Biathlon : Fany Bertrand revient sur son hiver 2024/2025 avec Nordic Magazine
En cette saison 2024/2025, la biathlète savoyarde Fany Bertrand, 23 ans, a dû composer avec l’incroyable densité de l’équipe de France féminine. Si elle montait sur le podium de l’individuel de Geilo (Norvège), en IBU Cup, dans les premières semaines de l’hiver, elle devait pourtant y laisser sa place début janvier. Ce n’est ensuite qu’en mars qu’elle revenait sur le circuit, pour terminer la saison.
Quelques semaines après la fin de cette éprouvante année, Fany Bertrand, actuellement en vacances au bord de l’eau, a accepté de faire le bilan de cet exercice pour Nordic Magazine. Entretien.
- Quel bilan global faites-vous de cette saison 2024/2025 ?
Je dirais, déjà, que cette saison est particulière. Le niveau français, cette année, était vraiment chouette, très impressionnant, et a fait rêver toutes les nations ! Le bilan est mitigé, même s’il y a beaucoup de bon là-dedans. J’ai réussi à me ressaisir sur la fin de saison après un assez bon début d’hiver. Ce n’était pas suffisant pour rester en IBU Cup, j’en suis consciente, mais il y a quand même du bon. Je pense qu’il faut que je m’accroche à ça ! J’ai le niveau et, maintenant, il faut l’exploiter à 100 % parce qu’il faut viser la perfection si on veut rester sur un circuit mondial.

- Comme vous l’avez dit, votre hiver avait plutôt bien commencé avec une qualification décrochée pour l’IBU Cup et un podium réalisé sur l’individuel de Geilo (Norvège). Malheureusement, cela ne vous a pas permis de rester sur le circuit. Comment avez-vous vécu cela ?
Cette redescente a été très dure pour moi. Même si elles n’étaient pas exceptionnelles, j’avais quand même réussi à faire des courses qui jouaient avec ce podium et des places proches du top 10. Le fait que je sois la seule à redescendre a vraiment été très dur à accepter et à comprendre. J’ai réussi à me reconstruire là-dessus et à me remobiliser pour les courses suivantes. À la fin, j’ai quand même réussi à remonter donc ça reste du positif, pas sur les résultats à proprement parler, mais pour moi. Personnellement, je suis contente d’avoir réussi à passer ce cap. Il fallait y aller, retourner au combat et aller chercher cette place.
« Pendant les trois semaines qui ont suivi l’IBU Cup d’Obertilliach, la période de Noël, ça a été très compliqué »Fany Bertrand à Nordic Magazine
- Comment êtes-vous parvenue à vous sortir de cette mauvaise spirale pour vous remobiliser ?
Pendant les trois semaines qui ont suivi l’IBU Cup d’Obertilliach, la période de Noël, ça a été très compliqué. Mentalement, je n’ai pas réussi à passer ce cap de me ressaisir. C’est à partir de la coupe de France des Contamines-Montjoie, mi-janvier, que j’ai fini de déprimer et de broyer un peu du noir. Cela s’est fait tout seul et, à un moment, j’ai compris ce que je voulais : me faire plaisir en course !

- Etait-ce un travail collectif mené avec vos coachs ou solitaire ?
Les entraîneurs étaient toujours présents. On a toujours extrêmement bien communiqué ensemble, que ce soit les coachs du groupe B ou du groupe juniors quand j’étais en coupe de France. Ils ne pouvaient pas faire bien plus que ce qu’ils ont fait. C’était surtout une démarche personnelle. Le déclic, on ne peut que l’avoir grâce à soi-même, quand on est prête. J’ai aussi eu ma préparatrice mentale qui était là pour m’aider, comme mes parents et mes amis.
« Mentalement, ça a été tellement dur cette saison, j’ai tellement puisé dans mes réserves que j’étais fatiguée dans la tête en fin d’hiver »Fany Bertrand à Nordic Magazine
- Si on revient sur votre podium décroché à Geilo en début de saison, avant les soubresauts que vous venez de nous expliquer, que vous a-t-il apporté ?
Déjà, cette course était très compliquée parce qu’il faisait extrêmement froid ! Le plaisir n’était pas vraiment au rendez-vous ce jour-là à cause de ça, mais ce podium m’a fait beaucoup de bien. En même temps, il m’a fait un peu de mal parce que je fais un podium, mais je ne suis toujours pas première Française… Je rêvais un peu de pouvoir leader ce groupe français ! Ce n’est pas arrivé, mais j’ai signé une belle course avec un 20/20 qu’on ne pourra pas me retirer. Réussir à refaire un podium sur l’IBU Cup, mentalement, ça soulage et ça rassure après une saison compliquée.

- En février, vous refaite un 20/20 lors de la poursuite de La Féclaz (Savoie), qui vous permet de retourner en IBU Cup sur les étapes finales d’Otepää (Estonie)…
La veille, sur le sprint, c’était cata et, sur cette poursuite, je me suis fait plaisir ! Je me suis vraiment amusée, c’était trop chouette, et ça me permet de remonter en IBU Cup où je refais un 20/20 [rires]. J’étais très contente d’y retourner, mais il y avait aussi un peu d’appréhension à cause de l’incertitude et de l’inquiétude. C’est malheureux parce que ça ne devrait pas être là… Cela a donc été compliqué avec beaucoup de frustration. Je n’ai pas réussi à m’exprimer comme je le voulais à cause de différents couacs. Je fais tout de même une course bien, la poursuite, mais je pars dix-septième donc ça ne m’aide pas à aller où je veux, même si je m’en rapproche. Mentalement, ça a été tellement dur cette saison, j’ai tellement puisé dans mes réserves que j’étais fatiguée dans la tête en fin d’hiver.
« J’ai appris à me dire que, maintenant, ça allait être comme ça, que le niveau est exceptionnel et qu’il allait falloir être exceptionnelle »Fany Bertrand à Nordic Magazine
- En octobre dernier, vous expliquiez dans nos colonnes que vous aviez appris à bien vivre l’hyper densité de l’équipe de France. Dans les faits, cela a-t-il toujours été le cas durant l’hiver ?
Non parce que je ne m’attendais pas à ce que le niveau soit aussi dense ! On a toutes été prises de court par ce qui s’est passé [rires]. C’était assez lunaire et compliqué à gérer. J’ai appris à me dire que, maintenant, ça allait être comme ça, que le niveau est exceptionnel et qu’il allait falloir être exceptionnelle. Cela met plus de rigueur dans ce que l’on fait, mais ça ne changera pas pour autant le but final. Il faut tirer le bon de tout cela pour ne pas tomber dans une spirale négative. Il faut s’en servir !
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RICHARD BIANCONI
28/04/2025 à 7 h 37 min
C’est sur, cela ne sera pas facile pour elle, sa carrière en biathlon, le niveau sera à nouveau très élevé et meme derrière il y a encore des juniors qui vont arriver. Le mental et la philosophie joueront un role important, il lui faudra des 20/20 pour etre retenue en IBU Cup, mais quand on a 23 ans, il faut y croire.