Biathlon : Gilles Marguet se souvient de Canmore
« La première fois que je suis allé à Canmore, c’était en janvier 1991 et c’était mon premier grand voyage. Un truc de fou de traverser l’Atlantique pour aller dans les Rocheuses ! On était arrivés de nuit et, le matin, je suis allé courir dans le village. Le paysage avec les montagnes plissées, c’est assez particulier avec cette vallée immense. Tout y est immense, d’ailleurs, même les bagnoles avec plein de gros pickups ! L’atmosphère fait que t’es dans le Far West en arrivant là-bas, je m’attendais à croiser Lucky Luke. »
« C’est mon premier souvenir de ce site où j’ai découvert une nouvelle culture et une autre atmosphère, ce que j’adorais en tant qu’athlète. Ce patelin, c’est une invitation à découvrir la nature, à croiser un ours en plein footing. Je suis très ancré chez moi, mais Canmore, c’est le seul lieu où je me dis : si je dois déménager un jour, j’irais ici. Je m’y suis tout de suite senti bien. »
« Avant, en coupe du monde, on faisait quasiment tout le temps un individuel le jeudi, un sprint le samedi et un relais le dimanche. Un programme qui nous laissait le vendredi libre. À l’époque, Patrick Ancey était notre coach et il nous avait emmenés faire du hors-piste entre Canmore et Banff le long de la rivière. On n’était plus des cowboys, mais des trappeurs ! On a fait deux heures de ski magiques, hors du temps et de la coupe du monde, que l’on avait oubliée pendant cette balade. On était revenus en taxi au stade, c’était complètement décalé. Pour moi, c’est un souvenir impérissable ! »
« J’ai un autre souvenir qui date de quelques années plus tard, lorsque Patrice Bailly-Salins gagne le général de la coupe du monde là-bas, au bout du suspense face à Sven Fischer. On est en mars 1994, et David Moretti – le père fondateur du biathlon français moderne, notre maître spirituel qui a cru au biathlon contre vents et marées dans l’état d’esprit des pionniers -, déjà très malade, avait tenu à venir accompagner Patrice [Bailly-Salins] dans cette quête. Je vois encore David Moretti plié en deux au pas de tir avec un courage incroyable [il est pris par l’émotion]… Il est venu là, malade, il a vu Patrice [Bailly-Salins] gagner ce général. Il avait cru en lui, qui venait de l’alpin. »
« C’était un moment d’émotion incroyable, le premier Français à gagner la coupe du monde quand on sait que personne n’avait jamais fait un podium trois ans auparavant. Je ne sais pas quel adjectif attribuer à David Moretti… Le fou, le visionnaire. Il y a toujours cru et il était là jusqu’au bout [il est décédé à l’été 1994, NDLR]. Canmore, pour moi, sera toujours associé à cela. »
« Ce souvenir est ultra symbolique de ce qu’est le biathlon français. Je vais faire le vieux con (sic), mais c’est tellement différent de ce que l’on peut voir maintenant chez certains comportements en relais qui nous font hérisser le poil à tous les vieux combattants comme moi. On était des pionniers nés de gens ultra passionnés comme David [Moretti] qui nous ont transmis cette flamme-là qu’on retransmet encore. C’est juste une passion jusqu’au don de soi et de la vie qui a fait que le biathlon français est ce qu’il est aujourd’hui. Canmore est donc un lieu très particulier pour moi et signifie beaucoup pour le biathlon tricolore d’aujourd’hui. »
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