BIATHLON – Depuis Bessans (Savoie), où il est en stage avec les Bleus, Emilien Jacquelin se projette sur l’hiver à venir, si particulier à cause de la Covid-19.
Dans très exactement seize jours, ce sera l’heure de la toute première course de la coupe du monde 2020/2021 de biathlon. Si tout va bien, les meilleurs biathlètes de la planète seront donc réunis à Kontiolahti (Finlande), là où tout s’était arrêté en mars, dans un peu plus de deux semaines. C’est que la menace, latente, du coronavirus va placer au-dessus de la caravane du biathlon tout au long de la saison. Dans cette troisième et ultime partie de l’entretien donné à Nordic Magazine, Emilien Jacquelin évoque la saison, particulière, qui s’annonce.
- On est encore dans le flou par rapport au calendrier dont on ne sait pas s’il pourra être mené à bien : comment gérez-vous cette incertitude ?
Il y a deux semaines, quand on sentait que la situation sanitaire évoluait dans le mauvais sens en France, c’était assez compliqué à vivre. Mais le fait d’être en stage à Bessans, entre nous, coupés du monde, fait beaucoup de bien. Je sens que le sujet de la Covid-19 arrive moins souvent à table. On oublie un peu cet aspect et je sais que l’IBU fait tout ce qu’elle peut pour que la saison se passe au mieux. Pour le moment, on fait tout ce qu’il faut pour limiter les risques : tout est fait pour que les athlètes soient dans des conditions optimales avant les compétitions.
- L’adaptabilité va être le mot d’ordre de cette saison…
C’est effectivement bien ancré dans ma tête et ça reste le cas dans le biathlon en temps normal, selon les conditions météorologiques et de neige tout change d’un jour à l’autre. Aujourd’hui, un globe peut se jouer sur un test PCR négatif ou positif donc il faut faire très attention. Ce qui va le plus me manquer, en revanche, c’est le public : je me nourris de lui. Mais j’ai intériorisé son absence et je suis prêt à courir sans spectateurs.
« Oberhof, c’est comme Paris-Roubaix en cyclisme : c’est de là que sortent vainqueurs les grands athlètes »
- Certaines étapes vont être doublées, notamment Kontiolahti (Finlande), Hochfilzen (Autriche) et Oberhof (Allemagne), ce qui n’arrivait jamais les saisons passées…
Je pense que ce n’est pas un souci. Beaucoup de biathlètes se sont plaints qu’on double à Oberhof mais je pense que cette étape mythique à sa place sur le circuit. Les conditions sont exécrables la plupart du temps. Parfois, on fait la comparaison avec le Paris-Roubaix cycliste. C’est justement de là que sortent vainqueurs les grands athlètes. Pour moi, ce n’est pas un souci. De manière générale, c’est très bien de doubler les étapes parce que cela fait moins de transports, je sais que l’IBU est vigilante là-dessus et que ça risque de se reproduire dans le futur.
- L’annulation de l’étape du Grand-Bornand (Haute-Savoie), qui devait constituer le point d’orgue du mois de décembre pour les Français, a-t-il changé vos plans dans la préparation ?
Pas du tout. Le but est d’être régulier tout au long de la saison. Comme on veut tous être performants au classement général, ça nous demande d’être présents chaque week-end, ce qui nous commande pas de programmer un pic de forme à la mi-décembre. Je préfère avoir un niveau global élevé plutôt que de tout miser sur une seule étape.
- Si on vous laisse le choix, préfériez-vous conserver votre globe de cristal ou votre titre mondial de la poursuite ?
Comme j’ai envie de gagner en régularité cette saison, je dirais le globe. Je pense que celui de l’hiver dernier démontrait déjà pas mal de qualités parce qu’il fallait être présent sur le sprint et la poursuite. Mais, sur des formats comme l’individuel, j’ai du mal à me motiver. J’ai donc envie de progresser là-dessus.
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Photos : Nordic Focus.