Mine de rien, avec cinq médailles décrochées aux championnats du monde, Emilien Jacquelin, 25 ans, est en train de se construire un solide palmarès. « C’est vrai que je suis très heureux de cette médaille de bronze, surtout sur un sprint, ce qui prouve mes qualités », lance-t-il. De quoi lancer les paris sur un nombre de médailles plus élevé que son compère Alexis Pinturault, également bronzé dès sa première course des Mondiaux de ski alpin ? « Il reste la référence du ski alpin cette année, ce n’est pas mon cas mais si on peut s’amuser, essayons », rigole Emilien Jacquelin, taquin. Entretien.
- Ce bronze vous satisfait-il alors que vous étiez en argent un bon moment ?
Je vous avoue qu’on a toujours envie d’être sur la plus haute marche du podium. Lorsqu’on m’annonce que je suis à dix secondes de la tête et que je vais sûrement jouer la deuxième place, je me satisfaisais de ça. C’est très chouette après le mois de janvier que j’ai eu. Bien sûr, j’aurais préféré terminer deuxième que troisième mais mon objectif reste les courses en confrontation et je me suis très bien placé pour la suite. Je suis très content, c’est une nouvelle médaille mondiale de plus.
- A-t-elle la même saveur que celles décrochées l’année dernière ?
À Antholz, c’était le fruit de tout le travail réalisé depuis des années, ici, à Pokljuka, c’est différent. J’ai beaucoup appris sur moi-même depuis la reprise de l’entraînement où j’ai pas mal gambergé en me posant pas mal de questions. C’était très compliqué, je sentais que je n’arrivais pas à être tout simplement moi-même. Je ne prenais pas de plaisir sur les courses. Sur ces Mondiaux, je voulais revenir à l’essence même de pourquoi je fais ce sport, de qui je suis. Quand ça paye directement, ça montre qu’il faut rester soi-même, avec ses qualités et ses défauts.
« À un moment, je pensais sincèrement que ce n’était pas mon année et que j’allais faire une saison blanche »
- Depuis le début de l’hiver, vous tourniez auteur de ce podium sur un format contre-la-montre : vous devez être satisfait…
C’est dans la continuité. J’ai eu l’impression de jouer de malchance, de manquer de réussite sur tellement de courses cette année ! Des sprints se sont joués à une balle près pour être sur le podium ou les chutes, le cassage de carabine. À un moment, je pensais sincèrement que ce n’était pas mon année et que j’allais faire une saison blanche. J’étais très fataliste là-dessus.
- Il s’agit de votre cinquième médaille mondiale, le troisième en individuel : ça commence à faire, ce n’est pas rien…
C’est incroyable… Tout est arrivé très vite en trois ans quand je débute en coupe du monde avant de découvrir les Jeux olympiques. C’était déjà un rêve d’enfant. À cette époque-là, je pensais avoir atteint mon top niveau, je manquais de confiance en moi. C’est mon ego, mes rêves d’enfant qui me poussaient à aller chercher plus loin. L’hiver dernier a été incroyable avec les quatre médailles mondiales et le petit globe de la poursuite. Ce que j’en retiens, c’est que c’est mon côté naturel qui m’a permis d’aller chercher ça. C’est parce que je n’ai pas eu peur, que j’ai osé entreprendre certaines choses. Cinquième médaille mondiale, c’est énorme. Je suis très fier de mon parcours et j’espère que ce n’est pas la dernière.
- Justement, dimanche il y a cette poursuite, une course qui vous fait rêver et lors de laquelle vous allez défendre votre titre dossard doré sur les épaules…
C’est la course où je prends le plus de plaisir à jouer. Parfois bêtement je dis jouer avec mes adversaires mais non c’est jouer avec moi-même, mes capacités. Mes tirs sont engagés mais c’est de manière naturelle grâce à l’adrénaline dégagée de cette confrontation directe. Avant tout, ce sera beaucoup de plaisir d’avoir ce dossard doré et de partir en troisième position. Je serais très satisfait d’être sur le podium dimanche mais j’ai des rêves et j’aimerais réaliser le doublé de la poursuite, ce serait quelque chose d’incroyable.
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Photos : Nordic Focus.