Emilien Jacquelin combatif après sa blessure : « J’ai le challenge de revenir plus fort »
Depuis le mois d’août et sa grave blessure au poignet, résultat d’une chute à vélo à Sirdal (Norvège) quelques jours avant le Blink Festival, le Dauphinois Emilien Jacquelin n’avait que très peu parlé à la presse.
En ce début de semaine, il a profité de la présentation des équipes de France olympiques et paralympiques de Pékin 2022 pour se confier à Nordic Magazine. À cœur ouvert, comme souvent. Sans se mentir et avec une ambition à faire trembler ses concurrents, aussi. Entretien.
- Comment avez-vous vécu les premiers moments post-blessure ?
Juste après ma blessure, j’ai broyé du noir, je ne me voyais pas capable de faire la saison. Puis, petit à petit, j’ai eu l’énergie mentale pour essayer de revenir, même s’il y a des hauts et des bas. Je me rends compte maintenant que mon objectif n’est plus seulement de revenir, mais de revenir plus fort.
Cette blessure m’enlève une certaine pression parce que ça me permet de prendre du recul, du détachement. Être challenger, c’est une bonne chose. C’est comme ça que je suis allé chercher mon premier titre de champion du monde, c’est ce qui fait toute la beauté de notre sport.
- Est-ce plus facile de chasser ?
Oui, clairement ! Et, là, je me sens chasseur. D’un côté, cette blessure est presque un service rendu.
« Ce défi me donne envie de m’entraîner tous les jours et d’être meilleur »Emilien Jacquelin à Nordic Magazine
- D’autant que c’est Jeux-là vont se disputer dans des conditions particulières, avec le vent, le froid, etc.
Ce ne sont pas les Jeux qui font rêver tous les athlètes, mais, moi, ils me font rêver parce que j’ai ce challenge de revenir plus fort. C’est une motivation supplémentaire. Ce défi me donne envie de m’entraîner tous les jours et d’être meilleur.
- Avez-vous ressenti le besoin de faire appel à une aide extérieure sur le plan mental après votre blessure, qui a été un rude coup planté dans votre préparation olympique ?
Je commence à travailler avec une préparatrice mentale. Après la saison passée, je sentais bien que j’étais capable de maîtriser une course d’un jour, mais il me manquait quelque chose pour essayer d’être régulier et jouer le classement général. C’est dans cette optique-là que je travaille.
Par rapport à la blessure, je n’ai pas forcément besoin d’aide parce que la motivation est intérieure. Ce travail mental est complètement extérieur à la blessure.
« Cette blessure m’a mis un petit coup de pied au cul »Emilien Jacquelin à Nordic Magazine
- Comment en arrive-t-on à faire la démarche de faire appel à une préparatrice mentale ?
Aujourd’hui, je sais que je suis capable de tout donner sur une course particulière mais, en même temps, je sais aussi que je ne suis pas régulier. Ces dernières années, j’ai essayé de travailler tout seul là-dessus, cela n’a pas porté ses fruits, donc la suite logique est de faire appel à une aide extérieure.
- Avant votre blessure, comment vous sentiez-vous ?
Bien ! J’étais dans la continuité de ce que je pouvais ressentir l’année précédente. Je sentais que je sortais doucement de mon spleen post-titre de champion du monde et cette blessure a tout fait bousculer. Cela m’a mis un petit coup de pied au cul.
« Le refaire au moment où on m’attend le plus et où je m’attends le plus, ça a été un soulagement énorme »Emilien Jacquelin à Nordic Magazine
- Votre deuxième titre mondial de suite de la poursuite vous a donc remis dans un certain spleen comment lors de l’été 2020 ?
Après le deuxième titre, quand je passe la ligne d’arrivée, je ne ressens pas de la joie mais du soulagement. Cela a été difficile pour moi de me l’expliquer. C’était sûrement parce que je m’étais mis une énorme pression pour prouver que l’année précédente ce n’était pas ma course d’un jour que je n’étais pas capable de reproduire.
Le refaire au moment où on m’attend le plus et où je m’attends le plus, ça a été un soulagement énorme. C’est un peu déstabilisant de ne pas être dans la joie après avoir remporté de nouveau ce titre. Cela m’a remis un spleen, dont je sors paradoxalement grâce à cette blessure (rires).
Les cinq dernières infos
- Biathlon : à vingt-six ans, Patrick Braunhofer a trouvé sa place en coupe du monde
- Saut à ski : Halvor Egner Granerud prêt à reverser une partie de ses revenus de sponsoring aux para athlètes lors des Mondiaux de Trondheim
- Ski de fond | La satisfaction de Tania Kurek après les championnats de France d’été : « J’ai beaucoup appris sur moi et gagné en maturité »
- Biathlon | « J’aime beaucoup être dans un cadre familial pour m’entraîner » : Eric Perrot raconte à Nordic Magazine son stage passé en Italie à Antholz puis au col de Lavazè
- Combiné nordique | Championnats d’Autriche d’été d’Eisenerz : le gundersen pour Stefan Rettenegger et Lisa Hirner