Biathlon : le rebond gagnant d’Emilien Jacquelin
Ce jeudi en toute fin de journée, dans la nuit noire de Nove Mesto (République tchèque), l’Isérois Emilien Jacquelin a remporté le sprint de reprise de la coupe du monde de biathlon. Deux semaines après des Mondiaux manqués, le Dauphinois de 29 ans a donc relevé le gant pour triompher.
Auteur du 10/10 sur le pas de tir pour y parvenir, il a partagé le podium avec Tommaso Giacomel et Johannes Thingnes Boe. Après la cérémonie protocolaire, Emilien Jacquelin s’est confié en visioconférence à quelques médias, dont Nordic Magazine. Entretien.
- Dans quel état d’esprit abordiez-vous ce sprint de Nove Mesto (République tchèque) faisant suite à des Mondiaux délicats ?
Les Mondiaux étaient difficiles, mais j’ai vraiment essayé de donner mon maximum chaque jour. En partant de ce principe-là, je ne pouvais être que déçu, bien sûr, mais j’ai toujours essayé de continuer à donner mon maximum. Le fait de ne pas pouvoir courir le relais, ça m’a beaucoup touché. L’objectif de la semaine dernière, c’était donc de couper les ponts [avec le biathlon] et de penser à autre chose. Au-delà de la performance du jour, je suis content d’avoir bien travaillé et trouvé les outils et les clés nécessaires pour aller de l’avant malgré cet échec aux championnats du monde.

- Vous avez dit après la course que votre plus grande fierté du jour était votre tir debout, où vous êtes parvenu à vous reprendre plusieurs fois…
Au-delà de cela, c’est plus l’état d’esprit global de la course. Le tir debout en fait partie parce que c’est là où je cristallise tout ce qu’il peut se passer dans ma tête au niveau du tir. Ce qui peut se passer, ce n’est pas technique à chaque fois, mais c’est plutôt la capacité d’avoir confiance en ce que je sais faire et que je fais bien à l’entraînement pour le mettre en place en course sans avoir peur d’échouer ou le risque de trop en faire. Je dois rester simple et je suis content d’être resté dans mes marques sans surjouer ou me précipiter. C’est comme ça que je suis allé chercher le 10/10.
« Quand la motivation et le plaisir au quotidien sont moins présents, c’est dur d’être performant »Emilien Jacquelin à Nordic Magazine
- Entre la fin des Mondiaux et ce sprint victorieux, qu’est-ce qui a changé ?
Je me connais avec les années et je pense que j’ai besoin de fraîcheur mentale. J’entends par là ne pas avoir la tête 100 % focus biathlon tous les jours pendant une saison. C’est notamment pour ça que je fais des gros mois de décembre, parce qu’il y a encore de la fraîcheur mentale, de l’élan et de la motivation. Petit à petit, on rentre dans la routine de la coupe du monde et je sens que, des fois, la motivation baisse. C’était le cas aux championnats du monde. Quand la motivation et le plaisir au quotidien sont moins présents, c’est dur d’être performant. La clé, c’est d’être capable de parfois couper même si j’adore mon sport et que j’y mets beaucoup d’énergie. J’aime me rappeler que le biathlon n’est qu’une partie de ma vie et prendre du recul là-dessus. Cela me permet d’avoir plus de légèreté et d’envie à y mettre dans le moment présent.

- Etait-ce important, pour vous, de repartir de l’avant dès la première course suivant les championnats du monde ?
Ce qui m’a surtout fait mal, c’est de ne pas pouvoir courir le relais avec les gars de l’équipe. Après, encore une fois, on attend de ma part que je joue des gagnes et des podiums. Finir onzième d’une mass-start et quinzième d’un sprint avec le 7/10, certes ce n’est pas les médailles et ce qu’on attend de moi, mais je n’ai pas terminé quarante-cinquième non plus. C’est une question de point de vue parce qu’on n’en tiendrait pas rigueur à d’autres biathlètes. Moi, de suite, on dit que je suis capable et que je dois faire mieux. Le haut niveau n’est pas un long fleuve tranquille et trop de personnes imaginent que c’est un jeu vidéo. Ce n’est pas parce que je suis capable de faire des grosses performances que je suis capable de les réitérer tous les jours.
« Bien sûr que j’avais à cœur de courir ce relais, mais c’était leur décision »Emilien Jacquelin à Nordic Magazine
- Vous parlez du relais des championnats du monde auquel vous n’avez pas participé par choix du staff. Est-ce une histoire qui est maintenant derrière vous ?
Cela n’a pas été évident, mais ça fait partie du boulot des entraîneurs de devoir faire des choix. Qu’on soit d’accord ou pas avec, ça fait partie du haut niveau. Bien sûr que j’avais à cœur de courir ce relais, mais c’était leur décision. A la fin, si tout le monde est satisfait de la deuxième place du relais, tant mieux. J’avais envie de pouvoir le faire, mais l’équipe a quand même été performante. C’est normal, en tant qu’athlète, de ne pas être d’accord avec certaines décisions, mais, encore une fois, leur travail [aux coachs, NDLR] est compliqué dans ce cas-là. La coupure a fait du bien pour passer à autre chose et aller de l’avant.
Le live data du sprint masculin
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