Biathlon | Ski nordique : retour sur la saison écoulée avec Pierre Mignerey
Alors que les effectifs des équipes de France pour la saison d’entraînement 2024/2025 seront dévoilés dans une dizaine de jours, Pierre Mignerey, directeur technique national (DTN) de la FFS depuis dix-huit mois, vit actuellement des journées intenses marquées par de nombreuses réunions.
Malgré tout, l’ancien patron du ski de fond à la FIS a pris le temps de se replonger pour Nordic Magazine dans l’hiver 2023/2024 du biathlon, ski de fond, saut à ski et combiné nordique. Entretien.
- Quel bilan global faites-vous de la saison 2023/2024 du ski nordique français terminé avec un total de 67 podiums au plus haut niveau international ?
C’est un hiver très positif de manière générale pour le nordique français. Les biathlètes, notamment les dames, ont fait une grosse saison avec un record de médailles aux championnats du monde. Les hommes, en seconde partie de saison, ont redressé la barre et ont montré qu’on pouvait toujours compter sur eux. C’était un des enjeux de l’hiver. Au niveau du ski de fond, on atteint les douze podiums en coupe du monde, égalant le record historique. Il y a eu des résultats aussi bien en distance qu’en sprint, que chez les hommes ou les dames. C’est très intéressant. Ce qui est aussi très positif, ce sont les victoires et le classement général final de Joséphine Pagnier en saut à ski ainsi que des motifs de satisfaction côté masculin. Le point un peu moins positif de la saison, c’est le combiné nordique masculin parce que ça s’est plutôt bien passé côté féminin, avec une quatrième place pour Léna Brocard.
- Pour parler plus spécifiquement du biathlon, les championnats du monde ont été un moment incroyable. Vous étiez sur place la deuxième semaine : comment avez-vous vécu cela de l’intérieur ?
Sur le moment, on a forcément du mal à réaliser parce que ça paraît tellement simple… Quand tu analyses, il faut dire que ce sont des moments incroyables qu’il faut savoir apprécier à leur juste valeur, encore plus après coup. La question qui se pose maintenant c’est : comment arriver à reproduire ce genre de résultats ? Cela va être coton [rires] ! Sur ces championnats du monde, les filles marchaient sur l’eau et on avait vraiment l’impression que rien ne pouvait leur arriver. Chez les hommes, cela ne s’est pas forcément vu comptablement, mais ils ont été présents sur les épreuves mixtes et individuellement. Ce n’était pas très loin à chaque fois de le faire et Quentin [Fillon-Maillet] est venu gagner cette médaille [de bronze sur la mass-start] le dernier jour.
- Cet hiver encore, c’est le biathlon qui a porté le nordique…
Le biathlon est un pilier majeur du ski nordique français donc on n’est plus surpris de rien, mais c’est aussi un piège ! On s’attend à ce que les choses se reproduisent toujours de la même façon. On l’a vu avec les hommes ces deux dernières années où tout le monde considère que c’est anormal de ne pas faire ce genre de résultats alors que, fondamentalement, c’est plutôt anormal d’avoir ce genre de résultats.
- Justement, il y a un an, vous disiez que la reconstruction de l’équipe de France masculine de biathlon allait prendre du temps. Après la première année de mandat de Simon Fourcade et Jean-Pierre Amat, qu’en dites-vous ?
Je pense que mon feeling de l’année dernière était le bon. Certains pensaient que ça allait changer du jour au lendemain, mais cela nous semblait peu probable que ça se passe aussi facilement. C’est pour cela que nous sommes contents que ce renversement de tendance ait eu lieu sur la seconde partie de saison. En début d’hiver, même si on n’avait demandé à personne que ça fonctionne du jour au lendemain, on a bien senti que la tension montait en interne au fil des courses sans résultats probants. C’était frustrant aussi bien pour les athlètes que pour les coachs.
- Aussi bien en ski de fond qu’en biathlon, on a le sentiment que la relève féminine pointe plus le bout de son nez que côté masculin…
Je me méfie, dans le sens positif comme négatif, des résultats que l’on peut enregistrer dans les jeunes catégories et les déceptions que l’on peut avoir. On sait qu’il y a des années d’âge plus fortes que d’autres, c’est le cycle naturel des disciplines sportives. Après, on a peut-être besoin de plus de temps pour réussir à s’affirmer chez les hommes que chez les dames en ce moment. Cela vient sans doute de la densité qu’il y a au niveau mondial, élevée partout, mais extrêmement élevée côté masculin et qui ne fait que s’amplifier avec des équipes norvégiennes impressionnantes par leur densité. Après, je n’en tirerais pas des conclusions trop hâtives parce que, il y a quelques années, c’était plutôt l’inverse.
- Durant l’hiver, Olivier Michaud, directeur des équipes de France de ski de fond, se disait inquiet dans nos colonnes concernant les U20 masculins. Est-ce un sujet qui, vous aussi, vous préoccupe particulièrement ?
À la Fédération française de ski, il y a une vraie inquiétude liée aux décisions prises ces deux dernières années d’arrêter les groupes juniors. C’est quelque chose qui dépasse le cadre du ski de fond ou du nordique parce qu’on a aussi coupé les groupes en ski alpin. On est très conscients du fait qu’il ne faut pas se voiler la face avec les bons résultats de cette année et qu’il faut penser à l’avenir. On a besoin de remettre en place quelque chose au niveau de la relève. On n’a pas la capacité financière à remettre en place le système qu’on avait avant [avec des équipes de France A, B et jeunes/juniors, NDLR] et je ne sais pas si on l’aura de nouveau dans le futur malgré la perspective des JO 2030.
- Côté saut à ski, diriez-vous que les magnifiques performances de Joséphine Pagnier constituent une bouffée d’oxygène pour la discipline ?
Je dirais plutôt que c’est une belle récompense pour les artisans de ces résultats. L’encadrement du saut – Étienne Gouy, Damien Maître et Nicolas Dessum – s’est vraiment mobilisés au printemps dernier en se disant que l’avenir du saut reposait sur ses épaules. Ils ont mis une belle énergie positive dans ce projet et cela paye. Forcément, les bons résultats sont toujours une bouffée d’oxygène, mais c’est surtout le résultat de cette énergie positive qu’ils ont pu mettre dans le saut à ski. Les garçons et les filles ont bossé ensemble et cela a été profitable à tout le monde.
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