Biathlon : un début d’hiver (très) encourageant
Avant même le début de l’hiver, lors du Summer Tour d’Arçon (Doubs), dernière course de ski-roues de l’automne, Emilien Jacquelin avait glissé à Nordic Magazine que son problème était de ne pas être « bienveillant » avec lui-même. « Je suis tellement pointilleux et exigeant avec moi-même, de manière malsaine… J’en ai marre d’être comme cela parce que cela me coûte pas mal d’énergie », continuait-il.
Quelques semaines plus tard en Suède, avant de mettre son premier dossard en compétition, le Dauphinois semblait en passe de réussir son pari, indiquant se « sentir bien » et pensant avoir « passé un cap aussi bien mentalement que physiquement ». Son mois de décembre confirmait la tendance avec trois podiums individuels décrochés coup sur coup entre Kontiolahti (Finlande) et Hochfilzen (Autriche). Des performances qui faisaient du Villardien le troisième meilleur biathlète de la planète derrière Johannes Thingnes Boe et Sturla Holm Lægreid.
En difficulté à partir du Grand-Bornand, en mise au vert début janvier en Italie
« Je suis satisfait de ce que je fais et dans mes temps de passage, indiquait-il à cette époque en conférence de presse. Cette année, on a retrouvé un grand Johannes [Thingnes Boe] donc je ne vais pas me prendre la tête plus que cela et continuer mon petit bonhomme de chemin. » Pourtant, dès la semaine suivante au Grand-Bornand (Haute-Savoie), là où il avait tant brillé par le passé, Emilien Jacquelin ne réussissait pas à performer.
Bosser sur sa « gestion des émotions » allait donc être son programme de la trêve de Noël : « Je ne vais pas tout remettre en question, mais je vais bien mettre l’accent sur le travail pour repartir d’un bon pied sur le mois de janvier », expliquait l’Isérois à Nordic Magazine depuis les Aravis.
Malheureusement, la situation allait évoluer de mal en pis début janvier. Hors du top 60 du sprint de reprise de Pokljuka (Slovénie), le double champion du monde de la poursuite, poussé par le staff, partait se mettre quelques jours au vert à Val Ridanna (Italie) en compagnie de Patrick Favre. « Il a besoin de se retrouver parce qu’il s’est perdu après Le Grand-Bornand », révélait alors Vincent Vittoz.
Retour convaincant à Ruhpolding
Après quelques impasses, Emilien Jacquelin revenait donc à la compétition lors de la mass-start de Ruhpolding (Allemagne). Cinquième avec un 18/20 derrière quatre Norvégiens, il se rassurait et semblait être (de nouveau) lancé pleine balle sur la route des Mondiaux d’Oberhof (Allemagne).
« Il y avait de l’appréhension de revenir sur cette mass-start parce que j’avais l’envie de bien faire, expliquait-il ensuite en zone mixte au micro de La Chaîne L’Equipe. Je suis venu là conquérant en voulant performer, mais aussi en me disant qu’il fallait que je prenne plaisir dans la performance. L’un va avec l’autre et c’est comme cela que je serai bon aux Mondiaux. Je ne suis pas loin du compte et je suis très content d’avoir retrouvé ce naturel, cette motivation et ce plaisir quand je cours, c’est ce qu’il m’a manqué [ces derniers temps]. »
Des Mondiaux difficiles en individuel, mais réussis sur les relais
A Antholz (Italie), sur les lieux du premier exploit de sa carrière, Emilien Jacquelin poursuivait sur sa lancée avec un top 10 et un top 15. Si bien qu’il débarquait en Thuringe, pour les Mondiaux, avec un but affirmé et affiché publiquement : réaliser le triplé sur la poursuite. « Je m’entraîne et je mets mon énergie pour cela. J’y crois. Je l’ai déjà fait deux fois. J’aime les challenges et je vais me battre pour cela. Si je n’y arrive pas, ce ne sera pas grave, j’aurais tenté. Je suis très content de retrouver une motivation intérieure comme celle-ci pour les championnats du monde. Je ne pense pas encore avoir montré mon 100 % cette saison, j’espère donc le faire ici », lançait-il.
Deux jours plus tard, il remportait la médaille de bronze du relais mixte. Mais, encore une fois, c’est un bas qui allait suivre avec une trente-quatrième place, à 6/10, lors du sprint. Un résultat décevant qui le poussait à déclarer forfait pour la poursuite afin de mettre toute son énergie sur l’individuel. Là encore, c’est une déception qui attendait Emilien Jacquelin, trente-septième à 17/20. Même chose lors de la mass-start de clôture, terminée en vingtième position après un 15/20. Finalement, seul le relais, brillamment remporté avec ses collègues de l’équipe de France, lui aura donné le sourire.
« Le réservoir est vide »
« Malgré les moments difficiles, on est capables de relever la tête et de donner le meilleur. On a eu cette capacité d’y croire, on n’a pas eu peur des conditions, on s’est même dit que c’était notre jour. L’âme de l’équipe de France masculine est toujours là », lançait-il alors.
Mais, après quelques jours de réflexion, Emilien Jacquelin annonçait ce mercredi matin mettre un terme à sa saison. « Le réservoir est vide, écrit-il sur Instagram. […] Ces dernières années/mois ont été très intenses, sans réellement prendre le temps de couper et m’écouter. »
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