BIATHLON – Depuis Bessans (Savoie), où les Bleus sont en stage, Emilien Jacquelin se confie. Il revient sur la préparation et ses objectifs de l’hiver à venir.
L’hiver dernier, Emilien Jacquelin est entré dans le cœur des fans de biathlon en devenant champion du monde de la poursuite après un haletant mano a mano remporté face à Johannes Thingnes Boe. À quelques jours de renouer avec la coupe du monde, l’Isérois, qui dit avoir été inspiré par les succès des cyclistes Mathieu van der Poel et Wout Van Aert pour croire en ses rêves, fait le point : la préparation différente de derniers étés, sa forme et ses objectifs. Entretien.
- Quelles sont vos sensations à moins de trois semaines du début de la coupe du monde ?
Franchement, ça va bien. On est encore dans le travail, on vient juste de terminer le dernier bloc de volume dimanche dernier. Maintenant, le but est d’accumuler de la fraîcheur tout en montant en intensité et en forme jusqu’à Kontiolahti. Comme chaque année, j’ai eu besoin de faire plus d’intensités pour être plus performant mais, petit à petit, je sens que la forme monte.
Pour l’instant tout va très bien physiquement, c’est plus au niveau du tir que les choses doivent encore se mettre en place. Je sais que je serai prêt dans deux semaines.
- Il y a quelques mois, vous aviez expliqué avoir traversé une période compliquée à la reprise de l’entraînement en mai : est-ce maintenant derrière vous ?
Je pense sincèrement que ce n’est plus qu’un mauvais souvenir. L’avoir exprimé et verbalisé à ce moment-là, c’était comme pour montrer que c’était derrière moi. C’était un grand premier pas et, aujourd’hui, je sens que j’ai énormément envie.
De jour en jour, je sens vraiment que j’ai envie de performer et de progresser. Sur les skis, ma vitesse de déplacement est meilleure. J’ai pas mal appris sur moi-même pendant cette période.
« On arrivera avec plus de fraîcheur mentale à Kontiolahti »
- Pour la première fois, vous allez attaquer un hiver en tant que champion du monde : cela va-t-il changer la donne pour vos concurrents ?
J’ai envie de dire sûrement mais, pour le moment, je ne le vois pas. On a un collectif très fort et beaucoup de gens se retournent vers Quentin Fillon-Maillet pour penser au général. Je ne ressens pas encore ce statut qui a évolué. Sûrement que sur les courses en confrontation directe, on me demandera de passer devant. Mais ce n’est pas un stress et j’aspire à faire de belles choses.
- Jusqu’à quel niveau ?
J’ai envie de progresser en ski même si j’avais déjà un bon niveau l’hiver dernier. Si je veux viser le haut du général, ça me demande de passer un cap supplémentaire. Il m’a manqué la régularité, plus liée à un aspect mental que physique, la saison passée. Au niveau du tir, c’est encore une fois la recherche de la régularité. Je mets vraiment ça du côté de mon mental : ces derniers temps, j’ai souvent très vite baissé les bras quand ça n’allait pas.
- La préparation est particulière cette année sans le stage habituel de Sjusjøen : l’absence des courses norvégiennes vont-elles peser dans la balance à un moment de la saison ?
Cela risque d’être le cas au niveau du tir où on peut vite manquer de repères. On a eu ce débat récemment avec les coachs puisque, nous athlètes, on aimerait avoir plus de chronos [comme ce mardi à Bessans lors d’une mass-start remportée par Simon Desthieux, ndlr.], de points de repère.
Les situations de confrontations directes sont tellement importantes et nous les reproduisons très peu lors de la préparation. Sans le Blink Festival et avec seulement quatre Summer Tour, on manque donc de repères. On avait tous envie d’être en face-à-face avec les Norvégiens mais, ici à Bessans, l’ambiance est très bonne, on travaille beaucoup. On est tous focalisé sur ce qu’on a à faire. C’est un mal pour un bien. On arrivera peut-être avec plus de fraîcheur mentale sur Kontiolahti.
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Photos : Nordic Focus.