Biathlon : « Je m’arrête avant de me retrouver tout seul », explique Frédéric Jean
En ce week-end pascal, Frédéric Jean, 38 ans, est l’invité de Nordic Magazine à qui il a accordé une longue interview quelques jours après avoir quitté la tête du groupe féminin de l’équipe de France féminine de biathlon. Dans cette première partie, le natif de Valence (Drôme) expose la raison précise qui l’a poussé a quitter son poste.
- Au moment d’annoncer votre départ du poste d’entraîneur de l’équipe de France féminine de biathlon, vous aviez parlé de votre famille : est-ce la seule raison ?
Oui, c’est vraiment une décision que j’ai prise pour ma famille. Cela devenait compliqué à la maison parce que j’ai deux enfants en bas âge. La gestion devenait difficile, d’autant que mon petit garçon de six ans a des problèmes de santé à répétition. Cela devenait compliqué et, comme je l’ai toujours fait, j’ai préféré mettre la priorité sur ma famille pour pouvoir passer un peu plus de temps avec elle.
- Quand avez-vous pris cette décision ?
En début de saison, l’idée était déjà dans ma tête et, ensuite, il y a eu des discussions avec ma femme [Aurore Jean, née Cuinet, ancienne fondeuse de l’équipe de France, NDLR]. Pendant la saison, on a fait des choix au niveau familial parce qu’Aurore, par choix, n’a pas travaillé cet hiver afin que je puisse exercer mon métier dans la plus grande sérénité. On a fait des sacrifices, notamment financiers, et j’ai pu préparer les Jeux de la meilleure des manières. Je remercie très sincèrement ma femme pour cela parce que je sais que cela lui a coûté beaucoup d’énergie.
J’ai donc pris cette décision pour la famille parce que je fais un métier-passion qui me pousse loin de la maison pendant 190 à 220 jours par an. Cela devenait trop compliqué et j’ai préféré faire cela avant de me retrouver tout seul [rires] !
- Lorsque vous avez annoncé votre décision au groupe, l’émotion devait être au rendez-vous…
Bien sûr parce que le biathlon est ma vie ! J’ai commencé en prévenant Stéphane [Bouthiaux, patron du biathlon français, NDLR] qui ne s’y attendait pas plus que cela. Je l’ai ensuite annoncé individuellement aux filles à Oslo et il y a eu de l’émotion avec chacune d’entre elles. Cela m’a permis d’exposer les raisons de mon arrêt et elles ont tout à fait compris que la famille c’était ce qu’il y avait de plus important. Je sais ce que j’ai créé avec les filles du groupe et je sais que j’aurai encore des contacts avec elles. Le biathlon est une grande famille.
- On suppose que cela n’a pas été simple pour vous de vous décider, malgré l’impératif familial, à vous arrêter…
Cela n’a effectivement pas été facile de prendre cette décision parce que j’aime mon travail et que la saison s’est très bien passée avec les filles. On a vraiment réussi à créer quelque chose de beau et à emmener cette équipe au plus haut. Dans mon travail, j’ai toujours souhaité créer de la proximité, être proche de mes athlètes, et c’est donc difficile de les quitter.
Les autres parties de l’entretien
- Frédéric Jean : « Avec du recul, peut-être que j’aurais dû moins caresser les filles dans le sens du poil » [2/3]
- Frédéric Jean : « Avec Yann Debayle, on va essayer de développer le biathlon dans les Hautes-Alpes » [3/3]
A lire aussi
- Frédéric Jean quitte son poste d’entraîneur de l’équipe de France féminine
- Justine Braisaz sur l’arrêt de Frédéric Jean : « Son côté boute-en-train va manquer »
Les cinq dernières infos
- Ski de fond : ce que pense Johannes Hoesflot Klæbo d’une participation de Petter Northug Jr aux Mondiaux de Trondheim
- Vu de Norge #441 : les Mondiaux de Trondheim vraiment inclusifs ?
- Ski de fond | Gravir trois cols alpins en une journée en ski-roues : ce mardi, Léonie Besson se lance un immense défi
- Ski de fond | Rollerski : Alexander Terentev titré en Russie lors du sprint de Tioumen, loin devant Alexander Bolshunov
- Biathlon | Ski de fond : tous les résultats des courses d’Arçon