Biathlon : Emilien Jacquelin une fierté dédoublée
Le sourire derrière le masque, les émotions qui commencent à retomber mais qui font encore flotter un univers pailleté de bonheur et de bonnes ondes – même à travers un écran – Emilien Jacquelin est revenu pour Nordic Magazine sur cette nouvelle journée parfaite de deuxième titre mondial consécutif sur la poursuite. Entretien.
- Emilien, vous voilà désormais double champion du monde. Quels sont les sentiments qui prédominent après cette nouvelle médaille d’or acquise sur des Mondiaux ?
Je suis gentiment en train de descendre, c’est peut être le bon côté qu’il n’y ait pas de public ici (rires). Je suis super fier de la manière avec laquelle j’ai mis les choses en place. J’ai fait du biathlon à ma manière. Comme ce que je suis depuis que j’ai commencé ce sport. J’ai toujours adulé le panache, du côté attaquant de certains sportifs par rapport aux attentistes et c’est comme ça que ça me plait.
Lorsqu’on prend du plaisir, c’est plus fort que la peur. Mais peur de quoi ? Je n’avais peur de rien. Pour gagner il faut accepter de pouvoir perdre. J’ai simplement fait ce que je sais faire.
- Justement, cette course a été marquée par vos tirs supersoniques. Le public en avait l’habitude, mais aujourd’hui, vous avez sorti le grand jeu…
Je ne me suis pas posé de questions, j’ai fait ce que je voulais faire. J’ai fait des tirs qui étaient engagés, mais pour ma part j’ai simplement fait ce que je sais faire.
- Cela s’explique-t-il par les longs réglages que vous avez effectué sur le pas de tir de Pokljuka ?
C’est possible, c’est très intéressant en tout cas. C’est le point commun avec Antholz. L’an dernier j’étais très frustré en arrivant sur la poursuite après avoir loupé ma dernière course. Patrick Favre m’a dit de venir plus tôt à l’entraînement et j’avais pu prendre mes marques. J’étais relâché sur ma course.
Là en arrivant ce matin il y avait beaucoup de pression, j’ai alterné les moments où l’envie prenait le dessus sur le stress. Il y avait plus de pression à garder le titre qu’à le perdre. Je suis passé par ces hauts et ces bas. J’ai pris énormément de temps à régler et ça m’a donné plus de confiance en mon tir.
- Avec ce deuxième titre consécutif, vous rejoignez des certains Martin Fourcade et Bjoerndalen Quel symbole, n’est-ce pas ?
C’est énorme ! C’était un rêve d’enfant et déjà de rejoindre la famille des champions du monde l’année dernière. Des athlètes d’exception dans l’équipe de France il y en a eu mais seulement quatre champions du monde avant moi à Antholz. Avant Pokljuka, je faisais la réflexion à Lionel que j’aimerais bien être multiple champion du monde comme Martin et Raphaël.
Alors bien sûr eux ne le sont pas que deux fois mais déjà rentrer dans ce cercle très fermé c’est une réelle fierté car le niveau est de plus en plus dense. le niveau est de plus en plus dense. Les meilleurs tireurs sont aussi les meilleurs skieurs. Ça ne laisse que très très peu de places à l’erreur dans ce sport et c’est d’autant plus une fierté.
- Vous devenez maintenant un grand spécialiste des courses en confrontation directe. De quoi faire devenir fades les autres courses, et notamment l’individuel ?
Oui et c’est quelque chose que j’ai toujours ressenti depuis le plus jeune âge. Sur un format individuel, je ressens plus la sanction de la minute infligée. Sur ces courses face aux autres, je prends de plus en plus de plaisir au fil de la course. Sur les autres courses, on est seuls sur la piste et on n’a aucun repère. Après, ça ne veut rien dire car sur le sprint d’avant hier je fais le troisième temps de ski, les moyens physiques sont là. Sur un sprint j’ai tellement envie de bien faire. On a énormément de choses qui nous viennent en tête sur la piste et chaque course est différente.
- L’équipe de France évolue à un (très) haut niveau depuis le début de ces Mondiaux. Ce collectif a-t-il eu une influence et une importance sur votre résultat du jour ?
C’est sûr ! Bien sûr que de voir que toute l’équipe est au rendez-vous ça va nous motiver et nous pousser. Lorsqu’on commence mal une saison, c’est très dur de retrouver une bonne dynamique. En revanche, il y a après cette crainte du résultat. Les Norvégiens ont très bien marché sur Kontiolahti et après c’était la ruée vers l’or.
Finalement aujourd’hui les rôles sont inversés. On a plus de fraîcheur. Quentin et Simon ont fait des belles courses. C’est sûr que ça va pousser l’ensemble de l’équipe, masculin comme féminin et on va continuer à faire de beaux championnats.
- La prochaine course sera un individuel, format qui ne vous plaît pas de prime abord. Dans quel état d’esprit allez-vous le courir ? Soulagé, déjà ? Ou toujours dans l’envie d’aller chercher encore plus ?
Il y aura beaucoup moins de pression avec déjà deux belles médailles en individuel. Ça va être très intéressant. Des 20/20 sur des sprints et des mass-starts j’en ai fait, mais jamais sur l’individuel. Je ne dis pas que ce que j’ai fait aujourd’hui en tir je vais le refaire sur l’individuel. Si tu veux gagner il faut accepter de pouvoir perdre et ça, je ne l’intègre pas encore.
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Photos : Nordic Focus.
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