Biathlon : beaucoup d’apprentissages depuis un an pour Eric Perrot
La saison passée, le biathlète savoyard Eric Perrot, 21 ans, a réalisé les meilleures performances de sa jeune carrière. Pourtant en difficulté en décembre, le jeune homme, repassé par la coupe de France puis l’IBU Cup, a ensuite gagné sa place pour les Mondiaux avant de réaliser un mois de mars exceptionnel. Vainqueur du relais mixte de Nove Mesto (République tchèque), il montait la semaine suivante sur son premier podium individuel en coupe du monde à l’occasion de la mass-start d’Östersund (Suède).
Un mois plus tard, alors qu’il a repris le chemin de l’école pour y étudier les STAPS, le Peiserot Eric Perrot revient sur son année pour Nordic Magazine. Entretien.
- Avec un mois de recul, pouvez-vous faire un bilan général de votre hiver ?
Pour résumer ma saison, je dirais qu’elle a été faite de hauts et de bas. C’est d’ailleurs ce qui fait que je l’apprécie en la regardant. C’est une très belle saison, pas seulement pour les hauts, mais aussi pour tous les apprentissages qu’il y a eu. Pour revenir chronologiquement, il y a eu le début en coupe du monde à Kontiolahti qui s’est plutôt bien passé. Je sentais que les sensations étaient là et que j’arrivais à mettre en place ce que je savais faire. Je pensais pouvoir faire mieux dans les semaines suivantes, mais finalement cela ne s’est pas passé de cette manière.
- Que s’est-il passé ?
Je suis vraiment passé à travers deux courses en deux semaines [à Hochfilzen puis au Grand-Bornand, NDLR]. Je n’ai pas pu faire beaucoup de compétitions à ce moment-là donc le retour à la maison a été difficile. La descente en IBU Cup était nécessaire. Ce qui était difficile, ce n’était pas le fait de retourner sur ce circuit, mais de retrouver confiance en mon biathlon et les sensations en course. L’attente a été un peu longue pour pouvoir remontrer ce que j’avais dans le ventre. Finalement, cela s’est bien passé et j’ai bien bossé malgré la frustration. Le retour en IBU Cup a été génial et cela a probablement été le meilleur moment de ma saison [il signe le doublé super sprint/sprint à Brezno-Osrblie, NDLR].
- De nouveau, essuite, vous ne parvenez pas à enchaîner…
Le début du mois de janvier s’est plutôt bien passé, mais suite à cela je suis effectivement tombé malade à la fin du mois avant l’étape d’Antholz. Cela m’a coupé ma dynamique et je suis de nouveau tombé dans un moment moins bon. Les Mondiaux d’Oberhof ne ce sont pas déroulés que je le souhaitais. Même si les choses étaient correctes, la forme n’était pas à son maximum. Ensuite, je suis bien reparti sur la fin de saison avec les crocs et l’envie d’en découdre. Je me suis dit que c’était le moment pour faire ce que je voulais faire. Il me restait trois semaines pour performer.
- Ce que vous êtes parvenu à réaliser avec votre premier podium individuel et d’autres en relais, dont une victoire sur le mixte de Nove Mesto (République tchèque)…
J’étais dans l’optique d’engager au maximum pour produire ce que je savais faire et, une bonne fois pour toutes, claquer un bon résultat devant afin d’aller jouer les grosses places. C’est monté progressivement et, à Östersund, je fais des tops résultats qui m’ont vraiment fait du bien. Concrétiser avec des bonnes performances, c’est positif. Cette saison s’est donc terminée sur un sommet après beaucoup de hauts et de bas.
- Vous disiez avoir appris beaucoup de choses dans vos moments difficiles de l’hiver : pouvez-vous nous en dire plus ?
