Biathlon : un nouvel hiver tronqué pour Emilien Claude
Le biathlète vosgien Emilien Claude, vingt-quatre ans, espérait vivre cet hiver la meilleure saison de sa carrière. Auteure d’une belle préparation et de courses estivales convaincantes sur le circuit, le Bassurois avait dominé Oscar Lombardot en novembre à Bessans (Savoie) pour décrocher son ticket en coupe du monde. Malgré une dixième place obtenue d’entrée à Östersund (Suède), son exercice 2023/2024 s’est vite transformée en calvaire.
A quelques jours de mettre un terme à sa saison lors des championnats de France de Méribel (Savoie), Emilien Claude se confie à Nordic Magazine. Entretien.
- Votre hiver a très bien commencé avec une sélection pour la coupe du monde obtenue à Bessans (Savoie), puis un top 10 sur la course d’ouverture et un appel pour le relais, votre premier à ce niveau. Seulement, vous tombez malade et votre saison rend une mauvaise tournure…
Comme vous l’avez dit, c’était très bien parti ! Je gagne mon ticket en coupe du monde sur les sélections de novembre après une bonne préparation et des bons Summer Tour. J’étais en forme et tout allait pour le mieux. Sur la première course à Östersund, l’individuel, je fais un 20/20 et je termine dixième. Ce n’était pas la forme espérée sur les skis, parce que j’avais déjà mal à la gorge. Sur le coup, il faisait -15 °C et on se dit que ce n’est pas grand-chose. Je suis pris dans le relais, c’était le rêve ! Seulement, la nuit avant le relais, je ne me sens pas bien… Au réveil, je me dis que je pourrais tenter le coup, mais ce ne serait pas judicieux pour l’équipe. J’ai donc préféré m’économiser pour le week-end afin de continuer sur ma lancée en individuel.
- Vous vous présentez tout de même au départ du sprint…
Cela allait un peu mieux le samedi, j’avais été testé négatif au Covid, mais on a appris plus tard que c’était avec un test vieux de 4 ans. Il ne prenait donc pas en compte les nouveaux variants et j’étais bien covidé à ce moment-là. Je fais le sprint, mais cela a été ma plus grosse erreur de l’hiver. Il faisait -16 °C, c’était une des pistes les plus dures de l’année et j’y ai laissé des plumes. Je ne suis pas qualifié pour la poursuite et j’avais l’objectif de me refaire la cerise pour Hochfilzen et Lenzerheide. Avec quelques jours seulement de coupure, ce n’est malheureusement jamais revenu, malgré une bonne poursuite en Autriche. Le break de Noël a été vraiment compliqué, j’étais cuit et je n’arrivais pas à récupérer.
- Début janvier, vous êtes rétrogradé en IBU Cup : comment avez-vous vécu ce moment ?
C’était le tournant de ma saison, parce que je savais que je devais performer si je voulais aller aux Mondiaux et finir l’hiver en coupe du monde, qui était l’objectif. Je suis donc allé sur l’IBU Cup de Martell-Val Martello et j’ai vu que le corps ne répondait pas du tout. Cela a été dur, mais j’ai pris la décision de rentrer me préparer. La saison n’était pas finie pour autant, mais j’avais bien tiré sur la corde en décembre. Je ne voulais pas faire les mêmes erreurs. J’ai pu faire des analyses médicales pendant cette période pour savoir d’où cela venait et on a trouvé que j’avais un problème [situé dans l’estomac, NDLR]. Après les championnats d’Europe et Arber, j’ai profité des trois semaines de pause pour me soigner, et cela a plutôt marché parce que ça m’a permis de retrouver mon niveau sur les skis début mars à Obertilliach.
- En novembre, vous aviez confié dans nos colonnes être plus préparé qu’auparavant à un éventuel retour en IBU Cup…
Quand je suis retourné en IBU Cup en janvier, c’était plus facile d’abord parce que je trouvais ça logique à cause de mes problèmes de santé. Je n’avais plus le niveau. Où j’ai le plus souffert, c’est de ne pas savoir d’où ça venait et d’accepter ces deux hivers sans résultats. J’ai tout à faire dans ma carrière et heureusement que j’ai un bon entourage et des personnes qui me soutiennent. Sinon, cela aurait vite pu me faire mettre le clignotant.
- Cette fin d’hiver convaincante avec de nombreuses cérémonies des fleurs doit vous redonner le sourire…
Je suis content de bien avoir fini la saison parce qu’elle a été compliqué. C’est la deuxième de suite où je ne suis pas à mon niveau sur la majorité des courses, et loin de mes espérances au moment d’en faire le bilan. C’est vraiment frustrant et décevant d’avoir les pires sensations de l’année au moment où je devrais être au top. C’était donc important de bien terminer en Autriche avec six courses de très haut niveau sur les skis et derrière la carabine où je suis à plus de 90 %. Disons que cela remotive pour l’année prochaine. Je ne vais pas lâcher, le travail finira par payer un jour.
- Le sujet de la santé mentale des sportifs de haut niveau est souvent évoquée ces derniers mois : comment vous, personnellement, vivez-vous vos deux derniers hivers difficiles ?
L’année dernière a vraiment été très compliquée, mais cela s’est mieux passé cet hiver. J’ai l’habitude et un bon entourage autour de moi. Après, bien sûr, ce n’est pas la joie de vivre comme si je faisais des tops 10 en coupe du monde. Cela reste compliqué, mais j’arrive à me raccrocher à d’autres choses. J’ai vécu des choses bien pires que cela dans ma vie, malheureusement, donc ça va ! J’ai quand même la belle vie et je relativise, même si c’est sûr que c’est compliqué. Il faut savoir gérer les bas plus que les hauts dans une carrière. Beaucoup de personnes se disaient que ça n’allait pas et n’osaient pas me demander des nouvelles directement, mais tout allait bien ! J’ai passé un bel hiver, je suis très content de la fin de saison de l’équipe de France et c’est un vrai plaisir de les voir récompensés, ainsi que de suivre ma copine [Anna Gandler] sur le circuit à distance. Cela me donne encore plus envie dans les années à venir d’être avec eux !
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