Biathlon : Gilles Marguet se souvient d’Antholz-Anterselva
« Antholz, c’est l’enclave française du petit monde du biathlon. C’est d’abord un village niché dans le Sud-Tyrol – avec son stade de biathlon situé deux kilomètres plus haut – entouré de montagnes majestueuses. Voilà pour le cadre idyllique se trouvant non loin de la frontière autrichienne. »
« Antholz, c’est aussi des pensions de famille où l’on s’y sent comme chez soi. L’accueil y est toujours incroyable, on y mange comme des rois – l’Apfelstrudel ou le Kaiserschmarrn sont des musts ! Quel bonheur d’y arriver pour la dernière semaine des hostilités de janvier. »
« Antholz, c’est aussi son lac d’où les relais partaient autrefois, d’où démarre aussi une petite route menant directement en Autriche et, juste avant, à un petit bar qui accueillait auparavant les techniciens de la coupe du monde pour une soirée de « cohésion »… Je vous passe les détails de la descente, de nuit, à la frontale, avec toutes ces épingles ! »
« Antholz, c’est encore une piste magnifique ! Elle est tellement fun à skier, en forêt au début avant de déboucher dans le fameux champ, inondé très souvent de soleil. Une piste sans grande difficulté, mais qui demande un travail constant surtout avec une neige froide, sèche et lente. C’est une piste de puriste. Il y aussi cette arrivée au pas de tir en plat montant, à 1 600 mètres d’altitude, en troisième semaine, avec la fatigue, le public à côté de vous, tellement proche… »
« La proximité, c’est aussi ce qui caractérise cette coupe du monde. A Antholz, c’est la fête du biathlon. La journée au stade, le soir au village. Autrefois, les paysans vidaient leurs écuries et y installaient un bar de fortune où le vin chaud et la bière coulaient à flots et parfois sans modération pendant toute la semaine. Aujourd’hui, disons que c’est un peu plus… organisé, mais sûrement tout aussi festif ! »
« Antholz, comme je le disais au début, est une enclave française du biathlon parce qu’on y a quasiment toujours brillé ! Ici c’est chez nous ! En 2020, le relais tricolore est de nouveau champion du monde là-bas dix-neuf ans après le premier titre [notamment remporté par Gilles Marguet en 2001 à Pokljuka, NDLR]. Sans parler du reste de cette brillante campagne, comme celle de 2007, non moins fructueuse, et que dire des championnats de 1995 où chaque athlète de la délégation française est rentré à la maison avec au moins une médaille ! »
« Avant cela, en janvier 1992, deux semaines avant les JO d’Albertville, les filles gagnent un relais pour la première fois, victoire prémonitoire qui les conduira au titre olympique deux semaines plus tard aux Saisies. »
« Encore un souvenir, le meilleur. Votre serviteur vit sa première cape en coupe du monde en janvier 1990. Après une première course plutôt bien réussie, le staff décide de me mettre dans le relais pour remplacer mon collègue Xavier Blond qui s’est envolé la veille lors de l’individuel dans le fameux champ, pour atterrir à l’hôpital aux urgences. Première semaine de coupe du monde, je suis au départ du relais, un truc de fou ! »
« Le départ est donc donné sur le lac, moment incroyable, et la course se déroule comme dans un rêve. J’ai des skis de fous, je fais du chasse-neige pour ne pas doubler les Russes et Allemands, mes idoles ! Je passe le relais en troisième position et, derrière, mes trois collègues Christian Dumont, Thierry Gerbier – tous les deux disparus aujourd’hui et qui ont tellement œuvrés pour le biathlon – et Hervé Flandin font une course de fou. Pour la première fois de son histoire, la France gagne un relais de coupe du monde ! »
« De ce jour, il me semble, à travers les relais, est né ce fil rouge qui unit toutes les générations du biathlon français et qui crée une émulation permanente, quelles que soient les situations, contre vents et marrées. Au-delà du résultat, ce que je garde à jamais de ce souvenir, c’est l’incroyable énergie qui a circulé dans l’équipe ce jour-là. C’était juste incroyable. Des jours comme ça, tu ne fais que des heureux ! C’est tellement bon. »
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