Au final, ce sont aussi des moments que j’apprécie ! Je me retrouve seul face à mes ambitions et à ce que j’ai envie de faire. J’aime bien ces moments-là plus seuls où je dois aller travailler. Cela me permet de me recentrer sur ce que j’ai envie de faire et ce que je veux vraiment. Ces questionnements-là me servent parce qu’elles me permettent ensuite de restituer ce que j’ai au fond de moi. Ces moments ont été inconfortables, je dois l’admettre, mais tellement enrichissants. J’ai pris tout mon temps pour les apprécier et qu’ils soient les plus bénéfiques possible.
- Avez-vous une explication sur la survenue de ce gros bas venu émailler votre début d’hiver en décembre ?
Il y a toujours du flou parce que c’est toujours difficile de totalement expliquer des contre-performances. Cependant, je pense que ce bas correspond à une longue période passée en coupe du monde où je n’ai pas été performant comme je le souhaitais. J’ai beaucoup appris avec les grands, mais c’est difficile de rester sur un circuit où l’on ne performe pas. Au fond de moi, il y avait une certaine difficulté à passer ce cap d’aller jouer encore plus devant à cause de la monotonie créée au fur et à mesure des courses. J’ai eu besoin de retrouver l’IBU Cup et de m’y remettre en question. Cela m’a fait du bien et m’a permis, une fois revenu en coupe du monde, de recréer un élan et de me donner une dynamique pour la fin d’hiver.
- Si l’on résume, cette saison est à la hauteur de vos attentes…
Totalement ! Finalement, elle recroise plusieurs points importants pour moi. Comme je le dis toujours, comme je suis sur des années encore jeunes, il y a forcément de l’apprentissage. Il faut accepter d’apprendre et, là, le fait d’avoir été confronté à plein de situations différentes m’a permis d’apprendre en vitesse accélérée. L’autre point était de m’installer dans l’équipe et d’aller jouer devant. Il n’y a pas eu tous les points souhaités comme performer aux Mondiaux et y participer au relais. Il y a eu une frustration là-dessus, mais aussi des très beaux points comme les victoires en IBU Cup ou le week-end à Östersund où le résultat a reflété mes sensations. Sur tous les relais disputés cette saison, j’ai également beaucoup appris et cela recroise l’objectif de s’installer dans l’équipe. Quand je regarde l’ensemble de mes objectifs de la saison, beaucoup sont atteints.
- Vous considérez-vous comme installé en équipe de France A de biathlon ?
Je vais répondre oui ! Tout est relatif parce qu’on est remis, entre guillemets, en sélection à chaque course. Si on ne performe pas, on n’est plus en équipe de France. C’est important de le garder en mémoire, mais je pense qu’avec les résultats obtenus et la dynamique de groupe, je suis installé. Cela fait un an et demi que je m’intègre et je m’estime maintenant être une part du groupe et faire partie de ce collectif. Cela fait du bien parce que cela prend du temps !
- Sur quels éléments allez-vous travailler cet été lors de la préparation ?
Sur l’élan des dernières années, je vais continuer à beaucoup travailler sur plein de points techniques et à m’imposer encore plus dans le groupe en osant venir bousculer les plus grands. Cela fait partie des choses un peu bêtes à nommer, mais elles prennent du temps à être mise en place. J’espère que cela va me donner encore beaucoup d’élan pour l’année prochaine !
- Vous n’hésitez pas à dire que votre rêve et votre envie est de devenir champion olympique dès 2026 : vous considérez-vous actuellement sur le bon chemin pour y parvenir ?
Le chemin est bon. Je suis très satisfait de tout ce que j’ai fait pour le moment, mais, encore une fois, tout est remis en question à chaque course. Devenir champion olympique paraît de plus en plus proche, mais une seule chose comptera : être le meilleur le jour-J si je me sélectionne. Le chemin est donc encore long ! Cependant, je me rapproche du niveau qui me permettra de pouvoir jouer quelque chose de très beau en 2026. Au final, c’est cela le but avant d’être bon le jour-J.
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