.
Nadezhda Skardino (BLR), Iryna Kryuko (BLR), Dzinara Alimbekava (BLR), Darya Domracheva (BLR) – Manzoni/NordicFocus
Alimbekava, un début de saison canon
Le début de saison de l’hiver 2020/2021 a vu la jeune Biélorusse de 24 ans se hisser devant les projecteurs des caméras et des classements de l’IBU. Ainsi faudrait-il rappeler que ses performances extraordinaires sont de l’ordre d’une progression conséquente pour Dzinara Alimbekava. Jusqu’alors, son meilleur résultat en carrière dans l’élite était une treizième place. C’était sur le sprint des Mondiaux d’Östersund en mars 2019.
Kontiolahti a été la terre sacrée pour la révélation du début d’hiver – avec Elvira Oeberg. Au total des quatre courses individuelles, la Biélorusse n’est jamais sortie du top huit. Pas anodin donc pour Alimbekava qui a fait preuve d’une constance remarquable.
Dzinara Alimbekava (BLR) n’est pas sortie une seule fois du top huit sur les quatre premières courses de l’hiver – Manzoni/NordicFocus
Huitième de l’individuel d’ouverture, elle remonte ensuite sixième sur le premier sprint, puis septième sur le second avant d’échouer au pied du podium sur la poursuite de clôture des deux premiers week-ends finlandais.
Lors du relais, et ce malgré deux pioches, la biathlète de Chausy a fait mieux que belle figure en passant le relais à sa compatriote Irina Kruchinkina en première position (onzième à l’arrivée).
Une copie de 88,9% au tir, des temps de ski quasiment toujours dans le top dix (à l’exception de la poursuite), Dzinara Alimbekava se présente comme une biathlète complète et redoutable. Rapide devant les cibles à la mode de l’Est, le mètre 71 de la biathlète est plus que jamais proche de s’élever sur la boîte dans l’élite coupe du monde.
Digne héritière de Darya Domracheva ?
Alors peut-on ainsi émettre l’hypothèse que Dzinara Alimbekava se présente comme l’héritière de Darya Domracheva, retraitée depuis le dernier hiver olympique. Voilà déjà presque trois ans qu’une Biélorusse n’avait pas été aussi constante sur la coupe du monde de biathlon.
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La comparaison est lourde, mais aussi belle que la promesse qu’a faite Alimbekava aux suiveurs sur ce début de saison. Après la première étape de Kontiolahti, elle pointe au quatrième rang mondial, à seulement un point du podium. Une performance XXL à laquelle elle ajoute le dossard bleu de meilleure jeune en dessous de 25 ans (elle aura 25 ans le 5 janvier 2021, ndlr.).
Un classement annexe duquel la Biélorusse pourrait bien faire son objectif en concurrence avec Elvira Oeberg (5e) notamment. Une chose est sûre, ses performances seront à suivre et ce, malgré les problèmes qui rongent la Biélorussie dans le paysage sportif mondial.
En outre, le comité national olympique biélorusse est interdit d’olympiades, sa hiérarchie est proscrite de toute activité autour du CIO et le pays ne pourra accueillir aucun événement étiqueté du CIO. En revanche, les athlètes pourront bel et bien participer aux Jeux olympiques.
Photos : Nordic Focus Photo Agency.